
Animations, échanges, personnalités et émotions: la Journée mondiale sans tabac a été célébrée avec éclat à l’hôpital universitaire Saint-Joseph. Une initiative salutaire et résolument tournée vers un Liban sans fumée.
Dans le hall lumineux de l’hôpital universitaire Saint-Joseph, ce n’était pas le bruit des chariots ni les pas pressés du personnel médical qu’on entendait ce vendredi, mais des éclats de voix, des rires et parfois des confidences soufflées tout bas. Pour marquer la Journée mondiale sans tabac, l’établissement avait troqué le silence des soins contre l’animation d’une mobilisation collective pour le sevrage tabagique.
Un parcours informatif et interactif
Tout au long de la journée, une série de stands d’information ont accueilli un public varié: fumeurs repentis, curieux sceptiques, jeunes étudiants ou simples accompagnants happés par l’ambiance.
L’ONG LiveLunger s’est chargée de rappeler, preuves à l’appui, les ravages du tabac. Synergia, partenaire de l’événement, a présenté les méthodes d’arrêt les plus efficaces. «L’objectif était d’offrir des réponses concrètes, sans jugement, dans une atmosphère humaine et motivante», explique Leila Abou Habib, organisatrice de l’événement et spécialiste en arrêt du tabac. Des professionnels de santé ont animé avec pédagogie des espaces consacrés à la nutrition, à la maîtrise du poids, mais aussi à l’accompagnement psychologique, levier souvent sous-estimé d’une démarche réussie.
Trois axes pour mieux arrêter
Répartis dans plusieurs zones bien identifiées, les spécialistes ont animé avec clarté et bienveillance trois pôles essentiels:
• La diététique et la gestion du poids, pour accompagner les ex-fumeurs dans leur transition sans prise de kilos superflus.
• Le soutien psychologique, souvent relégué au second plan, mais essentiel pour une cessation durable.
• La prévention des méfaits du tabac, avec un langage accessible et des supports visuels percutants.
Des témoignages révélateurs
«Je pensais que cette journée allait être culpabilisante, mais c’est tout l’inverse. J’ai eu des réponses concrètes à mes questions», raconte Randa, 38 ans, fumeuse occasionnelle, venue «juste pour observer», mais repartie avec un rendez-vous pour un premier accompagnement.
«Je suis fumeur depuis trente ans, mais pour la première fois, je repars avec un vrai plan», confie Tony, la cinquantaine, en serrant dans sa main un dépliant sur les thérapies comportementales. À ses côtés, Tania, 25 ans, tout juste sortie d’un atelier sur les effets du tabac sur la fertilité, lâche dans un demi-sourire: «Je croyais que j’étais juste une fumeuse sociale… Je viens de comprendre que je suis accro. Mais j’ai aussi compris que je pouvais changer.»
Un événement festif et marquant
La réussite de cette journée tenait aussi à son ambiance humaine et joyeuse. Activités ludiques, quiz, tests de santé, distribution de cadeaux… Dans une atmosphère détendue et bienveillante, les messages de santé publique sont passés avec douceur, sans culpabilisation. Une formule manifestement gagnante.
Une mobilisation de figures publiques
Le rayonnement de l’événement a aussi été renforcé par la présence de plusieurs figures engagées dont Abir Alamé, présidente de l’Ordre des infirmières, Me Auguste Bakhos, président de la municipalité, Elsa Yazbek, présidente de l’ONG TFI, Clémence Achkar, Miss Liban, et l’acteur Youssef Haddad, très sollicité pour les selfies.
Mais c’est Elsa Yazbek qui a rappelé, avec gravité, l’urgence du combat: «Le tabac est la première cause évitable de mortalité dans le monde. Il est temps que la société libanaise se libère de cette dépendance.»
Des mots, des gestes… et des graines semées
Au fil de la journée, les visiteurs ont pu participer à des animations thématiques, remporter des prix et bénéficier de bilans de santé gratuits, le tout dans une atmosphère conviviale et ouverte, loin du ton moralisateur souvent associé à la lutte antitabac.
Un message fort, dans un pays où la cigarette est encore perçue comme un réflexe banal, voire socialement valorisé. En clôture, l’hôpital Saint-Joseph a réaffirmé son engagement ferme pour une société en meilleure santé, saluant la diversité des participants, la qualité des échanges et l’implication des partenaires.
Une promesse d’air pur
Car oui, ce vendredi, le tabac a reculé. Ce vendredi, des dizaines de Libanais sont repartis avec une graine semée: celle de la décision d’arrêter. Et ce n’est pas rien. Dans un Liban fatigué, désabusé, parfois résigné, cette journée a montré que la santé peut redevenir un choix conscient, collectif et joyeux. Cette journée n’était pas seulement un événement; c’était un signal fort, une promesse, un souffle d’air pur dans un pays qui en manque cruellement.
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