Lettres à Beyrouth, juste après - (29) Plus de titres.

Graffiti après graffiti - ou l’art de s’exprimer en public, bouteille en plastique après bouteille- recycler après avoir sali, ramasser après avoir jeté -nos enfants ramassent en héros... et ils sont beaux ! Et ils sont fiers ! - Eux, les leaders de demain... pourvu qu’ils ne prennent pas le large, eux, notre seule source d’amour ...

Lettres à Beyrouth, juste après - (28) Contre vents et marées

« Combien êtes-vous là ? Mille ? Cent mille ? Un million ? » (questionnements de Petit Prince ou de bien intentionnés). « Plus. »... une pensée à tous les seuls, tous les solitaires, tous les rejetés, recalés, chassés, éloignés, mis en quarantaine... quarante fois quarante ans. Et puis les bras -de fer ou de ...

Lettres à Beyrouth, juste après - (27) Et si tout meurt ce soir…

Et si tout s’effondre, comme un dernier espoir Et si tout part en fumée, comme dans un cauchemar Si la vie n’a plus de veines Si la chance même est vaine Si tout meurt ce soir Sans aucun au revoir Si la mort lève son drapeau sale Sur les souvenirs, sur tout ce mal S’il ne reste plus rien De tous nos chagrins Si tout s’en va à ...

Lettres à Beyrouth, juste après - (26) Pour rendre justice

À ce corps fatigué de s’être tenu trop droit. La tête haute. Le cou raide. Le nez fier. Les lèvres serrées. À cette voix muette. À cette colère sourde. Aucune révolte. Aucune révolution. À ces silences qui connaissent d’avance le prix du sang ou des combats. À ces départs sans soleil... nuages, poème, plume, encre. À ces ...

Lettres à Beyrouth, juste après - (25) Nomades dans le sang.

Où que l’on soit. On revient de. Du pays de notre enfance. Des quatre coins du monde. De notre place, glorieuse ou déchirée, en ruines ou ruinée, toujours belle aux yeux du cœur, ceux qui ne voient pas trouble. En nous, pleurent ou rient ces instants de gloire ou d’angoisse. Et tout ce qu’on ne peut pas étreindre. Les bras collés à ...

Lettres à Beyrouth, juste après -(24) Têtus de sang et d’âme

Cet entêtement à boucler les disques. Les demi-cercles. Dessiner des périmètres. Retracer les orbites. Les croissants. Les pleines. Les rayons. Les filantes. Les tourbillons. Les volcans. Les éruptions. Reprendre les 365. Avec une main de fer ou des gants de velours. Recommencer. De plus belle. Tout embrasser. Mais pas trop. Étreindre. Les ...

Lettres à Beyrouth, juste après - (23) Mosaïques.

Des couleurs. Des pièces. Des odeurs. Des bouts. Des promesses. Des-laisses. Des clous. Des rubans. Des paons. Des serpents et tout ce qui siffle. Des roses. Et tout ce qui nous surprend. Des bougies. Un courant. Un souffle d’enfant. Une accolade. Un si ! Le seul bémol. Après tous les dièses. Un non. Un nom. Tout ce qui complète un jour. ...

Lettres à Beyrouth, juste après (22)-Pour le sel.

Celui de notre mer. La bleue. La sans limites. Du côté de mon Nord ou de mon âme. Le Sud en mémoire. Quelque part au fin fond. D’un cœur ou d’un tiroir. Comme la clé d’une maison abandonnée. Le sel. Celui du goût des larmes qu’on a perdu. Pour ma croix et nos croissants de lune ou au chocolat, la croix et la bannière, le soleil ...

Lettres à Beyrouth, juste après - (21) De souffle et de « résilience »

De nos petits coins aux petites mines résistantes (parce qu’on en a l’habitude) ou résilientes (parce qu’en vogue), au creux du coude, au fond des yeux, défilent des images. D’un autre monde. En bribes. La vie, quelque part, en éclipses, en tourbillons. Comme un refrain que l’on garde à l’abri des souvenirs et du temps. Rêve ...

Lettres à Beyrouth, juste après (20)-Est-ce que la nuit est partout la même ?

Là, tout bas, il y a silence et silences. Points de suspension. Et exclamations des mots effrénés à qui mieux mieux. Regards perdus et clins d’œil enjoués. Cocooning ou retour à soi, et fenêtres grand ouvertes. Sur les voisins. Sur le jardin. Petites ou grandes tâches essoufflantes ou réconfortantes. Lourdes d’odeurs et de sueur. Ou ...

