Un ministre israélien veut accélérer un plan de colonisation en Cisjordanie
Des soldats israéliens patrouillent dans le camp de Tulkarem pour réfugiés palestiniens après l’émission d’un ordre d’évacuation à l’intention des résidents dont les maisons doivent être démolies le 26 mai 2025, dans le cadre de l’offensive israélienne en cours en Cisjordanie occupée. ©Jaafar Ashtiyeh / AFP

Un ministre israélien d'extrême droite a appelé jeudi à accélérer un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie et à annexer ce territoire palestinien occupé par Israël, en riposte aux annonces de plusieurs pays de reconnaître un État palestinien.

L'ONU et l'Union européenne ont appelé Israël à ne pas appliquer ce projet, baptisé E1, qui selon ses détracteurs couperait la Cisjordanie en deux et empêcherait définitivement la création d'un éventuel État palestinien disposant d'une continuité territoriale.

«Ceux qui veulent aujourd'hui reconnaître un État palestinien recevront une réponse de notre part sur le terrain.(...) Par des faits concrets: des maisons, des quartiers, des routes et des familles juives qui construisent leur vie», a déclaré le ministre israélien des Finances Bezalel Smotrich.

«En ce jour important, j'appelle le Premier ministre Benjamin Netanyahu à appliquer la souveraineté israélienne en Judée-Samarie, à abandonner définitivement l'idée d'une partition du pays et à faire en sorte que d'ici septembre, les dirigeants hypocrites européens n'aient plus rien à reconnaître», a-t-il dit.

M. Smotrich faisait référence au nom biblique de la Cisjordanie utilisé par les Israéliens.

Israël occupe la Cisjordanie depuis 1967. Quelque trois millions de Palestiniens y vivent, aux côtés d'environ 500.000 Israéliens installés dans des colonies, illégales au regard du droit international.

«Si vous reconnaissez un Etat palestinien en septembre, notre réponse sera l'application de la souveraineté israélienne sur toutes les parties de Judée-Samarie», a-t-il menacé.

Le ministre s'exprimait lors d'un événement organisé dans la colonie de Maalé Adoumim, pour faire le point sur l'avancée du projet E1.

L'Autorité palestinienne basée à Ramallah en Cisjordanie a «condamné fermement» ce projet et «appelé à une intervention internationale et des sanctions pour arrêter sa mise en œuvre».

«La construction dans la zone E1 est une continuation des plans d'occupation visant à anéantir toute possibilité d'établir l'État palestinien», a-t-elle affirmé.

L'ONG israélienne anticolonialiste La Paix maintenant, a dénoncé un «plan fatal pour l'avenir d'Israël et pour toute chance d'une solution à deux États» du conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies.

Selon elle, un accord final au plan sera discuté mercredi prochain par un comité technique dépendant du ministère de la Défense et, après toutes les étapes bureaucratiques, «il pourrait être mis en place d'ici quelques mois avec des constructions dans un an environ». L'ONG affirme que ce comité a déjà rejeté toutes les objections légales au projet.

Le patron de l'ONU, Antonio Guterres, a averti que ce projet, «s'il se concrétisait» «mettrait fin aux perspectives d'une solution à deux États» et couperait le nord du sud de la Cisjordanie».

«La décision des autorités israéliennes de faire avancer le plan de colonisation E1 sape davantage la solution à deux États tout en constituant une violation du droit international», a déclaré la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne Kaja Kallas.

Face à la poursuite de l'offensive israélienne et du désastre humanitaire à Gaza, ravagée par plus de 22 mois de guerre, plusieurs pays occidentaux, dont la France, le Royaume-Uni et le Canada ont dit envisager de reconnaître un État de Palestine, à l'occasion de l'Assemblée générale de l'ONU en septembre.

Mais une telle reconnaissance sera largement symbolique en raison du refus d'Israël de la création d'un tel État auquel aspirent les Palestiniens. Ces derniers ambitionnent de l'établir sur les territoires de Cisjordanie et de Gaza avec comme capitale Jérusalem-Est, annexée par Israël.

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

 

Avec AFP

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