
Il fut un temps où le triptyque «armée-peuple-résistance» servait de feuille de vigne pour masquer et justifier l'emprise du Hezbollah sur le Liban, agissant comme relais de l'Iran et de ses ambitions expansionnistes désormais réduites à néant.
Cette illusion est désormais brisée: la guerre a été perdue par la milice.
Pendant des années, le Hezbollah a prétendu que ses armes étaient là pour maintenir un équilibre de la terreur avec Israël. Une fumisterie pure et simple: il n’y a jamais eu d’équilibre, seulement une confrontation absurde entre technologie et idéologie. Et pourtant, le Hezbollah s’entête à garder son arsenal, comme si rien n’avait changé, se vautrant dans une fiction qui ne dupe plus personne.
Malgré la défaite, malgré les appels de plus en plus pressants et menaçants de la communauté internationale pour un désarmement, le Hezbollah continue de brandir ses armes. En interne, il retourne l’accusation, prétendant que l’État est responsable de l’absence de reconstruction, une rhétorique cynique où le pyromane accuse les pompiers.
Dans son dernier discours, le secrétaire général du Hezbollah n’a rien fait d’autre que renforcer cette dérive. Il persiste dans son déni et continue à affirmer que la victoire est proche! comme si le pays vivait dans une réalité parallèle. Sans oublier bien sûr d’évoquer le fameux triptyque qui a si bien réussi au Liban.
Il semble ne pas se soucier des risques de sa danse macabre au bord du gouffre. Le Hezbollah continue d'ignorer la réalité, comme si la fiction servie depuis des décennies était encore tenable. Mais que cherche-t-il, exactement? On a du mal à discerner de la logique dans les diatribes.
L’immense majorité des Libanais a beau s’inquiéter et n’aspirer qu’à une banale vie quotidienne, le Hezbollah reste sourd à la menace d’un éclatement interne. C’est précisément ce danger que le président de la République semble vouloir éviter. Joseph Aoun a décidé de privilégier la méthode douce. C’est-à-dire la discussion bilatérale, pour aboutir au désarmement du Hezbollah. Seulement voilà, comme le dit le dicton libanais, une main toute seule ne peut pas applaudir. Et il arrive un moment où, de gré ou de force, la milice pro-Iranienne devra se résoudre à la réalité.
En attendant, le risque pour la paix civile est réel: un peu plus de ce refus obstiné et le pays s’effondrera sous la pression de ses divisions. Il est également fort possible qu’Israël, comme à Gaza, décide de relancer ou d’accentuer ses opérations militaires. Rien, absolument rien ne l’en empêche.
Les quatre prochains dimanches seront des jours d’élections municipales. Il sera intéressant d’observer le niveau de popularité du Hezbollah, notamment au sein de sa propre communauté. Encore faudrait-il que les électeurs puissent librement s’exprimer sans «encouragements» musclés, sous forme de conseils amicaux armés jusqu'aux dents.
Au-delà de ce test local, grandeur nature, une autre échéance tout aussi importante: les négociations entre l’Iran et les États-Unis. Trois rounds de discussions déjà, durant lesquels carottes et bâtons sont alternativement distribués. Tant que cette partie d’échecs planétaire ne sera pas résolue, le Liban continuera de payer, et le prix ne fera qu’augmenter du fait d’un aveuglement stupéfiant.
Isaac Asimov disait: «La violence est le dernier refuge de l’incompétence.» Et des incompétents, ce n’est pas ça qui manque!
Commentaires