Lettres à Beyrouth, juste après - (19) Range la table

C’est peut-être l’odeur des plats cuisinés. Peut-être le sifflement des marmites d’hier. Les éternelles. C’est peut-être les saveurs, et les légumes frais arrosés à l’eau de là-haut... Peu importe s’ils sont bios. Ce n’est pas pour les mets ni pour les discussions à déjeuner ou les silences interminables du dîner. C’est ...

Lettres a Beyrouth, juste après- (18) - Que toutes les Marie-Antoinette se taisent.

Et qu’elles le fassent un dimanche. Sans fard. Parce que les dimanches, au pain sec et à l’eau. Avec pour seul masque, la peau. Sans avocat. (Caméléon). Endimanché le Covid-19, sur son trente-et-un. Lui seul a le droit de circuler dans les rues. Les poubelles mêmes sont vides, vidées. Des restes de biscottes. Un jour peut-être, ...

Lettres à Beyrouth, juste après (16) - Les Morts-Vivants

-ou les mortes vivantes-. Ceux qui boivent à la même source. Ceux qui dansent sous la pleine lune. Ceux qui s’aiment dans la joie. Ceux qui tempêtent en créativité. Ceux qui s’écoutent dans l’empathie. Ceux qui disent les choses, sans maudire. Ceux qui se tiennent les mains. Ceux qui croient encore en une cause, en un dieu, en ...

Lettres à Beyrouth, juste après (15) Vendus.

Vendeurs d’âmes. À qui mieux mieux. Aux princes. Ou aux ténèbres. Rendus. Preneurs. Sans cœur. Vomisseurs de puits, de fontaines, et d’eau. Et vous en boirez encore. Sans nom. Sans pays. Cent fois sans Foi. Caméléons démasqués. Vers. De terre ou de tombes sans ciel. Crapules retombées en amnésie. Frivoles. Sangsues parasites. ...

Lettres à Beyrouth, juste après (14) je t’aime. (ou quand on n’a que l’amour en livres libanaises)

Dans les sommets rebelles de tes montagnes saintes. dans les vols à tire-d’ailes de tes oiseaux aux grands plumages. dans les liserons. du verbe lire. tous tes poèmes gribouillés à l’écume d’un jour qui s’endort ou sous un saule rieur. tes chênes bruyants et les histoires des glands bavards. tes nuages fatigués même de pleuvoir. ...

Lettres à Beyrouth, juste après (13) Sans titre

« Il y a des personnes qui vous disent bonjour si gentiment qu’on a l’impression qu’elles vous demandent comment ça va.» La mission que l’on mène de bout en bout. Pour l’autre. Indépendamment de soi. Ces mains que l’on tient. Ces bras qui nous retiennent. Les nôtres aussi parfois, quand tout autour s’écroule, et les mêmes ...

Lettres à Beyrouth, juste après (12) L'instant

Tout est dans l’instant. Ce qu’on est face à soi-même. Ou dans le regard de l’autre. S’il est important... à nos yeux. Ce qu’on est dans ces quatre murs. Dans les 10 452 (à des paramètres près.) Dans la mémoire des disparus. De ceux qui étaient. Qui sont. Qui ne seront plus. Dans le miroir. L’éternel. Quand plus rien, plus ...

Une expérience humaine au théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Seine

Puissante est l’expérience humaine de Tania el-Khoury* au théâtre Jean-Vilar de Vitry-sur-Scène. Elle comporte tout ce qui, à nos yeux d’enfant, avait de la valeur… C’est cette valeur même que l’on oublie, jour après jour, dans le tourbillon des voyages, dans les péripéties d’émigrés, sans s’en rendre même compte, en ...

Lettres à Beyrouth, juste après (11)-De la grandeur de tes bleus.

Aussi profonds soient-ils. Ainsi. Comme ça. Comme dans un sommeil d’ange éthéré ou de cygne noir. Mon rêve d’après minuit, mon ironie du sort. Moi qui, par tous les temps, croyais à la deuxième paire... d’un soulier -ou d’une pantoufle- de verre ou de botte cloutée. Je te parcours, encore et encore, dans mes rêves ou ma seule ...

Lettres à Beyrouth, juste après (10) : Des étoiles sur des vagues bleues

Les galets de ronds sur les flots. Et quelques rêves qui tombent à l’eau. Au pays du soleil, là où mer et montagnes prêchent la polygamie et s’étreignent dans des rapports de force ou de séduction, l’invraisemblablement vrai perce encore. D’une toute petite voix. Non pas rêver. Non plus rêver. Mais plus. Plus encore. ...

Lettres à Beyrouth, juste après (9) : Inspirer. De «inspiration».

