©"Entretien fructueux" entre le président Sissi et le Premier ministre Nagib Mikati jeudi au Caire (photo Dalati et Nohra).
La "désiranisation" du Liban plus que jamais au cœur des préoccupations arabes, le Hezbollah s’inquiète de la "volte-face" d’Emmanuel Macron.
En visite jeudi au Caire où il a rencontré le président Abdel Fatah Sissi, le Premier ministre Nagib Mikati se démène sur tous les fronts pour tenter de rendre de la vigueur aux relations marécageuses entre le Liban et les pays du Golfe, dans un climat de crise dû à l’influence prépondérante du Hezbollah et de son parrain iranien sur le pouvoir de décision du pays du Cèdre.
C’est à croire que la déclaration commune entre Paris et Riyad, après la visite samedi à Jeddah du président français Emmanuel Macron et son entretien avec le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane qui a débouché sur un mélange entre déclaration de principes et feuille de route à même de restaurer la souveraineté hypothéquée du Liban, a enfin donné à M. Mikati le bol d’oxygène dont il avait besoin pour pouvoir contrebalancer quelque peu le camp pro-iranien sur la scène locale, notamment au sein des institutions étatiques, et renouer avec la position officielle du Liban, celle de la distanciation vis-à-vis des conflits régionaux.
Bouffée d’oxygène du reste inespérée, tant il est vrai que le Liban se trouve plus que jamais dans une sorte de coma politique, les réunions du Conseil des ministres étant toujours paralysées depuis la mi-octobre en raison de l’insistance du Hezbollah à destituer le juge d’instruction Tarek Bitar en charge de l'enquête dans l’affaire de la double explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020.
M. Macron avait contacté le Premier ministre libanais à l’issue du sommet de Jeddah pour l’informer de l’avancée effectuée dans les pourparlers en vue d’un retour à la normale avec les pays du Golfe, après les déclarations controversées et pro-rebelles houthis de l’ex-ministre de l’Information Georges Cordahi sur la guerre du Yémen ; un ministre contraint de démissionner en parallèle de la médiation menée par Paris auprès de Riyad.
Enrayer la phagocytose
Cette dynamique de retour du Liban dans le giron arabe était jeudi une fois de plus au cœur des entretiens du Premier ministre libanais au Caire, notamment avec le président égyptien Abdel Fattah Sissi, et le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Ghait.
Des sources qui suivent le dossier de près indiquent ainsi à *Ici Beyrouth* que l’accent a été mis au cours de ces réunions sur la nécessité d’un retour à la normale dans les relations du Liban avec les pays du Golfe, la médiation menée par Emmanuel Macron vis-à-vis de l’Arabie saoudite ayant semé un certain climat de réconfort au plan arabe. M. Mikati aurait également insisté sur "la souveraineté et l’indépendance du Liban", l’Egypte saluant pour sa part la teneur du communiqué conjoint Paris-Riyad, en y exprimant son soutien, notamment pour ce qui a trait au rétablissement de la souveraineté libanaise et l’application des résolutions 1 559, 1680 et 1 701 du Conseil de sécurité de l’ONU, sur le retour du monopole de la violence légitime entre les mains de l’autorité exclusive de l’Etat libanais.
Au cœur des entretiens également, la volonté d’empêcher Téhéran de poursuivre son entreprise de phagocytose des institutions libanaises et des secteurs vitaux d’autres capitales arabes, par le biais d’un retour progressif des pays satellisés par Téhéran au sein du giron arabe.
Selon une source proche du Grand Sérail, M. Mikati aurait ainsi réitéré, dans ce cadre, l’attachement du Liban à la politique de distanciation que le Liban se doit d’adopter vis-à-vis de la politique des axes. Il a rappelé dans ce cadre qu’il s’agit là de la "position officielle" du Liban, soulignant l’importance des relations politiques et culturelles entre Beyrouth et Le Caire, qui devraient permettre à l’Egypte de combler le fossé qui s’est creusé entre le pays du Cèdre et son environnement arabe au cours des derniers mois. "Le Liban est un pont entre l’Est et l’Ouest", aurait notamment dit le président du Conseil devant ses interlocuteurs.
L’Egypte aurait souligné dans ce cadre son soutien au Premier ministre irakien Moustapha Kazimi après les dernières législatives irakiennes et son appui au processus visant à mettre fin à l’hégémonie iranienne sur l’Irak et à mettre au pas les milices pro-iraniennes qui y foisonnent, mais aussi aux efforts visant à extirper la Syrie des bras de Téhéran sous le parrainage de Moscou.
