Le 27 novembre 2025 marque un an depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. Selon une analyse détaillée publiée par le centre de recherche israélien Alma, cette année de trêve apparente a plutôt été marquée par une confrontation continue, invisible, mais intense, entre les frappes préventives de l’armée israélienne et la volonté persistante du Hezbollah de reconstruire son appareil militaire.
Alma pose la question centrale : qui, d’Israël ou du Hezbollah, impose réellement son rythme dans cette bataille d’usure ?
Une reconstruction qui découle de l’idéologie de la «résistance»
Le centre Alma rappelle que la reconstruction accélérée du Hezbollah ne répond pas seulement à des impératifs opérationnels. Elle s’enracine dans l’idéologie même du mouvement, qui conçoit la «résistance armée» non comme un moyen, mais comme une identité. En conséquence, aucune dynamique de désarmement ou d’abandon progressif de ses capacités ne peut être réalistement attendue. Ce socle idéologique explique pourquoi, malgré le cessez-le-feu, le Hezbollah a maintenu — et intensifié — ses efforts pour remettre sur pied ses infrastructures militaires, civiles et perceptuelles.
La cartographie des frappes : un indicateur du terrain réel
Les données recueillies par Alma montrent que l’armée israélienne a réalisé 669 frappes aériennes depuis le début de la trêve, soit en moyenne 51 par mois. Les pics de décembre 2024 et mars 2025, consécutifs à des tirs venus du Liban, illustrent un cycle réactif, mais régulier.
Malgré les annonces du gouvernement libanais et de l’armée selon lesquelles «85 % du désarmement au sud du Litani» aurait été accompli, Alma observe une réalité très différente. Le sud du Litani demeure la zone la plus frappée, y compris des localités comme Aïtaroun, Aïta el-Shaab, Odaisseh et Houla, ce qui indique selon le centre des activités de reconstruction particulièrement intenses dans cette région censée être démilitarisée.
Le nord du Litani constitue le second foyer majeur des frappes, en particulier autour de Nabatiyé, devenu un centre de gravité opérationnel depuis la destruction des unités Nasser et Aziz. La Békaa conserve un rôle stratégique de profondeur – production, stockage, entraînement – même si elle ne représente qu’une part limitée des frappes.
Alma relève enfin que Beyrouth, malgré son exposition politique, continue d’abriter des infrastructures essentielles, comme en atteste la frappe du 23 novembre ayant tué le chef d’état-major du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.
L’entrelacement du civil et du militaire
L’un des apports analysés par Alma réside dans le constat que les infrastructures civiles – usines de ciment, carrières, ingénieurs, réseaux de construction – sont indissociables de la reconstruction militaire du Hezbollah.
Le mouvement utilise ces structures comme couverture, relais logistiques et vecteurs d’influence sur sa base communautaire. Le centre souligne à cet égard que la distinction entre civil et militaire, souvent brandie par certains médias libanais et internationaux, ne reflète pas la réalité d’un système où les deux dimensions sont fusionnées sous le concept de «société de résistance».
Le rythme des éliminations ciblées
Depuis le cessez-le-feu, 218 combattants du Hezbollah ont été tués, soit près de la moitié de l’ensemble des frappes israéliennes, selon le Centre Alma. Près de la moitié l’ont été au sud du Litani, un tiers au nord, et le reste dans la Békaa et à Beyrouth.
Les éliminations suivent trois phases : un début relativement calme, une montée progressive culminant en juillet, puis une nouvelle hausse à l’automne après une baisse liée aux visites de hauts responsables américains. Au moins 46 membres de l’unité d’élite Radwan ont été tués, ainsi que des cadres des unités chargées de la contrebande, de l’aérien ou des opérations extérieures.
Un État libanais absent face à une organisation déterminée
Pour Alma, l’absence d’action réelle de l’État libanais est l’un des paramètres les plus structurants du rapport de force. L’armée libanaise, entravée par ses dynamiques internes et par ses propres limites opérationnelles, n’est ni en mesure ni prête à entrer en confrontation directe avec le Hezbollah.
Aucune preuve tangible ne confirme les annonces officielles de désarmement, tandis que les activités du Hezbollah observées par Israël témoignent d’un regain d’organisation.
Une guerre d’usure appelée à durer
L’analyse du centre Alma conclut que le Hezbollah, soutenu par l’Iran et enraciné dans une base communautaire totalement dépendante de lui, n’a aucune intention de renoncer à son arsenal ni à son identité combattante. Israël, de son côté, semble déterminé à poursuivre une stratégie de frappes continues pour contenir la reconstitution de l’organisation. Pour Alma, la véritable question n’est plus de savoir si une nouvelle confrontation éclatera, mais quand.



Commentaires