Un, mille, dix mille os cassés. Qu’importe. Ils se ressoudent. Ils tiennent bon. Ou mal. Une côte fêlée. Et l’on ne respire plus. Rose sans épines. «Respire.» Les mêmes mots raisonnent encore. Dans l’intensité du moment. Atroce. Respire. Plus fort que la douleur. Les aiguilles. Les lames. Les bombes. Port-tuèrent. Respire. Surtout ...

Lettres à Beyrouth, juste après (8) : Un bout de toit

Celui qui nous attend sans broncher. Celui qui nous garde nos secrets -talons aiguilles ou pointe des pieds-. Celui qui s’inquiète quand on rentre tard. Celui qui se perd dans nos au revoir. Celui qui connaît nos figures de citrouilles, nos visages déconfits, nos matins brumeux et les étincelles qui s’entêtent sur nos cils. Celui qui ...

Lettres à Beyrouth, juste après (7) : En attendant le Vent. (V.)

Pas de point fixe. Nous sommes des corps en mouvement. Comme dans une fourmilière. On s’affaire, occupe nos jours, nos nuits, nos heures, nos second(e)s. Tout bouge sans but au chant des sirènes (du port) ou des cigales. Tout. Ou des parties de nous. Le bras (gauche) bronzé en attendant cinq heures devant les stations d’essence. Le bras ...

Lettres à Beyrouth, juste après (6.) : S. comme “Savoir-à-quoi-s’en-tenir.”

NON. Tout est bien qui finit bien et tout est mal qui commence par non. Non alors. Non ce n’est pas un roman à l’eau de rose. Ni un « y » vécurent heureux à jamais. Non ce ne sont pas des lunettes roses – nous n’avons pas le luxe des fantaisies ni l’argent – en fresh – pour changer nos verres noirs –. Les désillusions ne ...

Lettres à Beyrouth, juste après (5) : Aïe-Zone.

Les « take (me) away ». « Les sun-set drinks » avant de sombrer dans la nuit totale. Et de « _إجت الكهربا _ » en « _راح ال_ moteuuur ». Nos nuits s’épousent, faute de mieux, jusqu’aux chariots d’hôpitaux ou de supermarchés. Au bout des rayons et des yeux vides, on orbite, l’âme polluée devant les 3 fruits et ...

Lettres à Beyrouth, juste après (4) : L’ingratitude. Ou crachons sur la terre qui nous a bénis.

4. L’ingratitude. Ou crachons sur la terre qui nous a bénis. Dans ingratitude il y a gras (elle est bien rassasiée !). Et la terminaison de l’habitude. Et tous les « in » rebelles, « in » conditionnellement. L’ingratitude c’est aussi la méconnaissance de ce nôtre, de ce qu’il a fait pour nous. La mésestime de ...

Passion simple : un film de Danielle Arbid, d’après Annie Ernaux… ou la soif des corps

« À partir du mois de septembre, l’année dernière, je n’ai plus rien fait d’autre qu’attendre un homme, qu’il me téléphone et qu’il vienne chez moi. » Une phrase clé que l’on retrouve dans le roman autobiographique d’Annie Ernaux, sorti en 1992, ainsi que dans le 5ème long métrage de la réalisatrice Danielle Arbid ...

Lettres à Beyrouth, juste après (3) : « Press Home to unlock. »

Tout est sous les verrous. (Sauf les criminels) Les émotions. Les mots. Les morts. Les souvenirs. Les odeurs familières. Les odeurs-famille. Le souffle. Le souffle est sous les verrous. La voix est verrouillée. Et pourtant, les rues ont hurlé justice. Les cœurs ont essayé de rebattre. À l’unisson ? Ou pas. Le drapeau d’espérance a ...

Lettres à Beyrouth, juste après (2) : Abattus, les mots

Même le silence est fatigué de se taire. Et au bout de l’absence, une fumée noire a tout avalé. Les rires des enfants, les regards d’une jeunesse tournée vers ailleurs, l’idéalisme de tout une génération. À quoi bon. Quand tout s’effrite, quand tout retombe avec les rideaux partis en fumée eux aussi, quand tout s’efface sans un ...

Lettres à Beyrouth, juste après (1) : « Beyrouth mon amour »

Parce que l’amour relève. L’amour réchauffe les âmes, redonne courage et contenance face aux séismes de la vie, à l’irresponsabilité des seuls responsables, à l’indifférence glaciale en réponse à la mort. Parce que l’amour est ce qui nous reste des ruines qui nous entourent, des chaises fracassées, des vitres brisées, des ...