Gaza: des raids israéliens semblables à un \
©(Photo Aris MESSINIS / AFP)
Sous les bombardements depuis plus de deux semaines, la bande de Gaza continue de subir des raids israéliens de plus en plus dévastateurs, tandis que la situation humanitaire ne cesse de s'aggraver. Dans la nuit de vendredi à samedi, les nouvelles frappes étaient comparables à des "tremblements de terre", selon certains habitants. 

Des centaines de bâtiments ont été détruits selon les secours dans les bombardements israéliens de la nuit dans la bande de Gaza où des témoins ont évoqué des scènes rappelant un tremblement de terre.

"Des centaines d'immeubles et de maisons ont été entièrement détruits et des milliers d’autres logements ont été endommagés", a affirmé à l'AFP Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile à Gaza, territoire palestinien sous contrôle du mouvement islamiste Hamas.

Les intenses bombardements de la nuit "ont changé le paysage de Gaza et des gouvernorats du nord", a-t-il ajouté.

Selon plusieurs témoignages que l'AFP a pu recueillir, les bombardements israéliens les plus violents de la nuit se sont concentrés sur des zones aux alentours de deux hôpitaux, al-Shifa à Gaza-ville et l'hôpital dit "indonésien" car construit grâce à des dons provenant d'Indonésie, dans le secteur de Jabaliya plus au nord.

Les raids ont détruit de nombreux bâtiments et laissé d'énormes cratères dans des rues entièrement défoncées.

Des femmes passent devant un bâtiment détruit à la suite des bombardements israéliens à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 28 octobre 2023. (Photo SAID KHATIB / AFP)

Dans le camp de réfugiés de Chati, dans les limites de Gaza-ville, les bombardements israéliens ont provoqué d'importants dégâts, selon plusieurs témoins.

"Ce qui s'est passé à Chati est pire qu'un tremblement de terre", a déclaré à l'AFP l'un de ses habitants, Alaa Mahdi, 54 ans.

"Ca bombardait de partout, la marine, l'artillerie et les avions. Qui frappent-ils, la résistance? Non, les pauvres gens", ajoute-il.

Selon lui, le black-out de la bande de Gaza où communication et internet sont coupés depuis vendredi soir a été imposé "pour qu'ils commettent un massacre sans que personne n'en entende parler".
"Le monde entier est contre nous"

L'organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) a averti que la coupure des télécommunications dans la bande de Gaza risquait de "servir de couverture à des atrocités de masse".

Le chauffeur de taxi Jamal Abou Shaqfa, 50 ans, quitte le camp de Chati avec à bord de son véhicule une famille qui veut fuir vers le sud.

"On se dirige vers Khan Younès car les bombardements aveugles à Chati n'ont épargné ni femmes ni enfants ni vieillards. La situation est très mauvaise", dit-il.


Dans une rue du camp, des dizaines d'habitants fouillent dans les décombres d'une tour résidentielle, Bourj al-Ghoul, rasé dans les bombardements ainsi que les maisons autour.

Allongé sur le ventre sur les décombres pour mieux se faire entendre, l'un d'eux, Abdelmajid Abou Hassira, lance à l'adresse d'éventuels survivants ensevelis dans les ruines: "Y a-t-il quelqu'un en dessous? Nous sommes ici pour vous sauver".

Quelques heures avant le début des bombardements massifs vendredi soir, l'armée israélienne avait accusé le Hamas de "mener la guerre depuis les hôpitaux" de la bande de Gaza et de se servir de sa population comme "bouclier humain", ce que le mouvement islamiste a catégoriquement démenti.

Une photo prise près de la ville de Sderot, dans le sud d'Israël, le 28 octobre 2023, montre de la fumée s'élevant lors d'une frappe aérienne israélienne dans le nord de la bande de Gaza. (Photo Aris MESSINIS / AFP)

Kamal Abou Fattoum, 47 ans, qui avait fui Gaza-ville la semaine dernière vers le sud y est retourné samedi matin pour découvrir que sa maison "a été endommagée" dans les raids de la nuit.

"Je suis ensuite allé au camp de Chati pour prendre des nouvelles de ma soeur qui y habite et j'ai vu des destructions pire que celles causées par le tremblement en Turquie", dit-il en se référant au séisme dévastateur qui a fait plus de 50.000 morts dans le sud-est de la Turquie en février.

"Les gens sont sous les décombres. Certains sont morts, d'autres sont encore en vie", ajoute-il.

Alors que la situation humanitaire dans la bande de Gaza, déjà catastrophique, ne cesse d'empirer, des déplacés ayant fui leurs maisons dans le nord du territoire ont pillé samedi un centre de distribution de rations alimentaires de l'UNRWA, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, à Deir el-Balah, dans le centre du territoire, a constaté un journaliste de l'AFP.

Des dizaines de Palestiniens sortaient des locaux l'un portant un sac de farine sur l'épaule, l'autre des bouteilles d'huile sous le bras ou encore des sacs de lentilles ou de sucre.

"Si on n'était pas dans le besoin on ne serait pas entrés dedans. Le monde entier est contre nous", a lâché l'un d'eux en sortant du centre.

Les rations alimentaires sont en temps normal distribuées aux plus nécessiteux parmi les réfugiés, ces Palestiniens chassés de leurs terres lors de la création de l'Etat d'Israël en 1948 et qui représentent aujourd'hui avec leurs descendants environ 80% des 2,4 millions d'habitants de la bande de Gaza, selon les chiffres de l'UNRWA.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par les attaques du Hamas sur le sol israélien, inédites par leur ampleur et leur violence, qui ont tué plus de 1.400 personnes, en majorité des civils, selon Israël.

Le ministère de la Santé du Hamas a de son côté annoncé que les bombardements lancés en représailles par Israël avaient tué 7.703 personnes, en immense majorité des civils parmi lesquels plus de 3.000 enfants.

Aubin Eymard, avec AFP
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