Quand le théâtre devient résilience: \
"Abl ma fell", pièce en cours au théâtre Le Monnot. ©Joe Khoury

Le théâtre Le Monnot accueille Abl ma fell, ("Avant de partir") une pièce écrite par Dimitri Melki et mise en scène par Chadi El Haber, avec les performances de Kamal Qassem, Chris Ghafary et Ali Beydoun. Cette œuvre, dont la prolongation est prévue pour les 9 et 10 novembre, offre au public une dernière occasion de plonger dans un univers riche en émotions, au cœur de Beyrouth.

En rouvrant ses portes, le théâtre Le Monnot répond à l'appel de faire revivre les arts de la scène malgré les défis. En ces temps incertains, la pièce Abl ma fell incarne un acte de résilience théâtrale. À travers cette production, l’équipe de la pièce démontre que le théâtre demeure un espace vital d’expression et de partage, même en période de crise.

Abla ma fell invite les spectateurs à réfléchir aux derniers instants d'un homme avant son départ, en posant des questions existentielles: accomplira-t-il tout ce qu’il souhaite, dira-t-il tout ce qu’il a sur le cœur, ou partira-t-il simplement sans se retourner? La pièce explore les confrontations intérieures d’un homme face à son enfance, à la mort qu'il rencontre en chemin, et à la solitude, ultime prison inéluctable. L’histoire suit ce personnage, debout à sa fenêtre, attendant un avion imaginaire qui l’emmènerait vers des lieux de paix et de beauté, dans une quête silencieuse de tranquillité intérieure.

Exploration des enjeux créatifs

Pour Chadi El Haber, metteur en scène de cette production, le texte de Abl ma fell représente un défi stimulant et complexe. Dès la première lecture, il a été captivé par l’aspect "difficile, absurde et incroyablement exigeant" du script. "Ce genre de texte m’attire particulièrement," confie-t-il. Une image marquante s’est imposée à lui dès les premiers mots: celle d’un homme en fin de vie, entouré de deux personnes qui nettoient son corps. "C’était mon point de départ, une vision qui m’a guidé de scène en scène, en misant sur l’éclairage pour la mise en scène." Pour le metteur en scène, chaque partie de la pièce est une occasion de se projeter dans cet espace ultime où se tient le personnage, reliant ses propres émotions à la narration.

Dimitri Melki, auteur de la pièce, explique que Abl ma fell n’est pas une réponse directe à la situation actuelle au Liban, bien que l’œuvre résonne avec la réalité difficile du pays. Écrite au début de l’année, cette pièce est avant tout une réflexion autobiographique, une œuvre qui "parle à l’Homme avec un grand H," souligne-t-il. Elle aborde les questions universelles sur la vie, la mort et les liens indéfectibles qui les unissent, s’adressant à une humanité en quête de sens.

Chris Ghafary, acteur, évoque la liberté et la profondeur que le texte lui offre pour incarner son rôle de manière authentique, au-delà des mots. "En me concentrant sur le cœur émotionnel et les motivations derrière les répliques, je peux saisir l’essence du personnage," explique-t-il. Sous la direction de Chadi El Haber, qui encourage les explorations et les interprétations nuancées, l’acteur explore les subtilités physiques et émotionnelles, rendant sa performance plus authentique et moins liée aux mots. "Le jeu corporel, les expressions faciales et le ton de la voix deviennent des outils pour transmettre un sens dépassant le texte littéral", dit-il. Pour lui, "les indications du metteur en scène et la mise en scène jouent un rôle crucial dans ce processus. La mise en scène crée un environnement où les acteurs peuvent réagir spontanément, donnant à l’interprétation une profondeur et une authenticité qui touchent le public".

Avec Abl ma fell, le théâtre Le Monnot renoue avec sa mission de faire vibrer la scène libanaise, rappelant l’importance du théâtre comme lieu de réflexion et de communion, même en temps de crise.

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