"Nous comptons toujours sur ce lieu pour nous réunir", a affirmé M. Mikati en marge de son entretien avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Ghaït.
Blocage ministériel sans issue ?
A l’issue de sa visite au siège de la Ligue arabe, Nagib Mikati a d’ailleurs affirmé qu’il comptait "déployer ses efforts en permanence pour rapprocher les points de vue entre le Liban et les pays arabes pour que ces derniers puissent comprendre la position de Beyrouth". "En tant qu’Arabes, nous avons toujours le regard tourné vers ce lieu pour qu’il concilie nos efforts et nous réconcilie", a-t-il ajouté.
"La visite de M. Mikati au Caire vise à renforce le climat d’ouverture avec les pays du Golfe, dans le cadre de la politique de replâtrage de ce qui avait été brisé, notamment avec l’Arabie saoudite. Le Premier ministre cherche aussi à créer un équilibre au sein de son gouvernement avec le camp pro-Téhéran", affirme ainsi à *Ici Beyrouth* l’analyste politique Sami Nader.
"Dans un climat de paralysie ministérielle qui perdure et qui paraît sans fin, Nagib Mikati tente de raffermir le soutien arabe et sunnite au Liban en profitant de l’initiative du président français à Jeddah", ajoute dans le même sens l’analyste politique Ibrahim Jaouhari à *Ici Beyrouth*, estimant toutefois que "cela n’aboutira pas à grand-chose sans un déblocage régional, compte-tenu de la gravité de la situation". Pour M. Jaouhari, le blocage ministériel pourrait durer ainsi jusqu’en 2022.
Une sombre prédiction que confirmait de son côté jeudi soir le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib, dans un entretien télévisé accordé à la MTV. M. Bou Habib qui a notamment reconnu l’impuissance du gouvernement libanais à dissuader le Hezbollah de s’ingérer dans les affaires des différents pays de la région. « Il nous dit qu’il n’intervient pas », s’est défendu le diplomate.
Le Hezbollah s’inquiète
Des sources bien informées indiquent d’ailleurs qu’outre le président de la République Michel Aoun, "vexé" de n’avoir pas été contacté par M. Macron à l’issue de son entretien à Jeddah avec le prince héritier saoudien - le déplacement de l’ambassadrice de France, Anne Grillo, mercredi, au palais de Baabda, s’inscrirait dans ce cadre -, c’est surtout le Hezbollah qui s’inquiète de l’initiative du communiqué conjoint franco-saoudien.
Pour le parti chiite, l’initiative commune entre Paris et Riyad n’est rien moins qu’un "piège" et "une tentative de placer le Hezbollah devant un choix : se conformer au contenu du communiqué ou la guerre civile". Des sources proches de la banlieue sud relèvent ainsi qu’Emmanuel Macron est "sorti de sa position neutre dans le conflit libanais" adoptée avec son initiative pour le Liban au lendemain de la tragédie du 4 août 2020, et a "pris parti" en "adoptant le point de vue saoudien contre le Hezbollah", en "cautionnant notamment la référence à l’application de la résolution 1559".
Ce à quoi des sources souverainistes libanaises rétorquent en rappelant que c’est le Hezbollah qui avait dénaturé et désubstantialisé l’initiative française, en torpillant notamment, en septembre 2020, le projet d’un gouvernement de technocrates dirigé par l’ambassadeur Moustapha Adib, puis, un an durant, les efforts du député Saad Hariri pour former un cabinet mêlant technocrates et politiques, afin de maintenir le cabinet dirigé par le poulain du parti chiite, Hassane Diab.
Forcing arabe continu pour la « désiranisation » du Liban
Qu’à cela ne tienne, le forcing arabe se poursuit pour "désiraniser" le Liban. Ce processus de "désiranisation" a encore été évoqué jeudi par le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, en tournée dans le Golfe, dans le cadre de son entretien avec l’émir du Qatar, le prince Tamim ben Hamad al-Thani.
Dans une déclaration commune, les deux hommes ont souligné "leur détermination de consolider leur coordination sur toutes les questions politiques et d’œuvrer à la mise en place d’une position commune préservant la sécurité et la stabilité des deux pays". Ils ont également noté "l’importance pour le Liban d’effectuer des réformes globales garantissant un dépassement par le Liban de sa crise, et de faire en sorte qu’il ne soit pas le point de départ de toute action qui pourrait porter atteinte à la stabilité et la sécurité des pays de la région ou le point de passage du trafic de stupéfiants".
