
Le festival Jazz à La Villette s’ouvre ce jeudi à Paris avec une programmation éclectique et audacieuse. Entre hommages au free jazz d’Ornette Coleman, fusions contemporaines mêlant gospel, électro ou rock progressif, et célébration des musiques afro-caribéennes, l’événement confirme sa vocation de laboratoire du jazz d’aujourd’hui.
La réinterprétation samedi à la Philharmonie de The shape of jazz to come, un album culte du multi-instrumentiste Ornette Coleman paru en 1959, sera un temps fort du festival Jazz à La Villette à Paris, qui débute jeudi.
Ce disque, très avant-gardiste à l'époque, avait interloqué à sa sortie. Ornette Coleman, saxophoniste, flûtiste, violoniste, compositeur, y introduisait de nouvelles règles harmoniques et une grande liberté d'improvisation, jetant l'une des premières pierres de ce que l'on nomma «free jazz».
«C'est très poussé musicalement», confie à l'AFP Frank Piquard, coprogrammateur du festival. Denardo Coleman, le fils d'Ornette Coleman dont il fut le batteur, est sur ce projet, déjà présenté en Allemagne et en Pologne avec des distributions différentes, dit-il et «il a demandé à six orchestrateurs de travailler sur les six morceaux de l'album, d'écrire pour un orchestre symphonique, auquel il intègre un groupe de jazz».
Un groupe de jazz haut de gamme où figurent le trompettiste Ambrose Akinmusire ou le saxophoniste Isaiah Collier.
Plusieurs musiciens de nouvelles générations, à l'affiche du festival, revendiquent toujours l'héritage de ce free jazz, l'avant-dernière grande révolution du jazz avant l'intrusion de l'électronique.
Parmi eux, Isaiah Collier, musicien de Chicago, présentera son nouveau projet Parralel Universe où se rencontrent le jazz, le gospel et la soul music.
Autre rencontre, celle entre le saxophoniste de jazz-fusion Donny McCaslin et du groupe de rock progressif français Ishkero.
«Cette multiplicité, ces hybridations incessantes, ont toujours eu lieu et font partie de l'histoire de cette musique», souligne Frank Piquard.
Jazz à La Villette s'intéresse aussi de près à la soul music et au hip hop en passant par l'électro.
Ainsi Jeff Mills, l'un des rois de la techno, interprétera entourer d'un joueur indien de tablas et un joueur de synthés la musique de transe de «Tomorrow comes the harvest», un projet monté il y a quelques années.
Jalen Ngonda, lui, est un énième ambassadeur d'une soul music plus classique et sophistiquée, dans la lignée des anciennes gloires de la Tamla Motown que furent Smokey Robinson ou Marvin Gaye.
Le festival garde toujours un œil sur les musiques africaines et afro-caribéennes.
Elles seront à l'honneur cette année, avec les chants mandingues du Malien Salif Keita, le Nigérian Seun Kuti qui perpétue l'afro-beat, une fusion de jazz, funk et rythmes yoruba inventée par son père Fela, et le funk cubain de Cimafunk.
Jazz à La Villette retrouve aussi l'Espace Charlie Parker sous la Grande Halle de La Villette, qui avait été réquisitionnée l'an dernier pour les Jeux olympiques.
Avec AFP
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