Le bilan de trente-trois jours de guerre, largement supérieur à celui de 2006

Trente-trois jours après le début de l’intensification des combats, le 23 septembre dernier, entre le Hezbollah et Israël, la guerre est loin de se terminer. Toutefois, en 2006, le 33e jour marquait déjà la fin d’un conflit “mineur” par rapport à celui auquel nous assistons aujourd’hui.

Si les guerres de 2006 et de 2024 présentent des similitudes frappantes, de majeures différences sont observées, tant en termes de bilan humain, de dégâts matériels, de stratégies militaires que de coûts de guerre.

Bilan humain et déplacement des populations

En 2006, la guerre de 33 jours a entraîné la mort d’environ 1.200 personnes au Liban, majoritairement des civils. Plus de 4.000 blessés avaient alors été signalés. 916.000 déplacés ont été décomptés, dont 220.000 avaient quitté le pays.

En 2024, les pertes humaines sont plus importantes.

Entre le 23 septembre et le 23 octobre, près de 2.101 personnes ont été tuées, principalement des civils. Ce chiffre correspond environ au double de celui de 2006, pour une même durée.

Le bilan humain annuel s’élève à 2.593 morts et 12.119 blessés depuis le 8 octobre 2023, selon un rapport du ministère de la Santé datant du 24 octobre.

À l’heure actuelle, 1,4 million de personnes, dont 400.000 enfants ont dû fuir leurs villages depuis le 8 octobre 2023. Parmi elles, 191.692 ont trouvé refuge dans 1.097 abris, dont 928 sont sursaturés.

Entre le 23 septembre et le 24 octobre, on compte 800.000 déplacés libanais. Selon les données récentes de la Sûreté générale, 346.529 Syriens et 153.282 Libanais ont franchi la frontière du Liban vers la Syrie, durant cette même période.  

Dégâts matériels et infrastructurels

En 2006, le Liban a subi des destructions massives d’infrastructures civiles, avec de nombreux bâtiments, routes et ponts endommagés par les frappes aériennes israéliennes.

En 33 jours de guerre, environ 100 ponts ont été détruits, 342 écoles endommagées et deux ports, ceux de Jbeil et de Jounieh, détériorés.

L’aéroport international de Beyrouth (AIB) a, lui aussi, été bombardé. Une marée noire a été observée après des frappes israéliennes contre les réservoirs de la centrale de Jiyeh, au sud du pays.

Le coût final des pertes a été alors estimé entre 2,8 et 3,6 milliards de dollars.

En 2024, la situation est quasi similaire, bien que l’usage intensifié de bombardements de précision ait augmenté les pertes matérielles. Les infrastructures stratégiques et urbaines du Liban, dont les écoles, hôpitaux et centres de communication, ont été gravement touchées.

Les derniers chiffres montrent que les pertes sont estimées, depuis le 23 septembre dernier, à un milliard de dollars, et ce, uniquement pour les bâtiments endommagés à cause des bombardements.

Entre le 2 et le 14 octobre 2024, “plus de 3.600 bâtiments au Liban auraient été endommagés ou détruits, selon des données radar établies à partir des satellites et évaluées par la BBC”.

D’où une perte totale de plus de 12 milliards de dollars depuis le 8 octobre 2023, sans compter les quelques milliards de dollars de pertes économiques, évaluées selon des rapports récents, depuis le début de la guerre.

Armements et tactiques

En 2006, les belligérants employaient des stratégies relativement “conventionnelles”. Le Hezbollah utilisait des roquettes de courte portée alors qu’Israël recourait aux frappes aériennes et à un déploiement limité de troupes terrestres.

À l’époque, le Hezbollah disposait principalement de roquettes de type Katioucha de courte portée et d’autres munitions non guidées fournies par l’Iran et la Syrie. Ces roquettes permettaient des attaques de saturation, causant des destructions civiles en Israël sans grande précision. La formation possédait également des RPG-29 et des missiles antichars comme le Kornet russe et le Toophan iranien, efficaces contre les chars israéliens Merkava.

Quant à l’État hébreu, il se basait sur l’aviation, puisque l’enjeu militaire consistait surtout à neutraliser les positions du Hezbollah dans le sud du Liban.

Durant les 18 dernières années, les deux camps ont réussi à développer leur arsenal. À présent, Israël utilise des drones et des missiles de précision. De son côté, le Hezbollah a renforcé son arsenal de roquettes de longue portée et utilise des armes anti-aériennes plus sophistiquées.

Le recours à la cyberguerre et aux brouillages des systèmes de communication ajoute également une nouvelle dimension stratégique, comme l’ont démontré les attaques aux bipeurs et aux talkies-walkies survenues les 17 et 18 septembre derniers, menées par Israël contre des combattants du Hezbollah.

À cela s’ajoutent les assassinats ciblés de cadres et de personnalités haut gradées de la formation pro-iranienne. Par ailleurs, Tel-Aviv mise grandement sur son Dôme de Fer (système antimissile) pour protéger ses villes frontalières.

En contrepartie, le Hezbollah a lui aussi développé ses capacités militaires. Depuis le début de la guerre, il recourt à des missiles de plus grande portée et une technologie de précision, notamment des kits de conversion pour transformer des roquettes non guidées en missiles guidés de précision (PGM).

L’organisation possède également des missiles balistiques Fateh-110, capables de cibler des infrastructures israéliennes sur une plus longue distance. L’utilisation croissante de drones et de missiles antichars sophistiqués, comme le Kornet et d’autres systèmes portatifs de défense antiaérienne (MANPADS), représente un changement significatif vers des frappes plus ciblées et destructrices.

Il faut dire que la guerre actuelle entre le Hezbollah et Israël présente une escalade significative en termes de pertes humaines et de destructions matérielles par rapport à 2006, reflétant un durcissement des stratégies militaires et une intensification des hostilités, dans une région où les tensions sont exacerbées par le contexte géopolitique global.

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