Un message de Noël inédit et un appel implicite à la paix au Levant
©Debbie Hill/POOL/AFP

Pour la première fois depuis son retour au pouvoir, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’est adressé directement, hier soir, aux chrétiens du monde entier à l’occasion de Noël. Un message symbolique, prononcé depuis Jérusalem, qui marque un tournant rhétorique notable et qui dépasse largement le cadre d’un simple vœu religieux.


 

En mettant en avant la présence chrétienne en Terre sainte et la liberté de culte garantie en Israël, le chef du gouvernement israélien a cherché à inscrire son discours dans une perspective régionale plus large : celle de la protection des minorités religieuses, de la coexistence confessionnelle et de la stabilité au Levant.

Chrétiens et juifs, une destinée liée au Levant

Le message de Noël de Benjamin Netanyahou rappelle une réalité souvent occultée par les conflits : les chrétiens et les juifs sont des communautés autochtones du Levant, enracinées dans son histoire, sa culture et sa géographie spirituelle. Leur survie et leur épanouissement ne relèvent pas uniquement de considérations religieuses, mais constituent un enjeu civilisationnel et politique majeur.

Dans une région marquée par les guerres, les radicalismes et les effondrements étatiques, la coexistence entre chrétiens et juifs demeure un indicateur clé de stabilité. Là où ces communautés peuvent vivre librement, pratiquer leur foi sans crainte et participer pleinement à la vie publique, les sociétés sont généralement plus ouvertes, plus pluralistes et plus résilientes.

Le Liban, carrefour fragile des équilibres confessionnels

Cette question revêt une importance particulière pour le Liban, pays historiquement fondé sur le pluralisme religieux et la coexistence confessionnelle. L’affaiblissement de l’État, l’exode massif des chrétiens et l’emprise croissante de logiques militaro-idéologiques ont profondément fragilisé cet équilibre.

Dans ce contexte, la paix régionale n’est pas une abstraction diplomatique, mais une nécessité vitale. Pour le Liban, elle conditionne le retour à la souveraineté, à la stabilité économique et à la protection de son modèle pluraliste. Pour Israël, elle représente un horizon stratégique permettant de sécuriser ses frontières nord et d’inscrire ses relations régionales dans une logique durable.

Pourquoi la paix israélo-libanaise est devenue incontournable

Le discours de Benjamin Netanyahou, sans évoquer directement le Liban, s’inscrit dans un moment où les lignes diplomatiques bougent. Les cessez-le-feu, les mécanismes de désescalade et les discussions indirectes ont montré leurs limites. À long terme, seule une paix négociée, fondée sur des intérêts mutuels et des garanties de sécurité réciproques, peut empêcher le Levant de replonger cycliquement dans la guerre.

Pour le Liban comme pour Israël, la poursuite de négociations directes — même discrètes, progressives et pragmatiques — est essentielle. Elles permettent de traiter les questions sécuritaires, territoriales et économiques sans intermédiaires instrumentalisés, et d’ancrer les solutions dans la réalité du terrain.

Un message religieux, un enjeu politique

En s’adressant aux chrétiens pour Noël, Benjamin Netanyahou a envoyé un signal qui dépasse le registre confessionnel. Il a rappelé que la protection des minorités, la liberté religieuse et la coexistence ne sont pas incompatibles avec les impératifs de sécurité, mais qu’elles peuvent au contraire en être le fondement.

Dans un Levant fracturé, où les communautés sont trop souvent instrumentalisées par les conflits, la paix entre Israël et le Liban serait non seulement un tournant stratégique, mais aussi un message d’espoir pour les chrétiens, les juifs et l’ensemble des peuples de la région : celui qu’une coexistence durable reste possible, à condition de la vouloir et de la construire par le dialogue.

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