Yassine Jaber, Amer Bsat, Maya Dabbagh, Samir Hamoud… Déposants, souvenez-vous de ceux qui ont décidé « d’effacer vos dépôts »
©Ici Beyrouth

La majorité des observateurs économiques et financiers s’interrogent sur les véritables artisans de la loi sur l’écart financier ou “Gap Law”, que l’on peut qualifier de loi de « liquidation des dépôts ».

Bien entendu, outre le ministre des Finances, Yassine Jaber, et le ministre de l’Économie, Amer Bsat, figure également derrière cette loi Samir Hamoud, qui porte le titre de premier conseiller auprès de Jaber. Par un tour de passe-passe, il s’est mué en représentant du Fonds monétaire international au sein de la délégation libanaise chargée des négociations, abordant les dossiers et les enjeux selon les critères et conditions imposés par le FMI, au point d’en oublier qu’il était, jusqu’à un passé récent, président de la Commission de contrôle des banques.

Cette commission, que Hamoud a accusée de manière indirecte dans certaines de ses déclarations d’avoir échoué à anticiper les risques et de n’avoir pas accompli sa mission de contrôle de la solidité et de la bonne santé du secteur bancaire, ni de préservation de sa réputation et de sa crédibilité à l’échelle internationale. C’est lui qui a déclaré, en substance : « S’il existe des irrégularités dans les comptes des déposants, il existe également des irrégularités dans les comptes des banques. »

Samir Hamoud, qui a présidé la Commission de contrôle des banques entre 2015 et 2020, fut un défenseur acharné des politiques de la Banque du Liban et revendiquait ouvertement le droit de l’État à emprunter auprès d’elle, estimant que l’octroi de prêts à l’État était un « devoir de la Banque du Liban et qu’elle devait s’en acquitter », d’autant plus que, selon lui à l’époque, les banques regorgeaient de liquidités et que les rapports montraient qu’elles se trouvaient dans une situation suffisamment solide pour financer l’État via la banque centrale. Cela signifie, de toute évidence, que Hamoud approuvait les politiques de l’État et de la Banque du Liban sous le mandat de Riad Salamé, ou, à tout le moins, qu’il s’y conformait par son silence.

Parmi les autres noms associés à la « Gap Law » figure également Maya Dabbagh, qui avait disparu de la scène depuis sa nomination au même poste en 2020.

Dabbagh, qui a œuvré en coulisses à la rédaction d’une partie de cette loi, est la même qui s’est enlisée dans les couloirs de la banque « Al-I‘timad Al-Watani » (Crédit National) durant les deux premières années de son mandat, négligeant ses fonctions au sein de la Commission de contrôle à l’un des moments les plus critiques de la crise, entre 2020 et 2022. Il s’agit de la même banque dont Samir Hamoud a assuré la gestion à titre provisoire durant la crise, sans parvenir à y enregistrer la moindre percée notable.

Maya Dabbagh, qui a démissionné de son poste « en fuyant » les poursuites liées à l’échec administratif et à la négligence professionnelle, fut la grande absente de toutes les réunions de la Banque du Liban avec les parties internationales et locales sous les mandats de Riad Salamé, de Wassim Mansouri et au début de l’ère de Karim Souhaid à la tête de l’institution. Avant de quitter la Banque du Liban, Dabbagh est revenue sur le devant de la scène comme l’une des architectes de la loi de liquidation des dépôts, devenant une invitée régulière aux réunions du ministre des Finances, Yassine Jaber, y compris celles des commissions parlementaires et les rencontres avec la délégation du Fonds monétaire international.

Après Hassane Diab et Saadé Chami, sont venus Yassine Jaber, Amer Bsat, Samir Hamoud, Maya Dabbagh…

Souvenez-vous bien de ces noms, chers déposants. Souvenez-vous de ceux qui ont signé la « loi de votre faillite ».

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