Fin de série pour La Sagesse. Privés de Kevin Murphy, les Verts ont concédé leur première défaite de la saison sur le parquet brûlant du Club Central à Jounieh (100-95), en ouverture de la 9e journée. Un revers qui fait du bruit, et pas seulement parce qu’il met fin à un départ parfait : il marque aussi un tournant symbolique, le Club Central décrochant son tout premier succès face à La Sagesse en championnat, après une longue série de confrontations à sens unique.
Une salle, un piège, un match d’une vie
Il fallait bien que ça arrive un jour. Après huit victoires d’affilée, La Sagesse a vu son invincibilité se briser à Jounieh, là où le Club Central a livré le match d’une vie et transformé sa salle en piège à favoris. Une soirée où l’énergie, la réussite extérieure et une défense qui a frappé fort — jusqu’à empiler huit contres — ont fini par faire vaciller le leader, pourtant habitué à contrôler les fins de match.
Le coup est parti avant la pause
Les Kesrouanais ont bâti leur coup en deux temps. D’abord en prenant la température sur un premier quart serré (24-23), puis en appuyant sur l’accélérateur avant la pause avec un vrai coup de massue (28-22) pour virer devant. La Sagesse a bien essayé de remettre la main sur le volant au retour des vestiaires, grignotant le troisième acte (26-24 pour les Verts), sans jamais reprendre réellement le contrôle. Et lorsque l’on arrive au dernier quart sur un fil, le moindre détail devient une faute professionnelle : le quatrième s’est achevé sur un 24-24 qui a simplement acté la sentence. Le Club Central avait de l’avance, et surtout des réponses à chaque poussée verte.
L’absence de Murphy
L’absence de Kevin Murphy, forfait pour raisons de santé juste avant la rencontre, a évidemment pesé. Dans ce type de choc, ce n’est pas seulement une ligne de stats qui manque : c’est une option offensive, un spacing, une présence au rebond, une forme de stabilité. Le Club Central l’a senti et a attaqué cette faille avec une agressivité assumée, en densifiant la raquette et en faisant payer chaque pénétration au prix fort.
Les chiffres racontent ce renversement de hiérarchie d’un soir. Le Club Central a compilé 40 rebonds (dont 14 offensifs), distribué 25 passes, trouvé l’adresse de loin au bon timing (9 réussites à trois points sur 28 tentatives), tout en gardant une certaine maîtrise (8 ballons perdus) et en vivant sur la ligne (23/30 aux lancers). La Sagesse, elle, a remporté des possessions au rebond total (45, dont 18 offensifs) et a énormément fréquenté la ligne (28/36), mais a manqué de mordant derrière l’arc (7/25) et, surtout, a subi l’impact défensif adverse, incarné par ces huit contres qui ont cassé plusieurs séquences et refroidi des élans.
Individuellement, le Club Central a sorti les patrons au bon moment. Donte McGill a tenu le gouvernail et puni les temps faibles (28 points, 8 passes), Anyuri Castillo a frôlé le triple-double en jouant juste dans tous les registres (21 points, 10 rebonds, 9 passes), Jihad El-Khatib a pesé avec l’expérience (18 points), et Kenny Wooten a signé une feuille complète de déménageur : 17 points, 14 rebonds, 4 passes, 4 interceptions et 4 contres, un cocktail rare qui résume l’intensité locale. En face, Paris Bass a tenté de porter La Sagesse à bout de bras (32 points, 13 rebonds, 6 passes), Gerard Hadidian a suivi (16 points, 9 rebonds), Youssef Khayat a apporté de la création et de l’équilibre (15 points, 5 rebonds, 5 passes), Walter Hodge a distribué (13 points, 6 passes) et Mark Khoury a ajouté 9 points. Mais cette fois, le collectif vert a manqué d’une marche dans l’exécution et la protection du cercle pour renverser la vapeur.
Ce n’est “qu” une défaite, mais elle laisse une trace : parce qu’elle est la première, parce qu’elle est historique, parce qu’elle tombe à Jounieh, et parce qu’elle rappelle une vérité cruelle du championnat libanais. L’invincibilité n’est jamais un droit, juste un sursis. La Sagesse repart avec une cicatrice, le Club Central avec une signature — et tout le monde, avec une saison soudain plus ouverte.




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