Le Liban a fixé à la fin de l’année le délai pour le désarmement des milices sur base d’un calendrier-programme qui sera établi par l’armée et qui sera présenté pour examen au Conseil des ministres, avant le 31 août.

Cette décision, prise en dépit du refus du Hezbollah de tout calendrier-programme pour un désarmement, a été annoncée par le Premier ministre, Nawaf Salam, au terme d’une réunion marathon de près de six heures de son gouvernement. Celle-ci s’est tenue au palais de Baabda, sous la présidence du chef de l’État, Joseph Aoun.

La réunion a été marquée par un débat houleux de plus de deux heures, autour du dossier des armes. Les deux ministres de la Santé, Rakan Nassereddine, et de l’Environnement, Tamara el-Zein, proches du tandem chiite, ont essayé de plaider en faveur d’un débat consensuel autour d’une stratégie nationale de défense, dans le cadre de laquelle la question des armes serait réglée. Leur collègue, Fadi Makki, ministre du Développement administratif, a protesté, à son tour, contre la volonté du gouvernement de fixer un délai pour le désarmement, avant que l’armée présente son plan au Conseil des ministres.

Devant la détermination de la majorité ministérielle à aller de l’avant dans ce dossier, Mme Zein et M. Nassereddine se sont retirés de la séance.

Les propositions américaines jeudi en Conseil des ministres

Jeudi, le gouvernement tiendra une seconde réunion, au cours de laquelle il poursuivra l’examen des propositions américaines, présentées aux autorités libanaises par l’émissaire Tom Barrack. Celles-ci portent principalement sur le désarmement des groupes armés, notamment le Hezbollah, le processus de retrait israélien des cinq points frontaliers et de libération des prisonniers libanais auprès de Tel Aviv. «Après avoir pris connaissance du document présenté par les États-Unis par l'intermédiaire de l'ambassadeur Tom Barrack, en vue de «prolonger et de consolider la déclaration de cessation des hostilités au mois de novembre 2024, afin de favoriser une solution durable et globale» avec Israël, ainsi que des modifications qui y ont été ajoutées à la demande des responsables libanais, le Conseil des ministres a décidé de poursuivre, jeudi, l’examen du document américain», a annoncé M. Salam.

Engagé pour la première fois au Liban, le débat autour du processus du désarmement des groupes armés a été lancé au rythme d’une escalade hezbollahie, destinée à faire pression sur le pouvoir.

Alors que dans la Békaa et dans la banlieue sud de Beyrouth, des convois de mobylettes étaient organisés en signe de protestation contre la volonté officielle et populaire d’en finir avec cette calamité que représentent les armes du Hezb, le chef de cette formation, Naïm Kassem, a haussé le ton, multipliant les menaces et les mises en garde.

Il a averti contre toute tentative de «renoncer à son élément de force (les armes du Hezb) pour céder aux pressions israéliennes».

Avec une arrogance insupportable et au mépris de la volonté de la grande majorité des Libanais, toutes appartenances confondues, Naïm Kassem a tenu un discours dont il ressort, suivant une logique qui va à l’encontre du bon sens, que ce qui convient pour sa formation vaut pour tout le peuple. Il a poussé la suffisance jusqu’à se prévaloir d’un prétendu droit «constitutionnel» pour essayer lamentablement d’endosser le rôle du chef qui croit pouvoir encore imposer ses quatre volontés, en exposant sa propre vision de l’édification d’un État souverain. À cette fin, il s’est lancé dans une argumentation tortueuse, fondée sur une interprétation fantaisiste de l’accord de Taëf et de la Déclaration ministérielle. Ce à quoi le Premier ministre a répondu indirectement lorsqu’il a annoncé, à la fin de la réunion, les décisions relatives au désarmement.

M. Salam a cité presque les mêmes articles de l’accord de Taëf et de la Déclaration ministérielle avancés par Naïm Kassem. Il a aussi repris des passages du discours d’investiture du président Joseph Aoun et des propositions américaines pour mettre en relief la légitimité indiscutable de la décision du gouvernement.

Pendant que le cabinet délibérait au sujet des armes, Naïm Kassem présentait le Hezb, à coups de répétions, comme étant le bouclier du Liban, dans le seul but de justifier l’injustifiable, c’est-à-dire le maintien de ses armes illégales.

Il a affirmé que son groupe «n’accepterait aucun nouvel accord autre que l'accord» de cessez-le-feu conclu le 27 novembre entre le Liban et Israël, et «aucun calendrier-programme de désarmement censé être appliqué sous le feu de l’agression israélienne».

Le chef du Hezbollah a dit vouloir parvenir à un consensus sur la question des armes, à travers un débat sur une stratégie nationale de défense, qu’il s’est bien gardé, naturellement, de développer. La raison est simple: il s’agit, pour le Hezb, de gagner du temps et d’essayer, comme par le passé, d’entraîner les autorités dans un débat stérile destiné à obtenir de nouveaux acquis et des concessions, sans rien lâcher sur l’essentiel. Durant la réunion du Conseil des ministres, Mme Zein et M. Nassereddine ont d’ailleurs essayé d’empêcher leurs collègues de fixer des délais pour un désarmement.

L’avenue Ziad Rahbani

Sur un autre plan, le gouvernement a enfin décidé de débaptiser l’avenue Hafez el-Assad, située sur la route de l’aéroport, qui porte désormais le nom de Ziad Rahbani, le célèbre auteur, compositeur et dramaturge libanais, décédé le 26 juillet dernier.

Il a également donné son feu vert pour l’organisation d’un concours destiné à recruter 25 sapeurs-pompiers relevant de la Direction générale de l’aviation civile.

Le Conseil des ministres a décidé de poursuivre jeudi l’examen des offres soumises au ministère des Télécommunications concernant la fourniture d’Internet par satellite.

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