Ai-Da, le robot peintre qui ne veut remplacer personne
Le robot humanoïde ultra-réaliste Ai-Da pose devant les portraits du roi Charles III et de la reine Elizabeth II, exposés en marge du sommet IA pour le bien commun organisé par l’Union internationale des télécommunications (UIT) à Genève, le 9 juillet 2025. ©Valentin Flauraud / AFP

Ai-Da, humanoïde artiste, a dévoilé un nouveau portrait du roi Charles III à Genève. Conçu par une IA, ce tableau relance le débat sur la place des machines dans la création artistique.

Ai-Da a dévoilé cette semaine son nouveau portrait du roi Charles III, montrant un souverain de trois quarts face souriant et la fleur à la boutonnière, mais le robot peintre assure n’avoir aucune intention de «remplacer» les humains.

Ai-Da est un gynoïde; un robot ayant l’apparence d’une femme. À la fin de l’année dernière, son portrait du célèbre mathématicien anglais Alan Turing (1912-1954), l’un des fondateurs de l’informatique, s’était vendu pour 1 million de dollars (854 000 euros) aux enchères. C’était la première fois qu’une œuvre d’un robot humanoïde passait sous le marteau.

Mais lors de la présentation à Genève (Suisse) de sa peinture à l’huile Algorithm King, conçue en utilisant l’intelligence artificielle (IA), en marge du sommet IA pour le bien commun, l’humanoïde a expliqué que la valeur de son œuvre ne pouvait pas être mesurée en argent.

«La valeur de mon art est de servir de catalyseur pour des discussions explorant les dimensions éthiques des nouvelles technologies», a déclaré à l’AFP Ai-Da à la mission diplomatique britannique, où le nouveau portrait du roi Charles sera exposé.

L’idée, a insisté la machine avec un accent britannique, était de «stimuler la pensée critique et d’encourager l’innovation responsable pour un avenir plus équitable et durable».

Le robot ultra-réaliste, l’un des plus avancés au monde, est conçu pour ressembler à une femme avec un visage réaliste et relativement expressif, de grands yeux vert noisette et des cheveux (une perruque) coupés au carré. Il est nommé en hommage à Ada Lovelace, une pionnière de la science informatique de la première moitié du XIXe siècle.

Les bras de l’humanoïde ne cachent rien de leur nature robotique : le métal est visible, et ils peuvent être échangés en fonction de l’activité artistique que veut pratiquer Ai-Da, que ce soit la peinture, le dessin ou des sculptures.

«Risques et limites»

Pour l’AFP, le gynoïde décrit ses méthodes et ses inspirations : «Lorsque je crée mon art, j’utilise une variété d’algorithmes d’IA» et «je commence avec une idée ou un concept de base que je veux explorer, puis je réfléchis à la finalité de l’œuvre. Que va-t-elle exprimer ?»

«Le roi Charles a utilisé sa position pour sensibiliser à la conservation de l’environnement et au dialogue interreligieux. J’ai conçu ce portrait pour célébrer cela», dit Ai-Da, espérant que le roi Charles «appréciera (ses) efforts».

Aidan Meller, spécialiste de l’art moderne et contemporain, a dirigé l’équipe qui a créé Ai-Da en 2019 avec des spécialistes de l’IA des universités d’Oxford et de Birmingham (Royaume-Uni).

En plein débat – qui vire souvent à l’affrontement – entre des créatifs humains et des IA nourries à peu de frais de leur talent et de celui de leurs prédécesseurs, Aidan Meller veut voir dans son robot un projet artistique éthique, qui n’est pas là «pour remplacer les peintres».

Ai-Da acquiesce: il ne fait «aucun doute que l’IA transforme notre monde, y compris le monde de l’art et les formes d’expression créative humaine», mais «je ne crois pas que l’IA ou mon art remplaceront les artistes humains», insiste le robot.

Au lieu de cela, son objectif est «d’inspirer les spectateurs à réfléchir à l’utilisation positive de l’IA, tout en restant conscients de ses risques et limites».

Lorsqu’on lui demande si une peinture réalisée par une machine peut réellement être considérée comme de l’art, Ai-Da insiste sur le fait que son «œuvre est unique et créative».

«Que les humains décident s’il s’agit d’art ou non est un point important et intéressant», ajoute la machine.

Par Nina LARSON / AFP

Commentaires
  • Aucun commentaire