
Edan Alexander, âgé de 21 ans, est le seul otage vivant de nationalité américaine encore détenu dans la bande de Gaza. Enrôlé dans une unité d’élite de l’armée israélienne après avoir émigré depuis le New Jersey en 2022, il a été capturé par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre 2023.
Dans une déclaration diffusée dimanche, le porte-parole des Brigades al-Qassam, bras armé du Hamas, a annoncé: «Les Brigades al-Qassam ont décidé de libérer le soldat sioniste de nationalité américaine le lundi 12 mai 2025». Le groupe palestinien a également publié ce message en arabe sur Telegram, sans donner davantage de détails sur les modalités ou la date de la libération.
Fait inédit: cette remise en liberté s’inscrit dans le cadre de négociations directes entre le Hamas et les États-Unis, confirmées par plusieurs sources et saluées comme une avancée majeure.
L'envoyé spécial du président américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, qui a mené les discussions, a confirmé à NBC News qu’il se rendait en Israël pour «récupérer Edan, probablement demain (lundi)». Il a également informé les parents du jeune otage de sa prochaine libération.
Witkoff se trouve actuellement à Oman, où il a tenu dimanche des pourparlers avec l’Iran.
Selon deux sources proches des discussions, citées par Axios, l’émissaire américain mène depuis plusieurs jours des négociations avec le Qatar, l’Égypte et le Hamas, non seulement pour un accord sur Gaza, mais aussi dans le cadre de «discussions de paix plus larges».
Un geste stratégique à la veille de la visite de Trump
La décision du Hamas intervient à la veille du déplacement de Donald Trump au Moyen-Orient, prévu du mardi au vendredi, avec des étapes en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et au Qatar – ce dernier étant l’un des principaux médiateurs dans le conflit israélo-palestinien. Selon plusieurs sources diplomatiques, cette libération serait un geste politique du Hamas envers le président américain, dans l’espoir de relancer un processus de cessez-le-feu à Gaza.
Dans un communiqué publié dimanche, le Hamas a indiqué que cette libération s’inscrit dans une dynamique plus large de recherche d’un accord global. «La libération d’Edan Alexander fait partie des étapes entreprises pour établir un cessez-le-feu, ouvrir les points de passage et permettre l’entrée de l’aide humanitaire», a affirmé Khalil al-Hayya, dirigeant du Hamas.
Le mouvement palestinien s’est dit prêt à «entamer immédiatement des négociations intensives en vue de parvenir à un accord définitif sur l'arrêt de la guerre, l’échange de prisonniers, la gestion de Gaza par un organisme indépendant, ainsi que la reconstruction et la levée du blocus».
Pour sa part, Donald Trump s’est félicité de l’annonce de la libération d’Alexander. «Il s’agit d’un geste de bonne foi envers les États-Unis et les efforts des médiateurs – le Qatar et l’Égypte – pour mettre fin à cette guerre particulièrement brutale et permettre le retour de TOUS les otages vivants ainsi que des dépouilles à leurs proches», a-t-il écrit sur la plateforme Truth Social. Le président américain a également souligné l’urgence humanitaire à Gaza, déclarant lundi: «Les habitants de Gaza sont affamés et nous allons les aider à obtenir de la nourriture».
Des sources citées par Axios ont indiqué que la Maison-Blanche déploierait des efforts considérables pour parvenir à une percée dans les négociations en vue d’un nouvel accord sur Gaza avant le départ de Trump.
Israël, de son côté, a fixé la fin du voyage présidentiel comme date butoir pour un nouvel accord sur les otages et un cessez-le-feu à Gaza. Faute d’accord, l’État hébreu menace de lancer une vaste opération visant à raser et à occuper l’enclave et à en déplacer l’ensemble de la population.
Israël informé a posteriori?
«Les États-Unis ont informé Israël de l'intention du Hamas de libérer l'otage israélo-américain comme un geste envers les Américains, sans condition ni contrepartie», a indiqué le bureau du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, dans un communiqué.
Contrairement aux accords précédents négociés via des tiers, Israël n’aurait pas été directement impliqué dans cet arrangement qu’il aurait appris par ses services de renseignement, selon des sources anonymes citées par Axios. L’État hébreu a néanmoins accepté d’ouvrir un couloir sécurisé pour permettre la libération d’Alexander, tout en refusant toute trêve ou libération de prisonniers palestiniens.
«Israël ne s'est engagé à aucun cessez-le-feu ni à la libération de terroristes, mais uniquement à assurer un couloir sécurisé permettant la libération d'Edan», a déclaré lundi Netanyahou. Ce dernier a, par ailleurs, affirmé que cette opération avait été rendue possible grâce à la «politique vigoureuse que nous avons menée avec le soutien du président Trump».
Les États-Unis auraient indiqué à Israël que cette initiative devrait ouvrir la voie à des négociations pour la libération des autres otages, selon le plan initial présenté par Witkoff – un plan déjà accepté par l’État hébreu.
Une libération emblématique, des enjeux persistants
Sur les 251 otages capturés le 7 octobre, 58 sont toujours retenus à Gaza, dont 34 sont présumés morts par l’armée israélienne. Quatre des otages décédés étaient également citoyens américains.
Depuis l’effondrement du dernier cessez-le-feu en mars, Israël a intensifié ses attaques dans la bande de Gaza où le ministère de la Santé recense plus de 52.800 morts, majoritairement des civils. Le territoire reste sous blocus et les livraisons d’aide humanitaire sont quasiment inexistantes.
À l’intérieur d’Israël, les manifestations se multiplient pour exiger la fin de la guerre et la libération de tous les otages. Mais Netanyahou reste inflexible. «Sauver les otages est une priorité, mais nous devons détruire le Hamas», a-t-il déclaré dimanche à huis clos devant la commission des affaires étrangères et de la défense du Parlement.
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