Offensive totale à Gaza: Israël prépare l’assaut final, la diplomatie au pied du mur
Des troupes israéliennes sont déployées à un poste près de la frontière entre Israël et la bande de Gaza, le 5 mai 2025. ©(Menahem KAHANA/AFP)

Alors que la guerre à Gaza entre dans une nouvelle phase, peut-être la dernière, Israël étend ses opérations militaires tout en répondant à une nouvelle menace «aérienne» des Houthis. Dans ce contexte, la situation humanitaire déjà déplorable à Gaza continue de se détériorer, tandis que la diplomatie demeure paralysée face à une escalade sans fin.

Alors que les combats redoublent d’intensité à Gaza, la situation régionale continue de se détériorer. Depuis la première frappe «réussie» des Houthis contre Tel-Aviv et des frappes de rétorsion israéliennes contre ces derniers au Yémen, l’escalade, couplée à une impasse diplomatique, rend la situation de plus en plus incontrôlable.

Le ciel israélien redevient ainsi une zone de confrontation, après que les Houthis ont de nouveau intensifié leurs attaques contre Israël. Le 4 mai, un missile balistique tiré depuis les zones qu’ils occupent au Yémen a frappé près de l’aéroport Ben Gourion, à Tel-Aviv, après avoir réussi à outrepasser la défense antimissile israélienne. L’incident a entraîné une suspension temporaire du trafic aérien et provoqué une vague de panique. Mais surtout, c’est la première fois qu’une frappe houthie réussit à cibler un site stratégique israélien.

En réponse à cette attaque, plusieurs compagnies aériennes internationales ont suspendu leurs vols vers Israël, accentuant la pression sur un pays déjà plongé dans un conflit d’une ampleur inédite. Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, a réagi fermement, annonçant des représailles «massives» contre les Houthis et leurs soutiens régionaux. «Ce ne sera pas un seul boum, mais beaucoup de boums», a-t-il promis, mettant en évidence la volonté d’Israël de mener une guerre totale pour mettre fin à la menace.

Réponse militaire conjointe

Le 5 mai, Israël, conjointement avec les États-Unis, a mis à exécution ses menaces. Selon des sources israéliennes, plusieurs frappes aériennes ont été menées contre le port de Hodeïda, un hub stratégique de la mer Rouge, ainsi que contre des installations de production d’armements utilisées par le groupe soutenu par l’Iran.

Un responsable israélien a déclaré aux médias de l’État hébreu que les frappes, d'une grande puissance – avec près d’une cinquantaine de munitions larguées – marquent un tournant dans le conflit, visant à anéantir les capacités militaires des Houthis. «Les jeux sont terminés», a-t-il averti, signalant l’intensification des hostilités.

Le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a ensuite déclaré sur X que les objectifs visés étaient considérés «comme une source centrale de revenus pour le régime terroriste des Houthis, car le port de Hodeïda est utilisé pour transporter l'équipement de combat iranien, l'équipement militaire et d'autres besoins militaires».

 

Peu après l’attaque contre Hodeïda, l'agence de presse Saba, affiliée aux Houthis, a indiqué que des bombardements américains ont visé la capitale Sanaa et la route de l'aéroport de la ville. Al-Masirah, autre média proche du groupe, a rapporté sept autres frappes dans le gouvernorat du nord d'Al-Jawf.

«Chariots de Gédéon»

En parallèle, Israël a annoncé une extension majeure de son offensive terrestre à Gaza. Le cabinet de sécurité israélien a validé une opération appelée «Chariots de Gédéon», visant à prendre le contrôle total de l’enclave et à organiser l’évacuation forcée de ses habitants, selon les termes du Premier ministre.

L’opération terrestre devrait débuter sous peu, avec plusieurs milliers de réservistes appelés en renfort. Ce plan représente un tournant stratégique majeur, avec l’objectif affiché de neutraliser définitivement le Hamas, sans considération apparente pour les conséquences humanitaires.

Blocus humanitaire sous contrôle militaire

Car sur le terrain, la situation atteint un point critique. Israël maintient un blocus quasi total sur l’aide humanitaire, qu’il conditionne à des «garanties sécuritaires». L’idée d’un couloir logistique vers une «zone stérile» dans le sud, sous supervision militaire israélienne, est vivement rejetée par les ONG et l’ONU.

«L’aide devient une arme politique», a ainsi dénoncé Jan Egeland, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés. Il affirme que les agences de l’ONU ont toutes refusé de collaborer avec ce dispositif, qui, selon lui, «militarise, manipule et politise l’aide», forçant les civils à se regrouper dans des zones contrôlées par l’armée. De son côté, l’Office des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) avertit que «de vastes zones de Gaza resteront privées d’approvisionnement», tandis que le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé avoir épuisé ses stocks dès le 25 avril.

Diplomatie paralysée

La situation diplomatique, déjà tendue, semble de plus en plus figée face à l'escalade militaire. Le samedi soir, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a porté un coup dur aux tentatives de médiation en critiquant vivement le Qatar, un acteur clé des négociations pour la trêve avec le Hamas et la libération des otages.

Dans ses déclarations, Netanyahou a demandé au Qatar de «cesser son double jeu», soulignant l'irréductibilité de sa position: «Israël gagnera cette guerre légitime avec des moyens légitimes.» Par ces mots, il a clairement signifié l’abandon de toute option diplomatique, laissant entendre que les négociations avec le Hamas étaient désormais hors de question.

Cette attaque verbale contre un médiateur majeur du conflit à Gaza est emblématique de la paralysie diplomatique qui caractérise la situation actuelle. Le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères, Majed al-Ansari, a réagi avec fermeté, qualifiant les propos de Netanyahou d’«incendiaires» et de contraires aux principes de responsabilité politique et morale.

Une réplique qui témoigne de la crispation des relations internationales autour de ce conflit, tandis que les yeux sont désormais rivés sur la poursuite des négociations entre Téhéran et Washington, dans le cadre du dossier du nucléaire iranien. Des négociations dont l’échec entraînerait une escalade des tensions sans précédent dans la région.

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