
Les Bourses mondiales chutent vendredi après que Donald Trump a menacé d'imposer 50 % de droits de douane aux produits issus de l'Union européenne importés aux États-Unis à compter du 1er juin, les investisseurs craignant que cela provoque une récession.
"Il est très difficile de traiter avec l'UE, qui a été créée en premier lieu pour profiter des États-Unis d'un point de vue commercial. (...) Nos discussions ne vont nulle part. Dans ces conditions, je recommande d'imposer 50 % de droits de douane sur l'UE, à compter du 1er juin. Il n'y a pas de droits de douane sur les produits fabriqués aux États-Unis", a écrit le président américain sur sa plateforme Truth Social.
La Maison Blanche avait initialement prévu de taxer les produits européens à hauteur de 20 %, avant d'annoncer dans la foulée une pause de 90 jours sur les droits de douane au-delà de 10 %, le temps de laisser les négociations arriver à leur terme.
Cette pause devrait s'achever théoriquement début juillet.
Dans le sillage de ces annonces qui ont pris les marchés par surprise, les Bourses européennes se sont enfoncées en terrain négatif : vers 14h00 GMT, la Bourse de Paris chutait de 2,04 %, après avoir perdu brièvement plus de 3 %, Francfort reculait de 1,64 % et Milan de 1,97 %. Londres perdait 0,50 %, et Zurich 0,80 %.
À Wall Street, l'indice élargi S&P 500 abandonnait 1,01 %, le Nasdaq 1,29 % et le Dow Jones 0,80 %.
"Les investisseurs anticipent le fait que les droits de douane vont faire plonger les deux zones économiques en récession, en bloquant les échanges commerciaux", a commenté auprès de l'AFP Aurélien Buffault, gérant obligataire de Delubac AM.
Face à cette situation, le marché s'attend à ce que les banques centrales américaine et européenne réagissent, de manière à éviter un trop fort ralentissement économique des États-Unis et du Vieux Continent, notamment avec des baisses de leurs taux directeurs, a aussi expliqué M. Buffault.
Les investisseurs se ruaient vers des valeurs refuge, comme les obligations, qui plus est à l'approche d'un week-end de trois jours aux États-Unis, où Wall Street restera fermée lundi.
Le rendement obligataire de l'emprunt allemand sur 10 ans atteignait 2,56 % vers 14h00 GMT, contre 2,64 % la veille à la clôture, et le taux des OAT françaises était à 3,25 %, contre 3,32 % jeudi.
Leur équivalent américain se situait à 4,50 %, après avoir terminé à 4,53 % jeudi.
Sur le marché des changes, le billet vert reculait de 0,35 % par rapport à la monnaie unique, à 1,1321 dollar pour un euro, vers 14h00 GMT.
Apple menacé
Le président américain a aussi menacé vendredi d'imposer "au moins 25 %" de droits de douane à Apple, si l'entreprise ne fabrique pas ses iPhone aux États-Unis, faisant reculer l'action du géant technologique de 2,64 % à New York (à 196,22 dollars).
Les banques plient
"Les banques peuvent baisser en Bourse face au retour des craintes de risques de récession", commente Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marchés chez IG France.
"Des baisses de taux des banques centrales sont habituellement positives pour le secteur, mais si elles interviennent pour soutenir l'économie, cela signifie que l'activité bancaire peut ralentir", avec moins de demande pour les crédits par exemple, a-t-il poursuivi.
À la cote européenne, Société Générale reculait de 3,15 %, Crédit Agricole de 2,50 %, BNP Paribas de 2,21 %, Intesa Sanpaolo cédait 2,79 %, Monte dei Paschi di Siena 2,72 %, UniCredit 2,48 % et Barclays abandonnait 1,40 %, tout comme Lloyds.
Le luxe et l'automobile lâchés
Les titres des valeurs du luxe, particulièrement dépendantes des exportations vers les États-Unis, reculaient fortement, à l'image de Kering (-3,90 %), Hermès (-4,14 %) et LVMH (-3,16 %) à la Bourse de Paris. À Londres, Burberry cédait 3,64 % et Moncler 2,70 %.
Le constructeur automobile Stellantis, lui aussi très présent aux États-Unis, cédait 4,74 % à Paris. À Francfort, BMW perdait 4,30 %, Porsche 4,18 %, Mercedes-Benz 3,95 %, Daimler Truck 3,01 % et Volkswagen 2,61 %.
Les équipementiers du secteur reculaient aussi fortement, à l'image de Forvia (-3,42 %) et Valeo (-3,24 %) à Paris. À Francfort, Continental lâchait 3,43 %.
Par Florian Cazers / AFP
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