La "désiranisation" du Liban était également le souci du ministre yéménite de l’Information, Mouammar al-Ariani, qui a appelé jeudi "le gouvernement libanais à prendre une position ferme contre les ingérences répétées de la milice du Hezbollah dans les affaires yéménites, les bombardements des villes et des villages et le meurtre de civils, et l’exploitation des ressources et des capacités de l’Etat libanais pour aider la milice houthi putschiste aux plans politique, médiatique, financier et militaire".
La position du ministre yéménite faisait suite à l’annonce par Sanaa du décès d’un cadre milicien du Hezbollah, Akram Sayyed, à Maa’reb, au Yémen, où il aurait péri avec un dirigeant houthi, Abou Achraf Assadi. La dépouille du cadre du Hezbollah aurait ensuite été transportée dans le mohafazat de Saada "où sont inhumés plusieurs cadres iranien et libanais dans le secret le plus total", a ajouté le ministre yéménite.
Le gaz et les relations commerciales
Mais la visite de Nagib Mikati au Caire comprenait également un volet économique et commercial important.
Des sources bien informées précisent ainsi à *Ici Beyrouth* que l’entretien avec les responsables égyptiens a également porté sur les multiples détails techniques permettant l’accélération du processus d’importation du gaz en provenance d’Egypte ainsi que le financement de l’entretien du gazoduc qui doit alimenter Beyrouth à partir du territoire égyptien via la Syrie. Une garantie américaine serait encore nécessaire pour débloquer ce processus, et le ministre égyptien de l’Energie s’en chargerait incessamment auprès de Washington.
Le politologue Sami Nader insiste sur l’importance de ce projet d’approvisionnement en gaz: "N’importe quel effort pour accélérer cette solution ne peut qu’être avantageux, notamment sur le plan économique et monétaire, dans la mesure où cela réduit le déficit budgétaire, le déficit dans la balance des paiements, la pollution, et retire le tapis sous les pieds des cartels de fuel et impacte le financement illicite des partis politiques, en allégeant la pression sur la livre libanaise… ".
Selon une source proche du dossier, MM. Mikati et Sissi auraient enfin discuté d’échanges commerciaux potentiels entre les deux pays, le ministre libanais de l’Agriculture devant bientôt se rendre au Caire pour finaliser l’accord, ainsi qu’une coopération entre les institutions étatiques, y compris militaires des deux pays.
Ici Beyrouth
En visite jeudi au Caire où il a rencontré le président Abdel Fatah Sissi, le Premier ministre Nagib Mikati se démène sur tous les fronts pour tenter de rendre de la vigueur aux relations marécageuses entre le Liban et les pays du Golfe, dans un climat de crise dû à l’influence prépondérante du Hezbollah et de son parrain iranien sur le pouvoir de décision du pays du Cèdre.
C’est à croire que la déclaration commune entre Paris et Riyad, après la visite samedi à Jeddah du président français Emmanuel Macron et son entretien avec le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane qui a débouché sur un mélange entre déclaration de principes et feuille de route à même de restaurer la souveraineté hypothéquée du Liban, a enfin donné à M. Mikati le bol d’oxygène dont il avait besoin pour pouvoir contrebalancer quelque peu le camp pro-iranien sur la scène locale, notamment au sein des institutions étatiques, et renouer avec la position officielle du Liban, celle de la distanciation vis-à-vis des conflits régionaux.
Bouffée d’oxygène du reste inespérée, tant il est vrai que le Liban se trouve plus que jamais dans une sorte de coma politique, les réunions du Conseil des ministres étant toujours paralysées depuis la mi-octobre en raison de l’insistance du Hezbollah à destituer le juge d’instruction Tarek Bitar en charge de l'enquête dans l’affaire de la double explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020.
M. Macron avait contacté le Premier ministre libanais à l’issue du sommet de Jeddah pour l’informer de l’avancée effectuée dans les pourparlers en vue d’un retour à la normale avec les pays du Golfe, après les déclarations controversées et pro-rebelles houthis de l’ex-ministre de l’Information Georges Cordahi sur la guerre du Yémen ; un ministre contraint de démissionner en parallèle de la médiation menée par Paris auprès de Riyad.
Enrayer la phagocytose
Cette dynamique de retour du Liban dans le giron arabe était jeudi une fois de plus au cœur des entretiens du Premier ministre libanais au Caire, notamment avec le président égyptien Abdel Fattah Sissi, et le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Ghait.
