Le Hezbollah et le monopole des armes: un bras de fer politique
©Ici Beyrouth

La question de l’exclusivité des armes aux seules mains de l’État n’est plus seulement un sujet de discorde interne; depuis la décision prise en Conseil des ministres, la légitimité de la «résistance» a été retirée, rendant obligatoire la remise des armes, pacifiquement ou non.

Depuis l’accord de Taëf en 1989, le Hezbollah a refusé de céder ses armes à l’État, contrairement aux autres partis et milices. Face à cette impasse, le gouvernement de Nawaf Salam a tranché: d'ici à la fin de l’année, toutes les armes illégales devront être remises, conformément à l’engagement pris par le président Joseph Aoun lors de son investiture. Cette étape, jugée historique, est considérée comme indispensable pour relancer l’économie libanaise.

Avant les séances du Conseil des 5 et 7 août, le tandem chiite avait proposé de limiter la décision à un principe de monopole des armes, sans délai fixe, et de repousser l’adoption du document américain sur le désarmement. M. Salam et les forces souverainistes ont rejeté cette option, affirmant que seule une échéance claire garantirait l’efficacité de la mesure.

De retour de Paris, le Premier ministre a cherché à faire adopter la décision avant le 10 août, sur la base d’un mémorandum américain visant à prolonger et à confirmer le cessez-le-feu avec Israël, avec pour objectif la fin de la présence armée de tous les groupes non étatiques, notamment le Hezbollah. Lors de la séance du 7 août, les ministres chiites ont quitté la réunion en signe de protestation, mais ont annoncé qu’ils resteraient au sein du gouvernement.

Le tandem chiite a critiqué le choix de soumettre le dossier au Conseil des ministres plutôt que de le garder à Baabda, et a demandé l’adoption d’une version libanaise du document plaçant le retrait israélien avant la question des armes.

Officiellement opposé, le Hezbollah a néanmoins tacitement accepté la décision, qu’il considère toutefois comme contraire à la Charte nationale et à l’accord de Taëf. Il plaide pour un traitement de la question dans le cadre d’un dialogue national sur la défense.

De sources gouvernementales, on estime que le départ des ministres chiites visait surtout à sauver la face, sans volonté réelle d’escalade, et qu’il reflète la prise de conscience des changements dans le rapport de force.

Des acteurs chiites affirment que le tandem ne fera pas exploser la situation malgré «les incitations de l’Iran et les discours de ses responsables», et reste soucieux de coopérer avec la présidence, le gouvernement et l’armée, malgré ses critiques envers le chef de l’État, accusé par le Hezbollah de suivre un agenda extérieur.

Les mêmes sources ajoutent que le tandem passera outre l’incident une fois l’exécution des objectifs entamée, notamment le retrait israélien et la fin des violations.

Un ministre du gouvernement Salam résume: «Le Liban est à la croisée des chemins: instaurer un État de droit au service de tous ou maintenir un système fondé sur la force. Ceux qui s’y sont habitués devront apprendre à partager et à bâtir un partenariat réel sous l’égide de la loi et de l’égalité. Franchise et réconciliation sont indispensables pour reconstruire l’État.»

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