Céline Haidar, le match de sa vie
Sourire radieux avant le drame, aujourd’hui une source d’inspiration pour tout un pays. ©Photo tirée du compte Instagram de Céline Haidar

Un double clignement des yeux. C’est tout ce qu’il a fallu pour que l’espoir renaisse. Le 6 janvier, Céline Haidar, la jeune footballeuse libanaise grièvement blessée lors d’une frappe israélienne, a émergé du coma après des semaines d’angoisse. Ce geste, si simple en apparence, a bouleversé sa famille et ses proches, annonçant le début d’un combat titanesque pour retrouver une vie normale. 

Trois mois après avoir frôlé la mort, Céline entame un long et difficile chemin vers la réhabilitation. Victime d’une frappe le 16 novembre à Chiyah, dans la banlieue sud de Beyrouth, la capitaine en devenir de la Beirut Football Academy (BFA) était plongée dans un coma profond, laissant la communauté sportive et ses proches dans l’angoisse. Cette tragédie, relayée dans tous les médias locaux et internationaux, a suscité une vive émotion. Aujourd’hui, contre toute attente, elle s’accroche à la vie avec une détermination qui force l’admiration. 

Un drame qui a bouleversé le Liban

Le destin de Céline a basculé en une fraction de seconde. Alors qu’elle tentait de fuir son domicile après un ordre d’évacuation, elle a été frappée à la tête par des éclats d’obus. Transportée en urgence à l’hôpital Saint-Georges, elle a subi plusieurs interventions chirurgicales délicates, dont l’ablation d’une partie de son crâne pour limiter les hémorragies cérébrales. Pendant de longues semaines, son état a été qualifié de "critique mais stable", laissant planer une incertitude glaçante sur ses chances de récupération. 

Les bips réguliers des machines médicales rythmaient l’attente interminable. Sa famille, épuisée mais déterminée, veillait à son chevet, espérant un signe, un mouvement, une lueur de vie. 

L’éveil et les premiers signes d’espoir

Le 6 janvier, Céline a brisé le silence du coma. Ses paupières se sont animées, répondant d’un double clignement aux paroles de ses proches. Ce geste, presque imperceptible, a envoyé un premier message de vie après des semaines d’incertitude. D’abord plongée dans un état semi-conscient en raison des sédatifs, elle a progressivement émergé à mesure que les doses ont été réduites. 

Petit à petit, son regard est devenu plus présent. Sa main a commencé à serrer doucement celle de sa mère, et ses émotions ont retrouvé un chemin d’expression. "Quand elle a reconnu son père et moi, elle a pleuré", confie sa mère. Bien qu’incapable de parler en raison de son intubation prolongée, Céline a rapidement trouvé des moyens de communication alternatifs. Un mouvement de doigt, une réaction aux voix familières, puis l’écriture sur un carnet lui ont permis d’exprimer ses premières pensées. 

Chaque progrès, aussi infime soit-il, est une victoire sur l’adversité. "Elle veut devenir entraîneuse", explique sa mère. "Elle étudiait déjà pour cela avant son accident, et aujourd’hui, elle veut poursuivre son rêve, d’une manière ou d’une autre." 

Un long combat vers la rééducation

Sortir du coma n’était qu’une première étape. La route vers la guérison s’annonce longue et semée d’embûches. Céline doit suivre une rééducation intensive pour réapprendre à parler, à marcher et à retrouver une partie de ses capacités motrices. Elle souffre d’une importante faiblesse du côté gauche de son corps, notamment au niveau de la main et du pied. 

Mais la rééducation a un coût, et la famille fait face à un défi colossal: assurer les soins nécessaires dans un contexte économique désastreux. Si le ministère de la Santé libanais a pris en charge les frais d’hospitalisation, les coûts de la rééducation et de l’équipement médical reposent entièrement sur ses proches. "Nous avons besoin d’aide. Nous ne pouvons pas y arriver seuls", confie son père, les traits marqués par l’épuisement et l’inquiétude. 

Une guerrière sur et en dehors du terrain

Son entraîneur à la BFA, Samer Barbary, suit avec attention chaque étape de son rétablissement. "Céline va mieux, de jour en jour. Chaque matin, elle nous surprend par une petite amélioration", confie-t-il à Ici Beyrouth. "Elle est encore très affaiblie, et bien sûr, elle ne peut pas parler à cause de son intubation prolongée. Mais elle se souvient de tout, sauf du moment de l’impact. C’est peut-être mieux ainsi." 

Le coach insiste sur son tempérament de guerrière: "Elle a toujours été une battante sur le terrain, et aujourd’hui, elle nous prouve qu’elle l’est aussi dans la vie. Sa détermination est une véritable inspiration. Nous savons qu’elle va devoir passer par plusieurs opérations et ensuite intégrer un centre de réhabilitation, mais elle est incroyablement forte. J’ai toujours cru en elle et je continuerai de le faire." 

Une icône de résilience

Céline Haidar est aujourd’hui plus qu’une athlète. Elle est devenue un symbole de courage et de résilience dans un pays marqué par la souffrance et l’incertitude. Son histoire a bouleversé l’opinion publique libanaise, provoquant un élan de solidarité sans précédent. Des collectes de fonds ont été lancées pour financer son traitement et de nombreuses personnalités du monde sportif ont exprimé leur soutien. 

"Céline nous rappelle que le football n’est pas qu’un jeu. C’est une école de la vie, où l’on apprend à se relever après chaque chute", déclare un ancien joueur international libanais. 

Malgré les doutes et les difficultés, une certitude demeure: Céline Haidar ne renoncera pas. Et avec elle, tout un pays espère qu’elle remportera le plus grand match de sa vie. 

 

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