
Entre danse classique et héritage africain, le chorégraphe sud-africain Mthuthuzeli November apporte un souffle nouveau à l’Opéra de Paris. Avec sa pièce Rhapsodies, il signe une rencontre inédite entre les codes du ballet et la vitalité des danses urbaines.
Il utilise le classique en y apportant sa signature de danseur de rue d'Afrique du Sud: le chorégraphe Mthuthuzeli November, reconnu dans le monde anglo-saxon, présente pour la première fois son talent en France, avec le Ballet de l'Opéra de Paris (OnP).
L'artiste de 32 ans est l'un des trois chorégraphes au programme des soirées Racines proposées par l'OnP jusqu'au 10 novembre, avec Rhapsodies (musique de George Gershwin), au côté de pièces de George Balanchine et de Christopher Wheeldon.
Dans cette œuvre, dansée pour la première fois par les danseurs de l'OnP (le chorégraphe entre ainsi au "répertoire" de l'institution), il utilise les chaussons de pointes.
Il raconte comment son travail sur le ballet est influencé par la danse africaine et les danses urbaines : «J'aime voir comment ces deux mondes se heurtent, (ou) comment ils se rejoignent». «Parfois, c'est assez beau», résume-t-il.
Sur scène, un décor fait de multiples cadres entourés d'une ligne de néons. Les danseurs évoluent dans «des instantanés de vie»: pas de deux gracieux de deux amants languissants, scènes de groupe jazzy avec la musique qui s'emballe ou moments plus tribaux avec gestes saccadés.
Né dans un milieu pauvre, dans le township de Zolani, près de la ville du Cap, Mthuthuzeli November grandit au sein d'une famille de quatre garçons. Sa mère est ouvrière saisonnière et son père est parti quand il était petit.
L'artiste se souvient d'avoir dès l'enfance «toujours dansé», «beaucoup de danses de rue». Jusqu'au moment où, à 15 ans, il découvre le programme Dance for All d'une professeure qui l'initie à la danse classique.
Après des études des arts de la scène au Cap, il commence à chorégraphier en 2014, avec la Cape Dance Company, puis pour le Ballet Black, une compagnie de danse néo-classique basée à Londres, où il s'est installé il y a dix ans.
Multi-récompensé, il a depuis, entre autres, créé pour le Washington Ballet et le Charlotte Ballet aux États-Unis, le Ballet Zurich en Suisse ou le Royal Ballet au Royaume-Uni.
Son œuvre est éclectique: dans Ingoma, il rend hommage à des mineurs sud-africains en grève; dans Wailers, il célèbre la vie et ses souvenirs d'enfance.
Il «fait partie des chorégraphes qui peuvent nous aider à faire évoluer le vocabulaire académique», témoigne le directeur de la danse de l'OnP, José Martinez, particulièrement sensible aux contemporains qui utilisent les chaussons de pointes.
Avec AFP
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