Des sources qui suivent le dossier de près indiquent ainsi à *Ici Beyrouth* que l’accent a été mis au cours de ces réunions sur la nécessité d’un retour à la normale dans les relations du Liban avec les pays du Golfe, la médiation menée par Emmanuel Macron vis-à-vis de l’Arabie saoudite ayant semé un certain climat de réconfort au plan arabe. M. Mikati aurait également insisté sur "la souveraineté et l’indépendance du Liban", l’Egypte saluant pour sa part la teneur du communiqué conjoint Paris-Riyad, en y exprimant son soutien, notamment pour ce qui a trait au rétablissement de la souveraineté libanaise et l’application des résolutions 1 559, 1680 et 1 701 du Conseil de sécurité de l’ONU, sur le retour du monopole de la violence légitime entre les mains de l’autorité exclusive de l’Etat libanais.
Au cœur des entretiens également, la volonté d’empêcher Téhéran de poursuivre son entreprise de phagocytose des institutions libanaises et des secteurs vitaux d’autres capitales arabes, par le biais d’un retour progressif des pays satellisés par Téhéran au sein du giron arabe.
Selon une source proche du Grand Sérail, M. Mikati aurait ainsi réitéré, dans ce cadre, l’attachement du Liban à la politique de distanciation que le Liban se doit d’adopter vis-à-vis de la politique des axes. Il a rappelé dans ce cadre qu’il s’agit là de la "position officielle" du Liban, soulignant l’importance des relations politiques et culturelles entre Beyrouth et Le Caire, qui devraient permettre à l’Egypte de combler le fossé qui s’est creusé entre le pays du Cèdre et son environnement arabe au cours des derniers mois. "Le Liban est un pont entre l’Est et l’Ouest", aurait notamment dit le président du Conseil devant ses interlocuteurs.
L’Egypte aurait souligné dans ce cadre son soutien au Premier ministre irakien Moustapha Kazimi après les dernières législatives irakiennes et son appui au processus visant à mettre fin à l’hégémonie iranienne sur l’Irak et à mettre au pas les milices pro-iraniennes qui y foisonnent, mais aussi aux efforts visant à extirper la Syrie des bras de Téhéran sous le parrainage de Moscou.
"Nous comptons toujours sur ce lieu pour nous réunir", a affirmé M. Mikati en marge de son entretien avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmad Aboul Ghaït.
Blocage ministériel sans issue ?
A l’issue de sa visite au siège de la Ligue arabe, Nagib Mikati a d’ailleurs affirmé qu’il comptait "déployer ses efforts en permanence pour rapprocher les points de vue entre le Liban et les pays arabes pour que ces derniers puissent comprendre la position de Beyrouth". "En tant qu’Arabes, nous avons toujours le regard tourné vers ce lieu pour qu’il concilie nos efforts et nous réconcilie", a-t-il ajouté.
"La visite de M. Mikati au Caire vise à renforce le climat d’ouverture avec les pays du Golfe, dans le cadre de la politique de replâtrage de ce qui avait été brisé, notamment avec l’Arabie saoudite. Le Premier ministre cherche aussi à créer un équilibre au sein de son gouvernement avec le camp pro-Téhéran", affirme ainsi à *Ici Beyrouth* l’analyste politique Sami Nader.
"Dans un climat de paralysie ministérielle qui perdure et qui paraît sans fin, Nagib Mikati tente de raffermir le soutien arabe et sunnite au Liban en profitant de l’initiative du président français à Jeddah", ajoute dans le même sens l’analyste politique Ibrahim Jaouhari à *Ici Beyrouth*, estimant toutefois que "cela n’aboutira pas à grand-chose sans un déblocage régional, compte-tenu de la gravité de la situation". Pour M. Jaouhari, le blocage ministériel pourrait durer ainsi jusqu’en 2022.
Une sombre prédiction que confirmait de son côté jeudi soir le chef de la diplomatie libanaise, Abdallah Bou Habib, dans un entretien télévisé accordé à la MTV. M. Bou Habib qui a notamment reconnu l’impuissance du gouvernement libanais à dissuader le Hezbollah de s’ingérer dans les affaires des différents pays de la région. « Il nous dit qu’il n’intervient pas », s’est défendu le diplomate.
Le Hezbollah s’inquiète
Des sources bien informées indiquent d’ailleurs qu’outre le président de la République Michel Aoun, "vexé" de n’avoir pas été contacté par M. Macron à l’issue de son entretien à Jeddah avec le prince héritier saoudien - le déplacement de l’ambassadrice de France, Anne Grillo, mercredi, au palais de Baabda, s’inscrirait dans ce cadre -, c’est surtout le Hezbollah qui s’inquiète de l’initiative du communiqué conjoint franco-saoudien.
