Un sommet arabe à Ryad pour répondre au projet de Trump pour Gaza
Des bâtiments détruits sont visibles à l'ouest de Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 11 février 2025, alors qu'un cessez-le-feu est en place dans le cadre du conflit entre Israël et le Hamas. ©Bashar Taleb / AFP

L'Arabie saoudite accueille vendredi un sommet réunissant huit dirigeants arabes pour discuter d'un plan en réponse à la proposition de Donald Trump de placer la bande de Gaza sous contrôle américain et de déplacer la population du territoire palestinien dévasté par la guerre.

Ryad a tenté de modérer les attentes en annonçant une "réunion fraternelle informelle" habituelle entre les dirigeants des six pays du Golfe, ainsi que ceux de l'Égypte et de la Jordanie, précisant que ses décisions figureront à l'ordre du jour du sommet arabe prévu en Égypte le 4 mars.

La vision du président américain pour Gaza a fait l'objet d'un large consensus arabe mais des divergences pourraient apparaître quant à la question de la gouvernance future du territoire palestinien et du financement de sa reconstruction, soulignent diplomates et experts.

"Nous sommes à un tournant historique majeur du conflit israélo-arabe ou israélo-palestinien (...) où les États-Unis, sous la présidence de Trump, pourraient instaurer de nouvelles réalités irréversibles sur le terrain", estime Andreas Krieg, du King's College de Londres, pour qui il s'agit de la rencontre "la plus importante depuis très longtemps" dans la région.

La bande de Gaza a été ravagée par 15 mois de guerre entre Israël et le Hamas, qui a pris le pouvoir dans le petit territoire en 2007. Elle a été déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

Sa reconstruction est estimée à plus de 53 milliards de dollars, selon l'ONU.

Le président américain propose le déplacement de ses 2,4 millions d'habitants en Jordanie et en Égypte et la transformation du petit territoire palestinien en "Riviera du Moyen-Orient".

Son projet a soulevé un tollé international, Israël l'a toutefois soutenu.

Une source proche du gouvernement saoudien a indiqué à l'AFP que les dirigeants arabes discuteront d'un "plan de reconstruction alternatif à celui de Trump concernant Gaza".

Le roi Abdallah II de Jordanie avait indiqué la semaine dernière devant des journalistes à Washington que l'Égypte présenterait une réponse au projet de Donald Trump.

 Plan égyptien 

Si l'Arabie saoudite n'a pas encore annoncé l'heure à laquelle débutera le sommet, une source diplomatique arabe a indiqué à l'AFP que les discussions devraient commencer autour de 15H00 (12H00 GMT).

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi est arrivé à Ryad jeudi soir pour participer à la réunion, selon la présidence égyptienne, tandis que l'émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, a confirmé sa participation, a annoncé vendredi le Diwan, le palais de l'émir.

La réunion doit se pencher sur un "plan égyptien de reconstruction" de la bande de Gaza, a indiqué la source proche du gouvernement saoudien.

L'Égypte n'a pas officiellement évoqué son plan, mais selon Mohammed Hegazy, membre du Conseil égyptien des affaires étrangères, un groupe de réflexion influent au Caire, il est composé de trois phases étalées sur trois à cinq ans.

"Pendant la première phase, de six mois, (...) des équipements lourds déblaieront les décombres et trois zones sécurisées pour reloger les déplacés seront aménagées", explique l'ex-diplomate. "Des logements mobiles seront fournis."

La seconde phase nécessitera "une conférence internationale sur la reconstruction", précise-t-il.

Et la troisième visera à "relancer un processus politique en vue d'une solution à deux États", israélien et palestinien vivant côte à côte, pour régler ce conflit vieux de plusieurs décennies, ajoute-t-il. Une solution rejetée par Israël.

"Le plus grand défi du plan égyptien est son financement", indique un diplomate arabe à l'AFP, tout comme la question particulièrement sensible de la gouvernance de Gaza après la guerre.

La source proche du gouvernement saoudien a estimé qu'un "accord" devrait être trouvé entre les dirigeants arabes.

"Il serait inconcevable que les dirigeants arabes se réunissent sans parvenir à une vision commune, mais l'essentiel réside dans le contenu de cette vision et dans la capacité à la mettre en œuvre", nuance un diplomate arabe.

Pour Andreas Krieg, c'est "une occasion exceptionnelle pour les Saoudiens de mobiliser l'ensemble des pays du Conseil de coopération du Golfe, ainsi que l'Égypte et la Jordanie, afin de définir une position commune" face au projet de Donald Trump.

Par Haitham EL-TABEI, AFP

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