Hanoï: une île-opéra signée Renzo Piano prévue pour 2027
Une île-opéra futuriste signée Renzo Piano s’apprête à transformer Hanoï. ©Ici Beyrouth

À Hanoï, le grand architecte italien Renzo Piano imagine l’Isola Della Musica, un opéra posé sur l’eau entre deux lacs. Ce projet monumental, inspiré d’une coquille d’huître, veut faire rayonner la capitale vietnamienne sur la scène culturelle mondiale.

À l’horizon 2027, un édifice d’un genre nouveau émergera des eaux calmes de Hanoï. Sur une île artificielle entre le West Lake et le Đầm Trị Lake, l’Isola Della Musica, conçue par Renzo Piano et son atelier Renzo Piano Building Workshop (RPBW), se déploiera comme une coque claire, aux lignes organiques et changeantes. Le projet, dévoilé à l’automne 2025, marque une étape majeure pour le Vietnam, qui s’affirme comme un acteur de plus en plus ambitieux dans le domaine de la création architecturale et culturelle.

Le futur complexe abritera une grande salle d’opéra de 1 800 places et une salle de concert de 1 000 places, selon les données publiées par Classic FM et ArchDaily. D’autres sources, comme Yanko Design, évoquent une capacité totale dépassant les 3 000 sièges, en intégrant les espaces polyvalents et les zones d’exposition. Au-delà de la performance technique, l’objectif est clair: offrir à Hanoï une infrastructure culturelle à la hauteur des grandes capitales d’Asie, tout en respectant son identité paysagère et spirituelle.

Situé entre deux points d’eau historiques, le projet s’ancre dans un lieu chargé d’histoire et de symboles. Le West Lake, ou Tây Hồ, est depuis des siècles un espace de promenade, de recueillement et de mémoire pour les habitants de la ville. L’Isola Della Musica ne s’imposera pas comme une forteresse moderne, mais comme une île vivante, traversée de ponts et d’allées publiques. Selon ArchDaily, la création de l’île nécessitera la suppression ou le remodelage d’environ 13.000 mètres carrés de terrain, afin de relier les deux lacs et d’intégrer harmonieusement le nouveau complexe dans le paysage.

Renzo Piano, lauréat du prix Pritzker et créateur de monuments comme le Centre Pompidou, The Shard ou l’Auditorium Parco della Musica à Rome, poursuit ici sa réflexion sur les formes naturelles et la lumière. Il décrit souvent l’architecture comme un «dialogue entre légèreté et gravité», entre la main de l’homme et les lois de la nature. L’Isola Della Musica s’inscrit dans cette philosophie. La structure principale adoptera une coque en béton nervuré, travaillant en compression, inspirée des modèles mathématiques observés dans les coquillages et les structures minérales. La façade sera recouverte de tuiles en céramique irisée, reflétant les nuances du ciel et de l’eau, à la manière de la nacre d’une huître.

Une architecture-poème

Dans les premiers rendus publiés par Renzo Piano Building Workshop, l’ensemble semble flotter, comme un organisme aquatique émergeant à la surface. Les volumes arrondis, presque musiciens eux-mêmes, traduisent une volonté d’harmonie entre la géométrie et la nature. L’inspiration marine, liée à la culture locale de la pêche aux huîtres, confère à l’ouvrage une identité inspirée et profondément vietnamienne.

Tandis que l’opéra de Hanoï, construit en 1911 sur le modèle du Palais Garnier, évoque l’héritage européen de la ville, l’Isola Della Musica porte une vision nouvelle, tournée vers l’innovation et l’ouverture. Porté par le groupe vietnamien Sun Group, déjà acteur majeur de l’aménagement urbain et touristique, le projet s’intègre dans un vaste programme de valorisation des lacs, mêlant développement économique, innovation architecturale et préservation du patrimoine.

Le chantier, estimé à environ 395 millions de dollars selon Yanko Design, mobilisera des technologies avancées pour la construction de l’île et la gestion environnementale. Les ingénieurs de RPBW travaillent sur des solutions de durabilité, notamment pour la régulation thermique, l’isolation acoustique et la gestion des eaux. Le choix des matériaux, la circulation naturelle de l’air et la captation de la lumière figurent au cœur de la conception, fidèle à la recherche d’équilibre chère à Piano.

L’enjeu est aussi symbolique. Dans une ville où la tradition du spectacle vivant remonte à des siècles - du théâtre d’ombres aux marionnettes sur l’eau -, ériger un opéra moderne au milieu d’un lac est une manière poétique de renouer avec cette mémoire. L’eau, élément fondateur de la culture vietnamienne, devient ici scène et fondation.

Si le calendrier est respecté, l’ouverture interviendra en 2027, offrant à Hanoï un nouvel emblème culturel et à l’Asie du Sud-Est un lieu d’exception. L’Isola Della Musica incarnera une architecture ouverte, où un opéra pas comme les autres, aux sonorités aquatiques, dialoguera avec la nature et la ville au cœur de l’eau.

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