L'Alaska, cet État américain à l'histoire russe
L’Alaska, territoire russe jusqu’au XIXᵉ siècle, reste marqué par son passé avec plus de 35 églises orthodoxes, un dialecte russe encore enseigné et une proximité géographique avec la Russie, malgré des tensions diplomatiques récentes. ©MARK RALSTON / AFP

L’Alaska, qui doit accueillir vendredi un sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine, était sous le contrôle de la Russie avant d’être vendu aux États-Unis au XIXᵉ siècle. Mais l’influence russe n’a pas disparu de cet État américain de l’Arctique.

Une ancienne colonie russe 

C’est pour la Russie des tsars que le Danois Vitus Béring découvre au XVIIIᵉ siècle le détroit séparant l’Asie des Amériques, qui porte désormais son nom, et révèle à l’Occident l’existence de l’Alaska.

Cette expédition déclenche un siècle de chasse au phoque par les Russes, avec une première colonie installée sur l’île de Kodiak. Le tsar Paul Ier institue en 1799 la Compagnie russe d’Amérique afin d’organiser le commerce de fourrure, quitte à combattre les habitants autochtones.

Mais, surexploitées, les populations de phoques et de loutres de mer s’effondrent, et l’économie des colons avec.

En 1867, Moscou vend à Washington le territoire pour 7,2 millions de dollars, un achat critiqué à l’époque. L’Alaska n’est cependant devenu un État américain à part entière qu’en 1959.

Langue et églises 

L’Église orthodoxe, implantée en Alaska dès la création de la Compagnie russe d’Amérique, demeure l’un des principaux héritages de l’histoire russe sur le territoire.

Plus de 35 églises historiques, dont certaines avec les coupoles typiques de l’architecture orthodoxe, parsèment les côtes d’Alaska, selon une association qui vise à les protéger.

Le diocèse orthodoxe de l’État se présente comme le plus vieux d’Amérique du Nord et comprend même un séminaire, installé sur l’île de Kodiak.

Un dialecte dérivé du russe et mêlé aux langues autochtones locales s’est maintenu pendant des décennies dans diverses localités, notamment près de la grande ville d’Anchorage, jusqu’à quasiment disparaître aujourd’hui.

Mais près des immenses glaciers de la péninsule de Kenai, le russe est toujours enseigné : la petite école rurale d’une communauté orthodoxe dite «vieux-croyants», issue d’un schisme du XVIIᵉ siècle et installée là dans les années 1960, donne des cours en russe à une centaine d’élèves.

Des voisins 

Les Russes «sont nos voisins d’en face, on peut même voir la Russie depuis une île en Alaska», disait en 2008 Sarah Palin, alors gouverneure de l’État et candidate à la vice-présidence des États-Unis aux côtés du républicain John McCain.

En effet, dans le détroit de Béring, deux îles se font face. La grande Diomède, à l’ouest, est russe; la petite Diomède, habitée par quelques dizaines de personnes, est américaine. Moins de 4 kilomètres les séparent.

Plus au sud, deux Russes ont accosté en octobre 2022 sur l’île de Saint-Laurent, à moins de 100 km des côtes russes, pour demander l’asile aux États-Unis, afin d’échapper à une mobilisation militaire pour soutenir la guerre en Ukraine.

Depuis des années, l’armée américaine annonce régulièrement intercepter des avions russes s’approchant un peu trop de son espace aérien dans la région.

Mais la Russie n’est pas intéressée par une reprise de l’Alaska, où «il fait froid aussi», avait ironisé Vladimir Poutine en 2014.

Par Ulysse BELLIER/AFP

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