«On bloque tout». En France comme au Liban: même recette, même poison
©Ici Beyrouth

À Paris, c’est la grande kermesse du chaos. On appelle ça «journée d’action», comme si le pays avait besoin d’une cure de désordre obligatoire. En réalité, c’est La France insoumise qui mène la barque, rameutant ses satellites d’extrême gauche et laissant les Black Blocs, tapis dans l’ombre, faire le sale boulot. Incapable de prendre le pouvoir par les urnes, LFI essaie désormais de l’obtenir par la rue. On bloque, on casse et on appelle ça démocratie participative. Traduction: on fout le souk (pour rester poli) et on attend la reddition.

À Beyrouth, la mise en scène est plus folklorique mais tout aussi efficace. Ici, pas de Black Blocs en capuche noire: leur équivalent, ce sont les centaines de mobylettes du Hezbollah, qui défilent dans les rues dès qu’on ose prononcer le mot «désarmement» de la milice pro-iranienne. Un grondement de moteurs, une nuée de drapeaux jaunes, et le message est clair: «On est partout, on voit tout, et on ne rendra rien.» Les uns cassent des vitrines, les autres exhibent des roquettes. Deux styles, un même objectif: terroriser la majorité silencieuse.

Et les gouvernements? Là encore, miroir parfait. En France, Sébastien Lecornu, nommé Premier ministre il y a deux jours seulement, marche déjà sur des œufs: 80.000 policiers et gendarmes sont déployés, mais chacun sait qu’au moindre tir malheureux, à la moindre «bavure», tout peut basculer. Les agences de notation internationales, elles, observent et menacent la France. La note souveraine du pays pourrait être dégradée, signe d’une confiance qui s’érode. Et résultat d’une dette qui a augmenté de 1.000 milliards d’euros. Au Liban, on connaît bien ce scénario: notre note a été abaissée si bas qu’on a touché le «Z». À supposer qu’il existe. Là-bas comme ici, l’État vit sous la contrainte, funambule permanent entre le chaos et l’effondrement.

Bref, qu’on bloque un train à Lyon ou qu’on bloque un Conseil des ministres à Beyrouth, c’est toujours la même méthode: fabriquer le désordre pour imposer son ordre. C’est aussi, en l’occurrence, le sens d’un énième discours du secrétaire général du Hezbollah, ce mercredi. En une phrase: circulez, y a rien à voir et oubliez cette histoire de désarmement. En France comme au Liban, la loi du plus violent est pour l’instant la meilleure. Avec, en prime, ce refrain aussi usé qu’un slogan syndical: «C’est pour le peuple.» Bien sûr.

Churchill disait: «Quand vous traversez l’enfer, continuez d’avancer.»

L’espoir est au bout du passage infernal.

 

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