Le ministère de la Défense rejette toute collusion de l’armée avec le Hezbollah
©Ici Beyrouth

Le ministère libanais de la Défense a fermement rejeté mardi toute accusation de liens entre l’armée et des partis ou organisations politiques, affirmant que les soldats, sous-officiers et officiers de l’institution militaire n’ont «qu’une seule loyauté : la patrie».

Dans un communiqué publié par le bureau du ministre de la Défense nationale, le général de division Michel Mansour, les autorités dénoncent des informations relayées récemment par des médias locaux et internationaux évoquant des relations entre des membres de l’armée et des formations politiques. Ces allégations sont qualifiées de «fausses» et de «campagne malveillante» visant l’armée, son rôle, ses sacrifices ainsi que ses missions actuelles et futures.

«Les soldats, sous-officiers et officiers de l’armée libanaise ont une loyauté unique et exclusive envers la nation, l’autorité légitime et le drapeau libanais», souligne le communiqué, estimant que la propagation de telles accusations «sert les ennemis du Liban» et constitue «un coup de poignard dans le dos des héros de l’armée» qui défendent le pays «de leur poitrine, de leur sang et de leur vie».

Accusations israéliennes

Ces déclarations interviennent après des accusations israéliennes formulées plus tôt, à la suite de frappes aériennes menées lundi dans la ville de Saïda, dans le sud du Liban. L’armée israélienne a accusé les Forces armées libanaises de coopérer avec le Hezbollah, qualifiant cette prétendue coordination de «grave».

Dans un message publié sur X, le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a affirmé que des frappes «précises» avaient été menées dans le sud du pays, tuant trois personnes présentées par Israël comme des membres du Hezbollah. Selon l’armée israélienne, l’un des individus tués près de Saïda aurait été affilié au renseignement militaire libanais tout en opérant au sein du Hezbollah, tandis qu’un autre aurait été actif dans l’unité de défense aérienne du mouvement dans la région.

L’armée israélienne a affirmé que les cibles étaient impliquées dans des «plans terroristes» contre ses forces et dans des tentatives de reconstruction de l’infrastructure militaire du Hezbollah dans le sud du Liban. Une enquête préliminaire aurait, selon elle, mis en évidence un chevauchement de rôles entre au moins l’un des tués et des structures officielles de l’armée libanaise.

Israël a qualifié ces activités de «violation grave» des ententes en vigueur entre les deux pays et a réaffirmé sa détermination à poursuivre ses opérations contre ce qu’il considère comme des menaces pour ses civils.

Tensions frontalières

Ces accusations s’inscrivent dans un contexte de fortes tensions le long de la frontière israélo-libanaise depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, marquée par des échanges de tirs quasi quotidiens entre Israël et le Hezbollah. Les hostilités avaient diminué après un accord de cessez-le-feu parrainé par les États-Unis en novembre 2024, prévoyant notamment le désarmement du Hezbollah, à commencer par les zones situées au sud du Litani.

Israël accuse régulièrement le Hezbollah de reconstituer ses capacités militaires dans le sud du Liban, des allégations systématiquement rejetées par les autorités libanaises, qui nient toute coordination institutionnelle entre l’armée et le mouvement chiite.

L’armée libanaise n’a pas réagi directement aux accusations israéliennes, et aucune confirmation indépendante des affirmations de l’armée israélienne n’était disponible dans l’immédiat.

Front diplomatique

Sur le plan diplomatique, des représentants de la France, de l’Arabie saoudite, des États-Unis et du Liban se sont réunis à Paris la semaine dernière afin de finaliser une feuille de route sur le désarmement du Hezbollah. Les discussions portent notamment sur la mise en place d’un mécanisme de vérification destiné à documenter et appuyer les efforts de l’armée libanaise pour démanteler l’arsenal lourd et les infrastructures militaires du mouvement, ainsi que sur le renforcement du mécanisme de cessez-le-feu.

Une conférence plus large consacrée au soutien à l’armée libanaise et à la reconstruction est également prévue en février.

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