Michel Tirabosco par Zahi Haddad: \
Michel Tirabosco, flûtiste virtuose, dans "Le Souffle de ma vie" par Zahi Haddad. ©Zahi Haddad

Le Souffle de ma vie, biographie écrite par Zahi Haddad, retrace la vie du flûtiste Michel Tirabosco, entre handicap, carrière internationale remarquable et rencontres artistiques inoubliables. Pour la sortie de l’œuvre, Zahi Haddad et Michel Tirabosco évoquent, pour Ici Beyrouth, le processus de création.

Le 14 janvier 2025, paraîtra, aux éditions Favre, la biographie de Michel Tirabosco, Le Souffle de ma vie, par Zahi Haddad, écrivain et biographe, dont le travail accompagne des histoires individuelles et s’articule autour de thématiques telles que le vivre-ensemble, la diversité et l’authenticité. Deux lancements sont prévus en Suisse: le 16 janvier à 18h chez Payot Cornavin et le 11 février à 18h dans la salle des sociétés de Collonge-Bellerive.

Atteint d'une malformation congénitale, Michel Tirabosco naît avec deux bras atrophiés. Flûtiste de renommée internationale, comptant à son actif une quinzaine d’albums, l’artiste témoigne de son vécu dans cet ouvrage: sa jeunesse, sa vocation pour la musique, notamment la flûte traversière et la flûte de pan, sa situation de handicap ainsi que sa carrière exceptionnelle de soliste, marquée par une tournée mondiale avec André Rieu. Son parcours est une véritable leçon de courage, une quête humaine et spirituelle, le tout en musique, puisque le livre est rythmé de références à des chansons populaires ou à des airs classiques, à écouter pour prolonger le partage avec l'artiste.

À l’occasion de la parution de l’ouvrage, Zahi Haddad et Michel Tirabosco font part à Ici Beyrouth de leurs réflexions respectives et des liens qu’ils ont tissés à travers cette œuvre.

Questions à Zahi Haddad

Vos écrits ont-ils évolué au fil du temps?

Dans ma carrière professionnelle, l’écriture a toujours occupé une place centrale, que ce soit dans la presse, la communication ou mes activités liées à la place de Genève. Enfant, j’aimais m’isoler pour raconter ou écrire des histoires. Il y a quelques années, j’ai tout quitté pour me consacrer entièrement à l’écriture. Une folie, diront certains, mais pour moi, c’était la certitude de rechercher mon épanouissement. Le temps m’a donné raison, ainsi que toutes les personnes, institutions publiques et entreprises privées qui soutiennent ma démarche, me font confiance et adhèrent à mon travail.

Le vivre-ensemble, la diversité et l’authenticité sont des thématiques autour desquelles s’articule votre travail. Choisissez-vous vos sujets, viennent-ils à vous ou bien vous fiez-vous aux croisées de chemins?

Ces thématiques sont au cœur de mon travail et je les aborde sous différents angles: la dimension internationale de Genève avec 126 Battements de cœur pour la Genève internationale, la migration à travers plusieurs livres de portraits, ou encore le handicap avec Handicap, une vie de tous les jours, coécrit avec la championne paralympique Céline van Till, double médaillée d’argent aux Jeux olympiques de Paris et aux Championnats du monde qui ont suivi. Les biographies, quant à elles, me passionnent particulièrement, car elles reflètent une part de notre humanité et de notre patrimoine commun. Toutes ces rencontres me font vibrer, d’autant que la question du vivre-ensemble revêt une importance sociétale majeure.

Quel aspect artistique ou humain de Michel Tirabosco vous a le plus marqué durant vos recherches ou vos dialogues?

J’avais entendu parler du talent de Michel, mais j’ignorais qu’il donnait des concerts dans le monde entier. Avec cette biographie, j’ai découvert qu’il est un musicien accompli et largement acclamé. Rencontrer Michel, c’est comme recevoir un bol d’air frais. Il sait rester positif, poursuivre ses rêves et percevoir la beauté de notre monde. Il sait surtout vivre cette beauté, notamment grâce à une connexion exceptionnelle avec la nature et les personnes qui l’entourent. À son contact, j’ai beaucoup appris sur moi-même.

Questions à Michel Tirabosco

Pourquoi avez-vous choisi Zahi Haddad en tant qu’écrivain et biographe?

Zahi et moi vivons dans le même quartier. Un jour, le hasard nous a réunis. Je peux dire que nous avons immédiatement établi une relation très amicale et sympathique. À l’époque, Zahi travaillait sur un projet de livre relatant le quotidien de personnes en situation de handicap. C’est tout naturellement qu’il m’a demandé de participer à ce livre. Plus tard, il m’a offert son ouvrage Au bonheur de Yaya, dans lequel il évoque ses origines libanaises. J’ai beaucoup apprécié ce récit et surtout sa grande sensibilité. Son style d’écriture est fluide, efficace et empreint de bienveillance.

Par ailleurs, j’entretiens une relation particulière avec le Liban. J’y suis allé pour la première fois avec toute ma famille afin de jouer lors d’un magnifique festival près de Beyrouth. Par la suite, j’y suis retourné à plusieurs reprises, notamment après avoir fait la connaissance de l’Ordre de Malte. Ensemble, nous avons enregistré des œuvres pour flûte de pan, chœur et accompagnement, qui ont été interprétées lors de la fête de Saint-Jean-Baptiste dans une grande église de Beyrouth. Grâce au livre de Zahi, j’ai ravivé ces précieux souvenirs du Liban, que j’ai perçus comme un signe de l’univers.

Avez-vous été impliqué dans l’écriture de la biographie?

Nous nous sommes rencontrés fréquemment, avons longuement réfléchi et discuté. Pendant cinq mois, Zahi a accompli un travail considérable pour rassembler les éléments nécessaires, puis pour rédiger. Je lui en suis profondément reconnaissant, car le résultat final dépasse largement mes attentes. Zahi a su se placer au plus près de ma pensée et de ma sensibilité.

Que vouliez-vous partager avec le public?

Le but n’était surtout pas de relater tout ce que j’ai accompli dans ma vie. Je souhaitais plutôt offrir un témoignage humble et authentique. Chacun de nous suit un parcours de vie unique. À travers mon parcours de musicien et mon handicap, j’espère transmettre un message d’espoir aux lecteurs. Tout est possible dans la vie, et nous méritons tous de vivre de beaux moments sur cette terre. J’espère également que la flûte de pan gagnera en reconnaissance et sera davantage appréciée.

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