Non, monsieur Kassem ! Le désarmement de votre milice ne sert pas Israël, mais le Liban.
©Ici Beyrouth

Il y a, dans le dernier discours du secrétaire général du Hezbollah ce vendredi, quelque chose d’à la fois familier et profondément inquiétant : cette façon mécanique, presque automatique, de qualifier ceux qui réclament le désarmement du Hezbollah « d’alliés objectifs d’Israël » et de « traîtres ».

Comme si demander que le Liban ne s’embrase pas une fois de plus, comme si souhaiter que le pays échappe à un nouveau cycle de guerres inutiles revenait, par un tour de passe-passe linguistique, à servir les intérêts d’Israël.

Ce renversement moral, le Hezbollah en a fait une doctrine. Et Naïm Kassem, fidèle à lui-même, continue de psalmodier son refrain habituel : « Nous avons gagné. Nous sommes victorieux. Nous avons imposé nos règles. » Une litanie devenue comique, si elle n’était pas tragique, tant elle nie l’évidence : le Liban a payé le prix d’une aventure militaire décidée par d’autres, au bénéfice d’autres. Alors recommencer ? Non merci.

La vérité, la seule, est simple : la demande de désarmement n’est pas un cadeau à Israël, mais un acte de survie nationale. C’est l’intérêt du Liban, des Libanais, de leurs enfants, de leurs vies. C’est l’intérêt de ce pays à bout de souffle, qui ne veut plus être l’otage d’une milice convaincue qu’elle peut décider seule quand déclencher une guerre, sans en assumer aucune des conséquences.

Mais le Hezbollah préfère recycler la même dramaturgie victimaire, en dépit de toute réalité et de tout bon sens.

Qu’importe : dans un déni total, de discours en discours, le dirigeant de la milice pro-iranienne continue de brandir les mots « résistance », « dignité », « triomphe », « stratégie de défense »… Un copié-collé rhétorique : accuser, inverser, menacer, puis revendiquer une victoire inexistante.

À force de nier les faits, cette parole finit par révéler autre chose : la peur. La peur d’admettre que l’ère de la toute-puissance touche à sa fin. La peur que les Libanais, de plus en plus nombreux, cessent de se soumettre à l’idée que le Liban doit être un champ de bataille permanent pour prouver la virilité révolutionnaire de quelques dirigeants iraniens.

Car si défendre la paix, la souveraineté et la vie devient une position « pro-israélienne », alors c’est que le Hezbollah n’a plus d’arguments, seulement des réflexes.

Le Liban ne veut pas d’une nouvelle guerre. Et si cela déplaît à ceux qui vivent dans l’illusion de victoires imaginaires, alors tant pis. Mieux vaut être du côté du Liban que du côté des illusions.

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