Premier convoi d'aide vers Gaza, Israël annonce une pause des combats
Un enfant palestinien déplacé portant un sac marche pieds nus dans un camp inondé, suite à de fortes pluies au nord de Deir el-Balah dans le centre de la bande de Gaza le 24 novembre 2024. ©Bashar TALEB / AFP

De premiers camions chargés d'aide ont traversé dimanche la frontière depuis l'Égypte vers la bande de Gaza assiégée et affamée, où Israël a déclaré une pause des combats quotidienne à des fins humanitaires dans plusieurs secteurs.

Des images de l'AFP montrent une file de camions chargés de sacs blancs traversant, du côté égyptien, l'entrée du terminal de Rafah, qui mène au sud du territoire palestinien.

Toutefois, les camions n'entrent pas directement dans la bande de Gaza, où le poste-frontière est fermé depuis plus d'un an, et devront avant cela parcourir quelques kilomètres jusqu'au point de passage israélien de Kerem Shalom pour y être inspectés.

L'armée israélienne avait annoncé plus tôt avoir parachuté de l'aide humanitaire sur Gaza, après des semaines de pression internationale pour permettre l'arrivée de vivres et autres denrées vitales pour la population du territoire palestinien ravagé par plus de 21 mois de guerre.

«Le rêve de ma vie est devenu de manger un morceau de pain et de pouvoir en donner à mes enfants. Chaque jour, mon mari part à l'aube pour essayer de trouver de la farine (…), mais il revient sans rien», a raconté à l'AFP Suad Ishtaywi, une femme de 30 ans qui vit sous une tente à Tal al-Hawa, dans la ville de Gaza (nord).

«Nous avons entendu aux informations que des camions transportant de la farine et de la nourriture allaient entrer à Gaza. Nous espérons que s'ils entrent, ils parviendront jusqu'à nous», a-t-elle ajouté.

Israël, qui assiège la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas le 7 octobre 2023, avait imposé début mars un blocus hermétique au territoire, très partiellement assoupli fin mai, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture et de biens de première nécessité.

L'ONU et des ONG s'alarment à présent d'une flambée de la malnutrition infantile et d'un risque de famine généralisée parmi ses plus de deux millions d'habitants.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a annoncé dimanche «une pause humanitaire dans les centres civils et les couloirs humanitaires pour permettre la distribution de l'aide».

Cette «pause tactique» sera observée quotidiennement, à partir de dimanche, «de 10H00 à 20H00 (7H00 à 17H00 GMT)», à commencer par les zones de Deir-el-Balah, dans le centre de Gaza, al-Mawasi, dans le sud, et la ville de Gaza, dans le nord, où il n'y a pas pour le moment d'opérations militaires», a précisé l'armée.

Samedi, la Défense civile dans le territoire palestinien a indiqué que des bombardements et tirs israéliens avaient tué plus de 50 personnes.

«Un flux constant»

Israël nie tout blocage de l'aide et affirme ne pas être responsable des pénuries, accusant le Hamas de piller les cargaisons et les organisations humanitaires de ne pas les distribuer. Mais ces organisations affirment qu'Israël impose des restrictions excessives à l'entrée de l'aide dans le territoire palestinien, dont elle contrôle les accès.

Dans la nuit, Israël a diffusé les images d'un avion larguant des colis comprenant «sept lots d'aide contenant de la farine, du sucre et des conserves», lors d'une opération menée «en coordination avec des organisations internationales», selon l'armée.

«C'est une étape bienvenue, mais nous devons voir des progrès réels sur le terrain», a déclaré à l'AFP Bushra Khalidi, une responsable de l'ONG Oxfam, en soulignant la nécessité «d'un flux d'aide constant et à grande échelle».

«Nous avons besoin d'un cessez-le-feu permanent, d'une levée complète du siège et de garanties claires que ce ne soit pas simplement un geste temporaire», a-t-il affirmé.

Les parachutages, déjà mis en œuvre en 2024 par plusieurs pays, avaient été décriés par nombre de responsables humanitaires, qui avaient jugé cette méthode dangereuse et de portée limitée.

«Coûteux, inefficaces»

Samedi, le Royaume-Uni a annoncé se préparer à larguer de l'aide et à évacuer des «enfants ayant besoin d'une assistance médicale». Les Émirats ont déclaré qu'ils reprenaient «immédiatement» les parachutages.

Le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a estimé samedi que ces parachutages «ne mettraient pas fin à la famine qui s'aggrave. Ils sont coûteux, inefficaces et peuvent même tuer des civils affamés», a-t-il déclaré.

Samedi, un bateau exploité par le mouvement propalestinien «Flottille pour la liberté» qui se dirigeait vers Gaza chargé d'aide a été intercepté par l'armée israélienne. Israël a indiqué que le navire faisait «route en toute sécurité vers les côtes d'Israël».

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné du côté israélien la mort de 1 219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

En riposte, Israël a lancé une offensive qui a fait au moins 59 733 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

AFP

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