Les combats font rage à Gaza après deux mois de guerre
©(Photo de SAID KHATIB/AFP)
Les combats font rage, jeudi, dans et autour des plus grandes villes de la bande de Gaza, deux mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas.

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a mis en garde mercredi contre un «prochain effondrement total de l'ordre public» à Gaza, qui pourrait avoir «des conséquences irréversibles pour les Palestiniens dans leur ensemble et pour la paix et la sécurité dans la région», provoquant la colère d'Israël.

Le bilan, dans le petit territoire palestinien assiégé et dévasté par les bombardements israéliens, s'est encore alourdi jeudi pour atteindre 17.177 morts, à 70% des femmes et des moins de 18 ans, selon le ministère de la Santé à Gaza.

Appuyés par des frappes aériennes, des chars et des bulldozers, les soldats israéliens ont affronté jeudi les combattants du Hamas à Khan Younès, la plus grande ville du sud du territoire, ainsi que dans le nord, dans la ville de Gaza et le secteur voisin de Jabalia.

Dans le sud, des centaines de milliers de civils se sont massés depuis le début de la guerre à proximité de la frontière fermée avec l'Égypte, fuyant les combats dans le nord et confrontés à une situation humanitaire catastrophique.

Une partie d'entre eux ont été contraints ces derniers jours par l'armée israélienne de se déplacer une fois de plus, acculés dans un périmètre de plus en plus exigu, fuyant vers la ville frontalière de Rafah, à mesure que les combats s'étendaient.
Prier et pleurer

Dans le nord, des dizaines de chars et véhicules blindés israéliens ont pénétré dans la vieille ville de Gaza. À Khan Younès, l'armée a annoncé jeudi avoir «tué des terroristes du Hamas et frappé des dizaines de cibles terroristes».

À l'hôpital Al-Aqsa, dans la ville de Gaza, 115 corps sont arrivés en 24 heures, selon Médecins sans frontières.

À Rafah, dans la morgue de l'hôpital Al-Najjar, une vingtaine de cadavres enveloppés de plastique blanc, dont ceux, tout petits, de beaucoup d'enfants, étaient allongés par terre, entourés par leurs proches qui priaient et pleuraient.

L'ONG israélienne de défense des droits humains B'Tselem a dénoncé une crise humanitaire directement «voulue» par Israël, comme «moyen de pression sur le Hamas».


À Rafah, des milliers de déplacés ont installé des camps de fortune, tentant de survivre dans le plus grand dénuement.

Abdullah Abou Daqqa, de Khan Younès, et désormais à Rafah, est à bout: «Depuis deux mois, on bouge d'un endroit à un autre, c'étaient les deux mois les plus durs. Nous avons beaucoup perdu (...), de l'argent, des enfants et nous nous sommes perdus nous-mêmes».

Il implore: «Ce n'est dans l'intérêt de personne de prolonger cette guerre, et nous sommes très fatigués, nous dormons dans la rue».

Arrivé lui aussi à Rafah, Ahmad Hajjaj, venu du camp de Chati, dans le nord, décrit une situation qui ne cesse d'empirer: «Nous n'avons pas de produits de première nécessité, la situation empire de jour en jour, et il n'y a pas de solution politique à l'horizon».
Un système de santé «à genoux»

Le directeur général de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a évoqué sur Twitter un système de santé «à genoux» dans la bande de Gaza, où la plupart des hôpitaux du nord ne fonctionnent plus, tandis que ceux du sud, submergés par l'afflux de milliers de blessés, sont au bord de l'effondrement.

Le gouvernement israélien, dont le feu vert est nécessaire à l'entrée de l'aide depuis l'Égypte, a autorisé la livraison d'un «supplément minimal» de carburant à Gaza pour éviter un «effondrement humanitaire» et des épidémies, deux jours après un appel en ce sens des États-Unis, son principal allié.

La ville de Rafah est le seul endroit où de l'aide humanitaire est encore distribuée, en quantité limitée, selon l'ONU.

Mercredi, 80 camions transportant des vivres et du carburant y ont accédé, contre 170 par jour en moyenne pendant la trêve et 500 avant le 7 octobre, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha).

«Nous essayons d'augmenter l'aide humanitaire», a assuré la Cogat, organisme du ministère israélien de la Défense supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens.

Avec AFP
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