De Bkerké, Mikati dénonce une hystérie politique
Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a appelé ceux qui l’accusent de s’approprier des prérogatives qui relèvent du président de la République, à se dépêcher d’élire un chef de l’Etat.

Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, a été reçu lundi matin à Bkerké, pour un entretien avec le patriarche maronite, Béchara Raï, avant son départ, jeudi, pour le Vatican.

Dans une déclaration à la presse à sa sortie du siège du patriarcat maronite, M. Mikati a indiqué qu’il a exposé au patriarche les raisons pour lesquelles il continue de convoquer le Conseil des ministres, en dépit de l’opposition, notamment chrétienne, à ces réunions, en l’absence d’un chef de l’Etat.

M. Mikati a ainsi expliqué à Mgr Raï qu’il ne peut pas faire autrement alors que la crise ne fait que s’envenimer et que de nombreux dossiers, urgents, sont en suspens. En réponse aux questions de la presse au sujet des critiques virulentes que le chef du CPL, Gebran Bassil, lui adresse, il a dénoncé « une hystérie politique ». Il a ensuite invité non sans humeur, tous ceux qui l’accusent de s’arroger les prérogatives présidentielles à se dépêcher d’« élire un président de la République afin qu’on en finisse avec cette crise ». Dans ce contexte, il a fait état d’une convergence de vues avec Mgr Raï au sujet de la nécessité d’élire un président de la République dans les délais les plus brefs.

Le Premier ministre sortant a par ailleurs plaidé en faveur du pluralisme, « source de richesse pour le Liban », soulignant que celui-ci est « protégé par l’accord de Taëf », qu’il a jugé « fondamental pour la préservation de la formule libanaise ». Il a annoncé qu’à son retour du Vatican, il compte revenir à Bkerké pour communiquer au patriarche, les résultats de ses entretiens avec le souverain pontife.


A son arrivée à Bkerké, M. Mikati avait affirmé que « le printemps libanais ne va plus tarder », en allusion à un possible dénouement du blocage politique, qui empêche l’élection d’un nouveau président de la République, et de la crise existentielle dans laquelle le Liban ne fait que s’enfoncer.

Le visite de M. Mikati à Bkerké intervient quelques jours avant son départ pour le Vatican où il doit être reçu par le pape François.

De sources dignes de foi, Ici Beyrouth a appris que le pape adressera via M. Mikati un message fort et pressant à toutes les parties politiques pour qu’un président de la République soit élu dans les plus brefs délais afin que le pays soit mis sur les rails d’un redressement.

Sa Sainteté s’inquiète pour le sort du Liban, et craint un effondrement total qui aurait des répercussions dans la région et en Europe, selon les mêmes sources. Pour lui, il est crucial de préserver la formule libanaise, ou ce que le pape Jean-Paul II avait appelé "le Liban message".

La présence chrétienne devait être également abordée durant l’entretien, mais de mêmes sources, on croit savoir que des sources diplomatiques auraient conseillé à M. Mikati de ne pas aborder la question du pourcentage des chrétiens au Liban (19,4 selon des chiffres lancés durant une interview télévisée du Premier ministre), d’autant que le Vatican possède des dossiers détaillés à ce sujet.
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