Frappes israéliennes extensives: quel message au Liban?

Dans un conflit dont on continue d’ignorer la véritable nature, les dégâts matériels, mais aussi les victimes parmi les combattants et les civils se multiplient des deux côtés. Mercredi matin, et dans un contexte récent d’élargissement des frappes israéliennes au Liban, la ville de Tyr a été, pour la première fois depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, la cible d’une attaque perpétrée par l’État hébreu. Un drone a pris pour cible une voiture, tuant un responsable du Hamas. Quelques jours plus tôt, c’est la région de Baalbeck qui a été touchée par la recrudescence des violences. Les «lignes rouges» qu’avait évoquées le secrétaire général du Hezbollah dans ses discours précédents auraient-elle été dépassées? Les décideurs dans ce contexte sont nombreux et ne sont pas toujours sur la même longueur d’onde.
En Israël, la figure d’un Premier ministre, Benjamin Netanyahou, qui veut tenir sa promesse de «démilitariser Gaza», de «déradicaliser la société palestinienne» et de «continuer jusqu’à la fin». Au Liban, une milice, le Hezbollah, qui décide, malgré l’opposition de la grande majorité des Libanais, d’ouvrir un front à partir du territoire libanais, mais qui affirme continuer à «respecter» les règles d’engagement, tout en diversifiant les fronts. À l’international et à grande échelle, les États-Unis d’une part, l’Iran d’autre part. Idéologiquement opposées, les deux nations convergent lorsqu’il s’agit d’agir pour éviter un embrasement généralisé. Netanyahou se pliera-t-il à la volonté américaine? Le Hezbollah commettra-t-il «l’erreur de sa vie», selon les termes employés par M. Netanyahou?
«La vision stratégique israélienne consiste, actuellement et au vu de l’opposition américaine quant à l’extension du conflit, à entraîner le groupe pro-iranien dans une guerre, à le pousser à commettre cette erreur» dont il est question plus haut, indique-t-on de source militaire.

La raison en est simple, selon cette même source: d’une part, «le Premier ministre israélien veut lutter pour sa survie politique et échapper à la justice». On rappelle, à cet égard, sa déclaration en décembre dernier: «Rien ne nous arrêtera. Nous irons jusqu’au bout, jusqu’à la victoire, rien de moins.» La question qui se pose est celle de savoir en quoi consisterait la victoire pour M. Netanyahou. D’autre part, Tel Aviv «cherche à jouer ses cartes militaires pour imposer ses conditions dans le cadre des négociations en cours pour le rétablissement d’une paix au Moyen-Orient».
Or, le Hezbollah continue, jusqu’à présent, de mener une stratégie conforme aux instructions iraniennes: poursuivre les représailles tout en évitant que la guerre s’étende au Liban, notamment à Beyrouth et dans sa banlieue. Jusqu’à quel point le Hezbollah sera-t-il capable de retenir son souffle lorsqu’il est «indubitable», selon la source susmentionnée, que les «frappes israéliennes risquent de se multiplier, notamment dans la Bekaa, ciblant des positions et des postes du Hezbollah»?
Alors que les experts et services de renseignement américains affirment que cette montée des tensions reste contrôlée et que ni l’Iran, ni le Hezbollah ne veulent provoquer une escalade du conflit au Liban (ce qui irait à l’encontre de leurs intérêts politiques dans le pays), l’on se demande si les conditions posées par Israël seront appliquées. Celles-ci, rappelons-le, consistent principalement à repousser les combattants chiites au nord de la ligne que constitue le fleuve Litani au Liban et dans l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU votée en 2006, au lendemain de la guerre qui a opposé le Hezbollah à Israël.
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