Nucléaire: l’Iran dément toute demande de dialogue avec Washington
Cette photo fournie par le bureau du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, le 5 juillet 2025, le montre assistant à une cérémonie de deuil à Téhéran à l’occasion du neuvième jour du mois islamique de muharram, précédant l’Achoura, période de dix jours commémorant l’assassinat au VIIe siècle de l’imam Hussein, petit-fils du prophète Mohammad.. ©Bureau du guide suprême iranien / AFP

L'Iran a déclaré mardi qu'il n'avait fait aucune demande de négociations avec les États-Unis, contrairement à ce qu'a affirmé le président américain, Donald Trump, après les attaques israéliennes et américaines contre ses installations nucléaires.

Lundi soir, M. Trump a déclaré que l'Iran souhaitait engager des discussions avec Washington et que des pourparlers étaient prévus, sans toutefois en préciser ni la date ni le lieu.

«Nous avons prévu des discussions avec l'Iran. Ils veulent discuter», a-t-il déclaré à la Maison Blanche, où il rencontrait le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou.

«Ils veulent (nous) rencontrer. Ils veulent trouver une solution. Ils sont très différents aujourd'hui d'il y a deux semaines», a-t-il ajouté.

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, s'est porté en faux contre ces propos, a rapporté mardi l'agence locale Tasnim.

«Aucune demande de rencontre n'a été faite de notre côté à la partie américaine», a-t-il dit.

Israël a lancé le 13 juin une attaque sans précédent contre l'Iran, qui a déclenché une guerre de 12 jours. Le conflit a suspendu des négociations entre Téhéran et Washington engagées en avril pour encadrer le programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions économiques contre l'Iran.

Israël a affirmé agir pour empêcher son ennemi juré de se doter de la bombe atomique. Téhéran a toujours réfuté avoir de telles ambitions.

Le président iranien, Massoud Pezeshkian, fait mardi l'objet de critiques en Iran pour avoir évoqué une reprise des négociations avec les États-Unis, les journaux conservateurs s'offusquant de mots «trop doux» à l'encontre d'un pays qui s'est joint à l'attaque israélienne.

Massoud Pezeshkian, élu sur la promesse de renouer le dialogue avec l'Occident pour obtenir une levée des sanctions, a accordé un entretien à l'animateur américain Tucker Carlson, proche de M. Trump.

Dans cette interview diffusée lundi, il a déclaré que son pays n'avait «aucun problème» à reprendre des discussions avec les États-Unis.

«Est-il juste de s'asseoir à nouveau, sans condition, à la même table que ceux qui ont déjà largué des bombes» sur la diplomatie, feint de s'interroger le quotidien Kayhan, connu pour son hostilité envers l'Occident et son opposition aux pourparlers sur le nucléaire.

Les États-Unis ont bombardé le 22 juin le site souterrain d'enrichissement d'uranium de Fordo, au sud de Téhéran, et des installations nucléaires à Ispahan et Natanz (centre). L'étendue précise des dégâts n'est pas connue.

«Face à un ennemi dont les mains sont tachées jusqu'aux coudes du sang de notre peuple (...), n'y a-t-il pas d'autre solution que de rester ferme?», écrit Kayhan, dont le directeur est désigné par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, ultime décideur pour la politique étrangère.

Selon un nouveau bilan dont a fait état lundi la télévision d'État, au moins 1.060 personnes ont péri en Iran durant la guerre.

Le quotidien conservateur Javan regrette des propos «un peu trop doux et gentils» du président iranien.

«Le véritable sens d'une conversation avec un présentateur américain est transmis lorsque les mots montrent la colère du public et sa méfiance totale envers l'Amérique», argue Javan.

Le journal réformiste Ham Mihan salue pour sa part «la démarche positive» de Massoud Pezeshkian.

«Cette interview aurait dû être réalisée depuis longtemps» écrit le quotidien, estimant que «les responsables iraniens sont malheureusement absents depuis longtemps de l'espace médiatique international et américain».

AFP

 

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