Mardi 23 décembre, un soldat de l’armée libanaise a été tué lors d’une frappe israélienne visant deux membres du Hezbollah, alors qu’il se trouvait en leur compagnie. Le militaire, Ali Abdallah, sergent-chef au sein du régiment antichars de la Brigade de soutien, figure parmi les victimes militaires tombées dans le cadre de l’escalade en cours au Sud-Liban, marquée par une intensification des frappes israéliennes et une dégradation progressive de la situation sécuritaire. Cette zone, extrêmement sensible, reste le théâtre d’affrontements intermittents et d’une tension permanente.
Une controverse aux répercussions politiques
La mort du sergent-chef a rapidement suscité une polémique autour de sa supposée affiliation au Hezbollah, démentie formellement par le bureau du ministre de la Défense, Michel Menassa, ainsi que par le commandement de l’armée. Selon les informations disponibles, le seul lien établi entre le militaire et les deux membres du Hezbollah se limiterait à des relations de voisinage et d’amitié. Cette précision est d’autant plus importante qu’elle intervient quelques semaines après la publication d’un article dans un média iranien proche du Guide suprême de la République islamique d’Iran, l’ayatollah Khamenei, qui prétendait que 30 % des éléments de l’armée étaient liés au Hezbollah et aux Gardiens de la Révolution iranienne. Cette affirmation avait également été formellement démentie par le commandement de l’armée, qui devra redoubler d’efforts pour maintenir la confiance.
Cette controverse, survenue dans un contexte régional particulièrement tendu, a provoqué l’inquiétude du gouvernement libanais, du commandement de l’armée libanaise, des milieux souverainistes ainsi que de plusieurs partenaires internationaux du Liban, souhaitant à la fois maintenir la stabilité de la région et préserver la crédibilité de l’armée libanaise, qu’ils soutiennent financièrement et logistiquement.
Au-delà des interrogations légitimes, cette polémique a surtout servi le récit stratégique du Hezbollah, qui cherche à affaiblir la crédibilité de l’État libanais en le présentant comme incapable d’assurer la sécurité de ses soldats et de ses citoyens, tout en s’érigeant lui-même en acteur capable d’offrir des garanties sécuritaires à Israël dans le cadre d’arrangements indirects ou de négociations de facto.
Face à cette situation, l’État libanais poursuit un objectif fondamentalement différent : appliquer ses engagements relatifs à la première étape de pacification de la région située au sud du Litani et au désarmement du Hezbollah, préserver la souveraineté du Liban, garantir l’intégrité de son territoire et assurer la sécurité de l’ensemble de ses citoyens.
Réaffirmation du rôle institutionnel
Malgré les tentatives de délégitimation, les institutions libanaises poursuivent leurs efforts pour maintenir ces objectifs. Cette position a été réaffirmée lors d’une réunion tenue à Yarzé, au siège du commandement de l’armée.
À cette occasion, le commandant en chef, le général Rodolphe Haykal, a déclaré avec fermeté que la première phase de pacification de la zone située au sud du Litani approche de son terme. Il a souligné la capacité opérationnelle des forces déployées pour faire face aux prochaines étapes et mis en avant l’importance du soutien apporté par les pays amis du Liban à l’institution militaire. Ces déclarations visent à rappeler aux observateurs nationaux et internationaux que l’armée reste un acteur capable et déterminé dans un contexte régional complexe.
Une escalade inscrite dans un contexte régional élargi
L’intensification des frappes israéliennes intervient alors qu’Israël exprime des inquiétudes croissantes face à une éventuelle attaque iranienne qu’elle soit directe ou menée par l’intermédiaire de ses différents outils de guerre dans la région comme le Hezbollah. Selon le site d’information Axios, les autorités israéliennes craignent que Téhéran ne profite de manœuvres ou d’exercices militaires pour dissimuler une offensive.
Ce scénario renvoie notamment au précédent historique du 6 octobre 1973, lorsque les armées égyptienne et syrienne avaient utilisé des exercices militaires comme couverture pour lancer l’attaque surprise qui marqua le début de la guerre du Kippour.
Dans ce contexte, une réunion est prévue entre le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou à la résidence de Mar-a-Lago, en Floride. Netanyahou exprime son inquiétude que la menace pressante que représentent les missiles balistiques de l’Iran soit sous-estimée au profit de la seule question de l’enrichissement de l’uranium à des fins militaires.
La posture américaine et la quête de stabilité
La réaction officielle du président américain demeure, à ce stade, inconnue. Néanmoins, la stratégie américaine reste axée sur la préservation d’une stabilité régionale conformément à ses objectifs, comprenant la garantie de la sécurité d’Israël. Cette approche s’est récemment matérialisée sur le terrain, le 24 décembre, lors d’une petite opération conjointe avec les forces de sécurité relevant du ministère syrien de l’Intérieur, qui a permis l’arrestation d’un haut responsable du groupe terroriste État islamique, quelques jours après que ce dernier avait revendiqué l’assassinat de deux militaires américains et de leur interprète.
Le Liban face à un tournant stratégique
Tout affaiblissement, réel ou perçu, des institutions libanaises auprès de leurs partenaires occidentaux et arabes profiterait directement au Hezbollah et à l’Iran. Fidèles à une stratégie fondée sur l’usure du temps, ces acteurs cherchent à renforcer leur influence au Liban et à obtenir de meilleures conditions dans les négociations sur le nucléaire iranien.
Un tel scénario risquerait de raviver les assassinats politiques, freiner l’édification d’un État de droit et priver les citoyens de sécurité, tout en compromettant une rare opportunité régionale de paix, de stabilité et de développement durable.




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