Le Bassidj est une force paramilitaire iranienne créée en 1980 peu après la Révolution islamique de 1979. Il a d’abord été conçu comme une force populaire de volontaires chargée de défendre la Révolution et le régime naissant. Rapidement intégrée au sein du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI), le Bassidj a joué un rôle majeur pendant la guerre Iran-Irak (1980-1988).
Des milliers de volontaires, parfois très jeunes, furent envoyés sur le front dans des assauts massifs surnommés « vagues humaines », entraînant de lourdes pertes. À la fin du conflit, en 1988, l’ayatollah Ali Khamenei décida de ne pas démanteler la force et lui confia la sécurité intérieure.
Réseau tentaculaire
Aujourd’hui, le Bassidj fonctionne comme un réseau tentaculaire, présent dans toutes les régions d’Iran. La force est organisée en branches selon les catégories sociales (élèves, étudiants, ouvriers, employés, nomades, guildes professionnelles) et chaque ville, quartier, université, école ou institution publique peut abriter une cellule locale.
Elle compte différents types de membres : des volontaires réguliers, des membres actifs rémunérés en temps de paix et des membres «spéciaux» intégrés au CGRI pour des missions sensibles. Cette organisation permet au régime de maintenir une présence constante dans la société et de surveiller les populations de manière systématique. L’adhésion au Bassidj offre aussi des avantages matériels, comme un accès facilité aux études supérieures ou à certains emplois publics, expliquant l’inscription massive de certains membres sans engagement actif.
Fonctions multiples
Le Bassidj exerce de multiples fonctions : maintien de l’ordre, police des mœurs, surveillance des universités et des lieux publics, et répression des manifestations. Ses membres sont mobilisés lors des élections pour garantir la présence des partisans du régime et intimider l’opposition. La milice organise également des activités éducatives, religieuses et sociales, allant de la formation idéologique dans les écoles et universités à l’aide lors de catastrophes naturelles, renforçant ainsi son implantation dans la société.
Le nombre de membres du Bassidj est difficile à évaluer. Les médias officiels évoquent parfois 10 à 12 millions d’adhérents, incluant de nombreux membres « symboliques ». Selon une étude américaine du United States Institute of Peace (USIP) datée de 2010, le noyau réellement actif se situerait autour de 90 000 membres en uniforme, avec 300 000 réservistes et une capacité de mobilisation pouvant atteindre 1 million de personnes en cas de crise.
Instrument de répression central
Depuis la mort de Mahsa Amini en 2022, le Bassidj a été massivement mobilisé pour réprimer les manifestations. Des milliers de volontaires, souvent en civil, ont procédé à des arrestations, des passages à tabac et des intimidations dans les rues et devant les universités, jouant un rôle clé dans l’arrêt des rassemblements et la dissuasion des protestations.
Durant la guerre de « 12 jours » entre Israël et l’Iran, le Bassidj a été mobilisé pour soutenir le régime, principalement dans des missions de sécurité, de logistique et de surveillance des zones stratégiques. Des unités de volontaires ont assuré la protection des installations sensibles et la coordination de la logistique militaire sur le territoire iranien, tout en restant prêtes à intervenir rapidement en cas de menace directe.
Le Bassidj reste donc un instrument central du régime iranien, capable de mobiliser des milliers de membres à la fois pour la sécurité intérieure et pour soutenir des opérations militaires, consolidant sa présence dans tous les aspects de la société.



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