Équitation: Jad el-Dana plane à Ocala et signe un triomphe historique pour le Liban
Un cri, un saut, un drapeau : Jad el-Dana entre dans l’histoire. ©Photo tirée du compte Instagram de Jad el-Dana

Le cavalier libanais Jad el-Dana a remporté, ce weekend, le prestigieux Grand Prix CSI4* d’Ocala en Floride, s’imposant avec brio face à une concurrence internationale de haut niveau. Une victoire qui fait entrer le drapeau libanais dans le cercle fermé des grandes nations du jumping.  

C’est à 9.354 kilomètres de Beyrouth que le Liban a signé l’une de ses plus belles pages sportives de l’année. 

Le Liban au sommet d’un CSI4*

À Ocala, au mythique World Equestrian Center, devant des tribunes combles et un public suspendu aux barres, Jad el-Dana a fait retentir les couleurs libanaises en s’adjugeant le Grand Prix Florida Coast Equipment CSI4* doté de 185.000 dollars. En selle sur son fidèle Itchcock des Dames – un selle belge de dix ans, croisement entre Marius Claudius et Unième des Dames – le cavalier libanais a survolé les deux manches sans faute, bouclant le jump-off en 39,56 secondes. Résultat: la première marche du podium, 61.050 dollars de prime, et l’admiration d’un paddock rompu aux grandes performances.

Une victoire au courage, au flair, et à la vitesse

Le parcours imaginé par l’Irlandais Alan Wade a mis à rude épreuve les 25 duos venus de 12 nations. Temps serré, triples combinaisons piégeuses, lignes techniques: seuls cinq cavaliers ont réussi à décrocher leur ticket pour le barrage. Parmi eux, l’Australienne Lauren Balcomb, l’Argentin Luis Pedro Biraben, l’Américain Tanner Korotkin, le Brésilien Gabriel Matos Machado… et Jad el-Dana, représentant unique d’un Liban plus que jamais ambitieux.

«J’étais septième à partir, il y avait déjà un sans-faute, donc je savais que d’autres allaient suivre. Le temps était juste, les fautes pleuvaient partout. Le triple était exigeant, et les doubles assez piégeux», a confié El-Dana après coup.

Dans le barrage, Balcomb a mis la pression avec un chrono de 41,40 secondes malgré une faute. Puis est venu le tour du Libanais. «Au départ, on a trébuché un peu sur le premier obstacle. J’ai dû adapter mon plan en cours de route. Je pensais avoir perdu du temps, donc j’ai tout donné sur la fin. Dans la dernière ligne, c’était 9 foulées pour la plupart, mais j’ai choisi d’en faire 8. J’ai dit: je veux cette victoire, je la prends», a-t-il raconté. Et il l’a prise, avec panache.

Jad el-Dana, le porte-étendard du saut libanais

Le succès d’El-Dana dépasse le cadre sportif. Installé depuis plusieurs années aux États-Unis, formé dans les meilleures structures, il incarne la génération montante du sport équestre libanais. Encore inconnu du grand public il y a peu, il signe ici sa première victoire en Grand Prix CSI4* – une performance historique, symbolique et inspirante. Rares sont les cavaliers libanais à avoir même participé à un tel niveau.

«Je ne peux pas y croire. Je ne dirais pas que je ne m’y attendais pas du tout, mais je ne pensais pas vraiment gagner. Maintenant que c’est fait, je suis aux anges», a-t-il avoué, encore ému.

Paris en ligne de mire?

Cette performance à Ocala n’est pas un feu de paille. Elle ouvre des perspectives: circuit CSI5*, championnats du monde et, pourquoi pas, Jeux olympiques. Le Liban, souvent cantonné à l’ombre des grandes nations équestres, peut désormais rêver plus haut. Grâce à des talents comme El-Dana, soutenus par des partenaires engagés, le rêve n’est plus si lointain.

À Ocala, dans le temple américain du jumping, Jad el-Dana n’a pas seulement gagné un Grand Prix. Il a inscrit le Liban sur la carte mondiale du saut d’obstacles. Il a monté Itchcock comme un chef, affronté les meilleurs et conquis les tribunes. Mais surtout, il a incarné, à cheval et tête haute, le Liban que des millions de Libanais espèrent, réclament, désespèrent de retrouver: un Liban libre, moderne, souverain, débarrassé des dogmes poussiéreux, des causes arabes depassées, des slogans creux, des hameaux stratégiques et des partis qui l’enchaînent depuis trop longtemps. Il n’avait ni kalachnikov, ni turban, ni discours grandiloquent: juste un cheval, du talent et un drapeau qu’il a hissé au sommet à la force des rênes.

Ce soir-là, c’est une certaine idée du Liban qui a triomphé. Et elle n’a rien d’un mirage. Une victoire d’orgueil, de précision et d’espoir. Le Liban peut être fier. Et le monde du cheval vient d’en prendre bonne note.

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