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Escalade entre la France et la Grande-Bretagne dans la crise des migrants
modifié le 10 Avr. 2024 à 16:53 Lecture : 4 minute(s) A A AIci Beyrouth
La crise entre Paris et Londres a franchi un nouveau cap vendredi avec l'annulation par Gérald Darmanin de sa rencontre avec son homologue britannique Priti Patel à une réunion dimanche sur le dossier des migrants, en réponse aux propos de Boris Johnson demandant à la France de reprendre les immigrés arrivant en Grande-Bretagne.
Dans un message à Mme Patel dont l'AFP a eu connaissance vendredi, le ministre de l'Intérieur estime que si la lettre du Premier ministre britannique au président français Emmanuel Macron est une "déception", le fait d'avoir rendu public ce courrier est "pire" encore. En conséquence de quoi, Gérald Darmanin a annulé la venue de Priti Patel.
Ce différend intervient moins de deux jours après le naufrage d'un navire au large de Calais, qui a entraîné la mort de 27 migrants.
Il s'agit du drame migratoire le plus meurtrier depuis la hausse en 2018 des traversées de la Manche, face au verrouillage croissant du port français de Calais (nord de la France) et du tunnel ferroviaire, empruntés jusque-là.
Si la France et le Royaume-Uni semblaient jusqu'ici vouloir taire leurs désaccords et améliorer leur coordination, Boris Johnson a demandé jeudi soir à Emmanuel Macron de reprendre tous les migrants arrivant en Angleterre depuis la France.
"Je propose que nous mettions en place un accord bilatéral de réadmission pour permettre le retour de tous les migrants illégaux qui traversent la Manche", a indiqué le dirigeant britannique dans une lettre publiée sur Twitter, évoquant des accords similaires conclus par l'UE avec le Bélarus ou la Russie.
Semblant sur la même longueur d'ondes, la ministre britannique de l'Intérieur Priti Patel a appelé à un "effort international coordonné", devant les députés britanniques.
La lettre de M. Johnson est "indigente sur le fond et déplacée sur la forme", a pour sa part déclaré vendredi matin le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, sur BFMTV.
Etaient invités à Calais dimanche les ministres chargés de l'immigration belge, allemand, néerlandais et britannique, ainsi que la Commission européenne.
La réunion est "maintenue" mais "sans les Britanniques", a affirmé vendredi le ministère de l'Intérieur à l'AFP.
"Le problème dépasse nos frontières. C’est pourquoi nous allons travailler à des solutions communes dès dimanche avec nos partenaires européens", a-t-on ajouté dans l'entourage de Gérald Darmanin.
"Le gouvernement britannique choisit de faire de la politique intérieure à un moment où notre seule priorité devrait être d’éviter de nouveaux drames dans la Manche. Nous le regrettons", a-t-on poursuivi dans l'entourage du ministre.
Le ministère de l'Intérieur fait valoir que "l'obsession britannique de renvoyer les migrants en France ne doit pas faire perdre de vue le fait que c’est parce qu’ils n’ont pratiquement plus aucune voie légale pour se rendre au Royaume uni que ces hommes et ces femmes tentent cette dangereuse traversée".
La question des traversées, qui attise régulièrement les tensions bilatérales, est délicate pour le gouvernement conservateur britannique, qui a fait de la lutte contre l'immigration son cheval de bataille dans la foulée du Brexit.
Le drame de mercredi s'est déroulé sur un "long boat", un bateau gonflable fragile au fond souple dont l'utilisation par les passeurs s'est accru depuis l'été. Le bateau était parti de Dunkerque (nord), selon une source proche du dossier.
Parmi les victimes figurent 17 hommes, sept femmes et trois jeunes, selon la procureure de Lille.
Au 20 novembre, 31.500 migrants avaient quitté les côtes depuis le début de l'année et 7.800 avaient été sauvés. Avant ce naufrage, le bilan humain depuis janvier s'élevait à trois morts et quatre disparus.
AFP
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