Où en est le plan Trump pour Gaza?
Un soldat israélien derrière une mitrailleuse montée à proximité de l’hôpital de campagne jordanien à Gaza-ville, le 3 octobre 2025. ©Jack Guez / AFP

Un nouveau round de négociations s’ouvre en Égypte, cette fois autour du plan Trump, présenté comme la voie vers un cessez-le-feu et un échange global entre otages israéliens et prisonniers palestiniens. Mais les positions des deux camps restent irréconciliables, alors que la guerre entame sa troisième année.   

Le Caire se retrouve à nouveau au centre du jeu diplomatique. Israël et le Hamas arriveront progressivement, dès ce soir, à Charm el-Cheikh, et devront entamer lundi des négociations indirectes, sous médiation américaine, pour tenter de transformer le plan de Donald Trump en réalité. Dévoilé le 29 septembre, le plan en question promet un cessez-le-feu progressif, la libération des otages, le retrait par étapes de l’armée israélienne et, à terme, le désarmement du Hamas.

Washington a dépêché sur place l’émissaire du président américain, Steve Witkoff, ainsi que le gendre de Trump, Jared Kushner. Ils sont tous deux chargés de superviser les discussions. Côté israélien, Benjamin Netanyahou affirme soutenir le plan tout en prévenant que l’armée conservera le contrôle de certaines zones dites «stratégiques» de la bande de Gaza. Le Hamas, lui, dit vouloir parvenir à un accord «immédiat», mais exige la suspension de toutes les opérations militaires et des survols de drones avant tout échange d’otages et de prisonniers.

Les discussions se tiendront à Charm el-Cheikh, en présence des deux parties, dans le même complexe, mais sans contact direct entre elles. Selon plusieurs sources palestiniennes citées par Reuters et l’AFP, la phase actuelle vise principalement à définir les conditions logistiques d’un transfert progressif des otages et des détenus, sous supervision égyptienne et américaine.

Le plan américain repose sur une séquence en trois temps: un cessez-le-feu immédiat, la libération des otages israéliens dans les 72 heures, puis un retrait progressif de l’armée israélienne vers une ligne située à une distance comprise entre 1,5 et 3,5 km de la frontière. En contrepartie, Israël libérerait environ 250 prisonniers palestiniens condamnés à perpétuité et plus de 1.700 détenus, arrêtés depuis octobre 2023.

Samedi, Donald Trump a de nouveau haussé le ton. Il a averti qu’il «ne tolérerait aucun retard» dans l’application de son plan, avant de confier au média Axios: «C’est la chance de Netanyahou de gagner.»

Lors d’un échange par messages avec un journaliste de CNN, diffusé dimanche, le locataire de la Maison-Blanche a affirmé que Netanyahou était désormais «prêt à stopper l’offensive militaire à Gaza». Le président américain a ajouté qu’il s’attendait à apprendre «très bientôt» si le Hamas était réellement engagé sur la voie de la paix, avertissant que si le groupe refusait de céder le pouvoir, il ferait face à une «destruction totale».

Mais l’armée israélienne poursuit son offensive à Gaza-ville malgré les appels de Washington à cesser les bombardements. La Défense civile locale a fait état d’au moins 57 morts samedi, et de cinq autres dimanche matin.

Sur CBS, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a précisé dimanche qu’une fois que toutes les parties se seront entendues sur les modalités logistiques, «les israéliens et tout le monde reconnaîtront qu’il est impossible de libérer les otages au milieu des frappes, donc celles-ci devront cesser», ajoutant qu’un accord sur ces modalités doit intervenir «très rapidement».

Depuis Washington, Rubio, cité par The Jerusalem Post, s’est montré optimiste: «La question a été réglée à 90% et nous sommes en train de finaliser les détails logistiques». Selon lui, «le Hamas a fondamentalement accepté la proposition de plan de paix de Donald Trump» et «a également accepté, en principe et dans les grandes lignes, de se rallier à cette idée et à ce qui se passera ensuite». En revanche, Rubio a reconnu que «beaucoup de détails restaient à régler», tout en espérant «une issue en début de semaine». 

Les points de blocage restent donc nombreux. Le Hamas refuse toujours de parler de désarmement et rejette l’idée de toute administration de Gaza sans sa participation. Le plan américain propose une autorité transitoire sans le Hamas, sous supervision internationale. Une option que le groupe palestinien juge inacceptable, affirmant vouloir «contribuer à la gestion du territoire après-guerre».

La soirée de vendredi avait déjà semé la confusion. Donald Trump venait de menacer de déclencher «un enfer comme jamais contre le Hamas», après avoir lancé un ultimatum sur l’acceptation du plan. Quelques heures plus tard, le mouvement palestinien publiait un communiqué ambigu, laissant entendre qu’il «répondrait favorablement» à une trêve, sans jamais valider pleinement le plan. Avec la poursuite, le soir même, des bombardements à Gaza-ville, des témoins ont parlé d’un «calme trompeur». Israël a affirmé que ses opérations se poursuivraient «jusqu’à l’application complète du plan».

À la veille du deuxième anniversaire de l’attaque du 7 octobre, l’enjeu dépasse la simple libération des otages. L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, mandaté pour coordonner, à Gaza, un futur comité international de reconstruction composé de technocrates, est lui aussi attendu en Égypte. Les négociateurs affichent des priorités différentes, mais subissent une même pression: celle de démontrer que ce plan peut aller au-delà des intentions. Pour l’heure, la guerre ne s’est pas arrêtée. 

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