Pour le parti chiite, l’initiative commune entre Paris et Riyad n’est rien moins qu’un "piège" et "une tentative de placer le Hezbollah devant un choix : se conformer au contenu du communiqué ou la guerre civile". Des sources proches de la banlieue sud relèvent ainsi qu’Emmanuel Macron est "sorti de sa position neutre dans le conflit libanais" adoptée avec son initiative pour le Liban au lendemain de la tragédie du 4 août 2020, et a "pris parti" en "adoptant le point de vue saoudien contre le Hezbollah", en "cautionnant notamment la référence à l’application de la résolution 1559".
Ce à quoi des sources souverainistes libanaises rétorquent en rappelant que c’est le Hezbollah qui avait dénaturé et désubstantialisé l’initiative française, en torpillant notamment, en septembre 2020, le projet d’un gouvernement de technocrates dirigé par l’ambassadeur Moustapha Adib, puis, un an durant, les efforts du député Saad Hariri pour former un cabinet mêlant technocrates et politiques, afin de maintenir le cabinet dirigé par le poulain du parti chiite, Hassane Diab.
Forcing arabe continu pour la « désiranisation » du Liban
Qu’à cela ne tienne, le forcing arabe se poursuit pour "désiraniser" le Liban. Ce processus de "désiranisation" a encore été évoqué jeudi par le prince héritier saoudien, Mohammad ben Salmane, en tournée dans le Golfe, dans le cadre de son entretien avec l’émir du Qatar, le prince Tamim ben Hamad al-Thani.
Dans une déclaration commune, les deux hommes ont souligné "leur détermination de consolider leur coordination sur toutes les questions politiques et d’œuvrer à la mise en place d’une position commune préservant la sécurité et la stabilité des deux pays". Ils ont également noté "l’importance pour le Liban d’effectuer des réformes globales garantissant un dépassement par le Liban de sa crise, et de faire en sorte qu’il ne soit pas le point de départ de toute action qui pourrait porter atteinte à la stabilité et la sécurité des pays de la région ou le point de passage du trafic de stupéfiants".
La "désiranisation" du Liban était également le souci du ministre yéménite de l’Information, Mouammar al-Ariani, qui a appelé jeudi "le gouvernement libanais à prendre une position ferme contre les ingérences répétées de la milice du Hezbollah dans les affaires yéménites, les bombardements des villes et des villages et le meurtre de civils, et l’exploitation des ressources et des capacités de l’Etat libanais pour aider la milice houthi putschiste aux plans politique, médiatique, financier et militaire".
La position du ministre yéménite faisait suite à l’annonce par Sanaa du décès d’un cadre milicien du Hezbollah, Akram Sayyed, à Maa’reb, au Yémen, où il aurait péri avec un dirigeant houthi, Abou Achraf Assadi. La dépouille du cadre du Hezbollah aurait ensuite été transportée dans le mohafazat de Saada "où sont inhumés plusieurs cadres iranien et libanais dans le secret le plus total", a ajouté le ministre yéménite.
Le gaz et les relations commerciales
Mais la visite de Nagib Mikati au Caire comprenait également un volet économique et commercial important.
Des sources bien informées précisent ainsi à *Ici Beyrouth* que l’entretien avec les responsables égyptiens a également porté sur les multiples détails techniques permettant l’accélération du processus d’importation du gaz en provenance d’Egypte ainsi que le financement de l’entretien du gazoduc qui doit alimenter Beyrouth à partir du territoire égyptien via la Syrie. Une garantie américaine serait encore nécessaire pour débloquer ce processus, et le ministre égyptien de l’Energie s’en chargerait incessamment auprès de Washington.
Le politologue Sami Nader insiste sur l’importance de ce projet d’approvisionnement en gaz: "N’importe quel effort pour accélérer cette solution ne peut qu’être avantageux, notamment sur le plan économique et monétaire, dans la mesure où cela réduit le déficit budgétaire, le déficit dans la balance des paiements, la pollution, et retire le tapis sous les pieds des cartels de fuel et impacte le financement illicite des partis politiques, en allégeant la pression sur la livre libanaise… ".
Selon une source proche du dossier, MM. Mikati et Sissi auraient enfin discuté d’échanges commerciaux potentiels entre les deux pays, le ministre libanais de l’Agriculture devant bientôt se rendre au Caire pour finaliser l’accord, ainsi qu’une coopération entre les institutions étatiques, y compris militaires des deux pays.
Ici Beyrouth
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