À Bâle, un référendum se prépare en novembre sur l’accueil de l’Eurovision 2025. L’UDF, parti ultraconservateur suisse, conteste le financement public du concours, dénonçant une “propagande” pour la communauté LGBT+ et une idéologie politique.
Le canton de Bâle-Ville, dans le nord de la Suisse, va devoir organiser un référendum en novembre sur l'accueil de l'Eurovision 2025, des opposants ayant présenté samedi suffisamment de signatures.
La victoire du chanteur helvétique Nemo, un militant non binaire, à l'Eurovision 2024 a donné à la Suisse le droit d'accueillir en mai prochain le plus grand concours de chanson au monde.
Bâle a ensuite été préférée en août à Genève, dans un pays où les électeurs sont habitués au droit de regard direct sur l'utilisation des fonds publics.
L'Union démocratique fédérale (UDF), un petit parti qui défend "les valeurs chrétiennes intemporelles", avait déclaré dès la fin août sur le réseau social X vouloir lancer un référendum contre les crédits prévus par Bâle.
Le concours est financé par des contributions des sociétés membres de l'Union européenne de radiotélévision, qui demandent aux organisateurs de participer aux frais, à hauteur de 37,5 millions de francs suisses (environ le même montant en euros).
Décrit comme ultraconservateur par la presse suisse, le parti UDF reproche à l'Eurovision d'être "un événement de propagande" notamment pour la communauté LGBT+ et l'accuse de rendre "acceptables" l'antisémitisme, après la levée de boucliers contre la présence d'Israël cette année, mais aussi le satanisme en référence à la prestation de Bambie Thug pour l'Irlande.
Il s'est présenté samedi à l'Hôtel de ville de Bâle avec 4.203 signatures - plus du double requis - appuyant sa demande de référendum. Le gouvernement régional doit encore vérifier l'authenticité de ces signatures, mais il devrait y en avoir assez de valables pour mettre la question aux voix le 24 novembre, prochaine journée électorale.
Le président de l'UDF Daniel Frischknecht a estimé samedi que le canton pourrait trouver de bien meilleurs moyens de dépenser son argent, selon l'agence de presse Keystone-ATS.
Le parti a insisté sur le fait qu'il n'a rien contre la musique ni contre l'orientation sexuelle des participants, mais a maintenu que l'Eurovision poussait une idéologie politique.
L'UDF ne peut espérer recueillir beaucoup de soutien des autres partis politiques à Bâle, le budget de l'accueil de l'Eurovision ayant été approuvé par une majorité écrasante au parlement cantonal en septembre, même la droite radicale UDC s'y ralliant alors qu'elle avait critiqué le concours dans d'autres villes candidates.
La Suisse avait accueilli l'Eurovision en 1956 à Lugano - la première édition -, puis en 1989 à Lausanne suite à la victoire l'année précédente de la chanteuse canadienne Céline Dion, qui représentait le pays alpin.
En 2024, les demi-finales et la finale retransmises en direct ont réuni 163 millions de personnes, selon les organisateurs.
Avec AFP
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