Roquettes au Liban-Sud: un message d’escalade militaire et politique
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Les services de sécurité libanais tentent d’identifier les véritables responsables des tirs de roquettes lancés samedi depuis le Liban-Sud en direction d’Israël. Les services de renseignement militaires considèrent cette attaque suspecte, estimant qu’elle vise à entraîner de nouveau le Liban dans la guerre. Face à ce risque, les autorités libanaises multiplient les contacts, notamment avec les États-Unis, afin d’éviter toute escalade.

D’un point de vue militaire, peu importe la méthode de l’attaque ou son impact stratégique, qui ne font d’ailleurs pas le poids face à la puissance de feu israélienne. L’essentiel, c’est que cela démontre que, indépendamment du responsable, le sud du Liban demeure un terrain propice à ceux qui cherchent à attiser le conflit avec Israël, ravivant le cycle de violence et exposant les populations locales, ainsi que l’ensemble du pays, à de nouveaux dangers. Les habitants du sud, en particulier, refusent cet état de fait.

Les roquettes ont été tirées depuis des plateformes rudimentaires en bois; une méthode autrefois utilisée par des organisations palestiniennes comme le Front populaire - Commandement général, le Hamas ou le Jihad islamique, ainsi que par certains groupes islamistes radicaux. Toutefois, il est possible que d'autres acteurs soient impliqués, notamment le Hezbollah, bien que celui-ci ait formellement nié toute responsabilité dans un communiqué officiel.

Il n’en reste pas moins que le Hezbollah a attendu cinq heures avant de publier son communiqué de démenti. Ainsi, il est légitime de se poser certaines questions: pourquoi une réponse si tardive? Serait-ce à cause de la difficulté d’établir un contact avec la direction et de s’accorder sur une position? Fallait-il d’abord s’assurer qu’aucune faction interne du Hezbollah n’était impliquée?

Autre élément troublant: un drapeau du Hezbollah et une photo de Hassan Nasrallah ont été retrouvés près des rampes de lancement. S’agissait-il d’une tentative délibérée pour l’incriminer? Ou bien des éléments internes du Hezbollah ont-ils agi sans aval officiel?

Dans ce contexte, des rumeurs courent concernant des tensions au sein du Hezbollah lui-même, entre ceux qui souhaitent respecter le cessez-le-feu et appliquer la résolution 1701, et ceux qui estiment que les armes doivent être maintenues coûte que coûte et que la guerre doit continuer. Ces derniers affirment même que si Hassan Nasrallah était encore en vie, il n’aurait jamais accepté un cessez-le-feu au Liban-Sud tant que la guerre se poursuit à Gaza. Selon cette logique, les tirs de samedi surviennent en représailles à la reprise des hostilités par Israël à Gaza, une manière de réactiver la stratégie de soutien militaire.

Par ailleurs, certains se demandent comment Israël, qui surveille le Liban en permanence, a pu ne pas détecter les préparatifs de cette attaque. La zone de lancement, située entre Kfar Tebnit et Arnoun, est pourtant constamment survolée par des drones israéliens qui traquent les membres et dirigeants du Hezbollah, menant même des assassinats ciblés.

En attendant que le voile se lève, et selon certaines sources, il est devenu impératif d’accélérer l’application de la résolution 1701 et des mesures relatives, en premier lieu le désarmement du Hezbollah. Le temps imparti au Liban pour s’y conformer rétrécit comme une peau de chagrin, et les États-Unis intensifient la pression pour accélérer les négociations via les différents comités entre Beyrouth et Tel Aviv. L’objectif est de parvenir à un accord garantissant une stabilité durable aux frontières, sans aller jusqu’à une normalisation, mais en dépassant le simple cadre de la trêve dans une première phase.

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