
Le mandat des quatre vice-gouverneurs de la Banque du Liban (BDL) expirera le 11 juin, tout comme celui du président et des membres de la Commission de contrôle des banques, ainsi que celui de trois experts siégeant au sein de l’Autorité des marchés financiers.
Conformément à l’article 18 du Code de la monnaie et du crédit, «le gouverneur de la Banque du Liban est nommé pour six ans par décret en Conseil des ministres, sur proposition du ministre des Finances. Les vice-gouverneurs, quant à eux, sont nommés pour cinq ans, également par décret, sur proposition du ministre et après consultation du gouverneur».
Dans ce contexte, le gouverneur de la BDL, Karim Souhaid, a refusé de s’engager dans des discussions informelles ou dans des tractations politiques concernant les noms ou la répartition des postes, se contentant de formuler un avis purement technique.
Pour sa part, le ministre des Finances, Yassine Jaber, a assuré que les nominations en question seront effectuées prochainement, notamment celles des vice-gouverneurs et des membres de la Commission de contrôle des banques, qu’il a qualifiés de maillons clés pour faire avancer les réformes et poursuivre les discussions avec le Fonds monétaire international (FMI).
Après la nomination de Georges Maarawi, ancien directeur général des affaires foncières, à la tête du ministère des Finances, le gouvernement s’apprête à finaliser dans les prochains jours les principales nominations à caractère financier.
Les principaux noms commencent à se préciser: le président de la Chambre, Nabih Berry, a confirmé la reconduction de Wassim Mansouri au poste de premier vice-gouverneur – une décision qu’il a lui-même communiquée au gouverneur de la BDL.
Quant à l’ancien chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, il aurait décidé de proposer Makram Bou Nassar, directeur exécutif à la BDL, pour le poste de deuxième vice-gouverneur, réservé à la communauté druze, en remplacement de Bachir Yakzan, proche du chef du Parti démocratique libanais (PDL), Talal Arslane.
La décision concernant le siège sunnite, actuellement occupé par le troisième vice-gouverneur Salim Chahine, n’a pas encore été tranchée, pas plus que celle liée au poste de quatrième vice-gouverneur, traditionnellement réservé à la communauté arménienne, où le parti Tachnag pourrait reconduire Alexandre Mouradian.
Toutefois, un scénario alternatif reste envisageable, à savoir le renouvellement complet de l’équipe actuelle – une option défendue par le président Joseph Aoun lors de ses échanges avec le gouverneur Souhaid.
Parmi les candidats pressentis pour le poste de premier vice-gouverneur figurent Hassan Saleh, directeur général de la Banque Audi, et Rabih Nehmé. Quant au quatrième siège, il reste l’apanage du parti Tachnag, seul habilité à désigner son titulaire.
La présidence de la Commission de contrôle des banques (CCB), traditionnellement réservée à la communauté sunnite, suscite elle aussi des convoitises. Le nom de l’économiste Mazen Soueid gagne en faveur, même si d’autres prétendants sérieux restent en lice, parmi lesquels Salim Chahine, actuel premier vice-gouverneur de la Banque du Liban (BDL), et Mohammad Ali Hassan, directeur du département de comptabilité à la BDL et membre du collectif «Irada».
La composition définitive de la Commission n’a pas encore été arrêtée. Parallèlement, les discussions se poursuivent autour de la désignation de trois experts devant siéger à l’Autorité des marchés financiers, en remplacement éventuel de Wajeb Kanso, Fouad Choucair et Walid Kaddoura.
Fort d’un doctorat en économie de l’Université Brown et de plus de vingt-cinq années d’expérience, Mazen Soueid jouit d’une réputation technique solide. Président-directeur général de l’Agence de développement des investissements au Liban (IDAL), il a travaillé pour Deutsche Bank à Londres puis à New York, ainsi que pour BankMed, et siégé au conseil d’administration de plusieurs banques libanaises. Il a également exercé au FMI et dirigé des missions dans une vingtaine de pays en Asie, Amérique latine, Moyen-Orient et Afrique, couvrant notamment la politique monétaire, la gestion de la dette publique, la restructuration bancaire et le développement des marchés financiers.
Une fois les nominations entérinées, la structure de gouvernance financière sera au complet: aux côtés du gouverneur Karim Souhaid siégeront ses futurs vice-gouverneurs, les directeurs généraux des Finances, Georges Maarawi, et de l’Économie, Mohammed Abou Haidar, tous membres du Conseil central de la BDL. L’équipe sera complétée par la CCB et le commissaire du gouvernement auprès de la Banque.
Cependant, les pressions du FMI continuent de peser sur le processus. Selon diverses sources, l’ancien vice-Premier ministre Saadé Chami appuie la candidature de plusieurs experts libanais travaillant actuellement au sein de l’institution de Washington, dont Mohammed Jazini, responsable du département des risques au FMI, ainsi que Rachid Awad, spécialiste des marchés financiers. Le nom de Marwan Mikhael, brièvement membre de la Commission en 2020 avant son départ pour Washington, revient également dans les discussions.
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