
Le sommet international qui s’est tenu lundi à Charm el-Cheikh, en Égypte, a scellé un tournant diplomatique autour du conflit de Gaza.
Ce n’était pas un simple accord entre Israël et le Hamas, mais une déclaration solennelle cosignée par les pays médiateurs – l’Égypte, le Qatar, la Turquie – aux côtés des États-Unis.
Ensemble, ils ont posé leur signature sous ce qui est présenté comme la «Trump Declaration for Enduring Peace and Prosperity».
Ce document vient en appui à un accord de trêve déjà acté quelques jours auparavant, et cherche à lui donner une assise plus solide, avec des garants internationaux et des engagements supérieurs à la simple cessation des hostilités.
Il s’agit, selon les signataires, d’ouvrir un «nouveau chapitre» pour la région, fondé sur l’espoir, la sécurité et la prospérité.
Pour autant, ni Israël ni le Hamas ne figurent parmi les signataires directs du document, ce qui souligne la nature essentiellement diplomatique et normative de l’initiative – plutôt qu’un traité contraignant.
Ce que le document engage
Dans le corps de la déclaration, les signataires affirment d’abord leur adhésion à l’accord de paix conclu précédemment, rappelant les souffrances subies et la nécessité d’en finir avec les hostilités prolongées.
Ils se déclarent prêts à assumer le rôle de garants de la mise en œuvre, à veiller à la stabilité, et à créer des mécanismes de surveillance et de suivi.
L’un des volets les plus pressants est l’humanitaire: l’accord appelle à faciliter l’accès de l’aide à Gaza, à permettre la reconstruction des infrastructures détruites, et à stabiliser les conditions de vie pour les habitants après des années de conflit.
Le document insiste aussi sur l’importance d’avancer «toutes les phases» de l’accord, ce qui englobe le retrait progressif des forces militaires, l’échange d’otages et de prisonniers, et le retour à une trêve crédible.
Cependant, le texte ne formule pas, de manière explicite, une reconnaissance claire du droit à l’autodétermination ou à l’État palestinien.
Les limites visibles, les zones d’ombre
À la signature, l’euphorie a côtoyé le scepticisme. L’un des obstacles majeurs du document est qu’il repose largement sur la bonne volonté des parties – et sur la capacité des garants à imposer les termes s’il y a manquement. Sans qu’Israël ou le Hamas ne l’aient signé directement, la portée juridique du texte reste limitée.
Plusieurs questions clés ne sont ni clarifiées ni détaillées dans le document: comment sera assurée le désarmement effectif du Hamas? Quelle sera la nature de l’autorité administrative à Gaza? Comment concilier désarmement, retrait et sécurité? Comment garantir que l’aide humanitaire et la reconstruction ne soient pas instrumentalisées?
Une «nouvelle ère» incertaine
Quand le document a été signé, beaucoup y ont vu l’ouverture d’un «nouveau chapitre» au Moyen-Orient. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a lui-même qualifié ce moment de «dernier espoir» pour la paix.
Le plan Trump, dont la déclaration s’inspire étroitement, a été présenté comme une feuille de route ambitieuse en vingt points – bien que, pour l’instant, seule la première étape (c’est-à-dire le cessez-le-feu et l’échange d’otages) ait été concrètement mise en œuvre.
Ce qui fait la force – et la fragilité – du document de Charm el-Cheikh, c’est qu’il ne se contente pas d’acter un arrêt des combats, mais qu’il se projette dans le temps. Il pose des jalons pour une paix durable, avec des garants et des engagements multilatéraux.
Les mois à venir seront déterminants pour confirmer la portée historique de cet accord, à travers les avancées attendues en matière de sécurité, de gouvernance et de reconstruction.
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