L’Ukraine s’efforçait dimanche de rétablir l’électricité et le chauffage après des attaques russes ciblant les infrastructures énergétiques, son fournisseur national affirmant que sa capacité de production était réduite à «zéro».
Moscou, qui a intensifié ses attaques contre les infrastructures ukrainiennes ces derniers mois, a lancé des centaines de drones contre des sites énergétiques dans tout le pays dans la nuit de vendredi à samedi.
Parallèlement, des frappes ukrainiennes contre des infrastructures en Russie ont privé d’électricité plus de 20 000 personnes dans les régions frontalières, selon les autorités locales.
Les frappes russes ont perturbé les réseaux d’électricité, de chauffage et d’eau dans plusieurs villes. L’opérateur public Centerenergo a prévenu que sa capacité de production «est tombée à zéro».
«Un nombre sans précédent de missiles et d’innombrables drones, plusieurs par minute, ont visé les mêmes centrales thermiques que nous avions remises en état après l’attaque dévastatrice de 2024», a déclaré Centerenergo dans un communiqué.
L’opérateur national Ukrenergo a indiqué que le courant serait coupé entre huit et seize heures par jour dans la majorité des régions dimanche, le temps d’effectuer les réparations et de réorienter l’approvisionnement.
La ministre ukrainienne de l’Énergie a décrit la situation comme «l’une des nuits les plus difficiles» depuis le début de l’invasion russe en février 2022.
Bien que la situation se soit partiellement stabilisée, les régions de Kyiv, Dnipro, Donetsk, Kharkiv, Poltava, Tchernihiv et Soumy pourraient continuer à subir des coupures régulières, a déclaré Svitlana Grynchuk samedi soir.
«L’ennemi a mené une frappe massive avec des missiles balistiques, extrêmement difficiles à intercepter. Il est difficile de se souvenir d’un nombre aussi élevé de frappes directes sur des installations énergétiques depuis le début de l’invasion», a-t-elle déclaré au média United News.
Selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andriy Sybiga, des drones russes ont visé deux postes électriques alimentant les centrales nucléaires de Khmelnytskyï et Rivne, situées à environ 120 et 95 km de Loutsk.
«La Russie met délibérément en danger la sécurité nucléaire en Europe. Nous appelons à une réunion d’urgence du Conseil des gouverneurs de l’AIEA pour répondre à ces risques inacceptables», a-t-il écrit sur Telegram samedi soir.
Sybiga a également exhorté la Chine et l’Inde, grands acheteurs de pétrole russe, à faire pression sur Moscou pour qu’elle cesse ses attaques.
Un hiver sans chauffage ?
Sur les 458 drones et 45 missiles lancés par la Russie dans la nuit de vendredi à samedi, la force aérienne ukrainienne affirme avoir abattu 406 drones et neuf missiles.
Des experts estiment que les frappes contre les infrastructures énergétiques font peser un risque de coupures de chauffage à l’approche de l’hiver.
Depuis près de quatre ans, la Russie s’en prend au réseau électrique et thermique ukrainien, détruisant une large partie des infrastructures civiles essentielles.
Selon la société énergétique Naftogaz, l’attaque de samedi était la neuvième de grande ampleur visant le réseau gazier depuis début octobre.
L’École d’économie de Kyiv estime que ces frappes ont interrompu la moitié de la production gazière du pays.
L’expert énergétique Oleksandr Kharchenko a averti mercredi que si les deux centrales de Kyiv cessaient de fonctionner plus de trois jours alors que les températures descendent sous les –10 °C, la capitale serait confrontée à une «catastrophe technologique».
Il a appelé les villes ukrainiennes, généralement alimentées par un chauffage centralisé, à élaborer des plans d’urgence pour empêcher le gel des bâtiments en cas de destruction du réseau.
De son côté, l’Ukraine a intensifié ces derniers mois ses frappes contre les dépôts pétroliers et raffineries russes, dans le but d’affaiblir les exportations énergétiques de Moscou et de provoquer des pénuries de carburant.
Des incendies ont éclaté dans une centrale électrique des régions russes de Koursk et Voronej après des frappes ukrainiennes, ont indiqué dimanche les gouverneurs locaux.
À Belgorod, le gouverneur Viatcheslav Gladkov a déclaré que «le réseau d’électricité et de chauffage a subi de lourds dégâts» dans la capitale régionale, laissant «plus de 20 000 habitants» sans courant.
Les autorités russes ont prolongé jusqu’à fin octobre l’interdiction d’exporter de l’essence pour contenir la flambée des prix du carburant, après les frappes ukrainiennes de l’été sur les raffineries.
AFP



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