Quid des prochaines étapes du plan Trump pour Gaza?
Des Palestiniens déplacés retournent chez eux dans le secteur d’al-Zahra, près du camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de Gaza, le 14 octobre 2025, un jour après le cessez-le-feu. ©AFP

Alors que la première phase du plan Trump pour la paix à Gaza est presque achevée, les regards sont désormais rivés vers les prochaines étapes. De réels progrès ont été réalisés, même si le processus est loin d’être finalisé. 

Le Hamas a annoncé lundi la libération des 20 otages israéliens vivants encore retenus dans la bande de Gaza, ainsi que 4 dépouilles sur un total de 28. En échange, Israël a affirmé avoir libéré 1.968 prisonniers palestiniens. Initialement, cette première phase prévoyait la libération de tous les otages israéliens vivants et morts contre la remise de 250 prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité et 1.700 détenus depuis le 7 octobre 2023.

Dans ce contexte, il convient de rappeler que lors du sommet international de Charm el-Cheikh lundi, une déclaration solennelle, la «Trump Declaration for Enduring Peace and Prosperity», a été cosignée par les médiateurs – Égypte, Qatar, Turquie – et les États-Unis pour renforcer l’accord de trêve à Gaza mis en place il y a quatre jours. Ce document, qui ne porte pas la signature directe d’Israël ni du Hamas, vise à garantir la mise en place du cessez-le-feu, à faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, à soutenir la reconstruction et à favoriser le retour à la stabilité.

Il appelle également à progresser dans toutes les phases du plan, notamment le retrait militaire progressif et l’échange d’otages, sans pour autant reconnaître explicitement un État palestinien. Essentiellement normative, cette déclaration n’a pas de force juridique contraignante mais établit un cadre politique et diplomatique pour la paix.

Désarmement du Hamas

La deuxième étape, dont les négociations devraient débuter après la restitution complète des otages, prévoit le désarmement du Hamas et la destruction de ses tunnels et infrastructures militaires à Gaza.

Israël a déjà ordonné à son armée de se préparer à cette mission. Le plan prévoit également une amnistie pour les membres du Hamas acceptant la coexistence pacifique, avec une possibilité d’exil sécurisé. Une force internationale temporaire de stabilisation, composée de personnels américains, arabes et européens, sera déployée pour assurer la sécurité et faciliter la formation d’une police palestinienne, afin de garantir la stabilité et la paix sur le long terme.

Dans le cadre d’un retrait militaire progressif (prévu dans l’accord), l’armée israélienne a accepté de se retirer pour ne contrôler que 53% du territoire. Deux autres étapes sont prévues pour réduire la présence israélienne à environ 40% puis 15% du territoire de Gaza. La dernière phase maintiendra un périmètre de sécurité jusqu’à ce que Gaza soit considérée comme totalement protégée contre toute menace terroriste. Le plan prévoit enfin que Gaza devienne une zone déradicalisée et exempte de terrorisme, ne représentant plus de danger pour ses voisins.

Gouvernance et reconstruction

Ensuite, le plan consiste à mettre en place une administration transitoire technocratique composée de Palestiniens qualifiés indépendants du Hamas et d’experts internationaux. Cette administration sera supervisée par un nouvel organe international, le «Conseil de la paix», dirigé par Donald Trump et incluant notamment l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair. Ce conseil aura pour mission de gérer la reconstruction de Gaza et de coordonner le transfert progressif du pouvoir à l’Autorité palestinienne une fois ses réformes internes achevées. 

Selon l’Associated Press, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a déjà annoncé la formation d’un comité palestinien de 15 membres, validé par Israël et approuvé par toutes les factions palestiniennes, y compris le Hamas, pour assurer l’administration quotidienne et la reconstruction, sous la supervision du «Conseil de la paix» présidé par les États-Unis.

Coordonnée avec les alliés de Washington, cette supervision constitue une priorité majeure. Donald Trump a averti que refuser cette démarche reviendrait à choisir le chaos plutôt que la paix.

Dans ce cadre, un groupe d’experts se réunira pour élaborer un plan de développement économique destiné à «reconstruire et dynamiser Gaza», avec l’objectif de créer une zone économique spéciale bénéficiant de tarifs préférentiels et de conditions d’accès favorables, à négocier avec les pays participants. Le plan ne précise toutefois ni les montants, ni les sources de financement pour cette reconstruction.

Par ailleurs, le plan prévoit que l’aide humanitaire sera acheminée sans ingérence, sous l’égide de l’ONU et d’autres ONG, afin de restaurer les services essentiels comme l’eau, l’électricité, les hôpitaux et les infrastructures routières, tout en garantissant la liberté de circulation au poste-frontière de Rafah. L’ONU et le Comité international de la Croix-Rouge ont d’ailleurs appelé à l’ouverture de tous les points de passage pour intensifier l’acheminement de cette aide.

Obstacles persistants

Cependant, les prochaines étapes s’avèrent ardues et de nombreux obstacles restent à surmonter. Le Hamas ne s’est pas officiellement prononcé sur son désarmement et exige un retrait israélien total de Gaza. Un haut responsable du mouvement islamiste, Hossam Badran, a qualifié la deuxième phase de négociation de «difficile», affirmant qu’il est hors de question que le Hamas renonce à ses armes. Le mouvement a maintes fois réaffirmé qu’en l’absence d’une force armée palestinienne, il se réservait un «droit de résister à l’occupation israélienne».

De son côté, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a exclu tout retrait total de Gaza ainsi que la création d’un État palestinien dans le cadre du plan Trump. Le plan ne garantit pas la création d’un État palestinien, mais évoque la possibilité d’un chemin crédible vers l’autodétermination, à condition que des réformes soient menées au sein de l’Autorité palestinienne et que la reconstruction de Gaza soit effective.

Le succès du plan dépendra donc de l’intention réelle des parties, de la capacité des acteurs internationaux à superviser le processus, du financement nécessaire et de la stabilité politique indispensable à la reconstruction et au développement économique de Gaza. Pour l’heure, le plan de Trump représente la seule alternative viable face à la violence et au chaos chronique qui frappent Gaza et la région.

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