Le Liban à la croisée des vents d’est et du nord
©Ici Beyrouth

Quatre événements confirment que le Liban sert de terrain de manœuvre à des personnes loyales à l’ancien régime syrien. Selon des sources informées, ces acteurs ont mené et continuent de préparer, depuis le Liban, des mouvements à l’intérieur de la Syrie, notamment dans les régions côtières et à Homs, où la communauté alaouite est fortement implantée. Ces initiatives seraient, d’une manière ou d’une autre, soutenus par le Hezbollah, selon les mêmes sources.

Le premier est la révélation faite par la chaîne américaine CNN, images et enregistrements à l’appui, attestant de la présence à Beyrouth du responsable syrien Bassam Hassan. Ce dernier est impliqué dans la disparition du journaliste américain Austin Tice.

Le deuxième événement documenté est la mort de Ghassan Naassan Al-Soukhni dans la région de Kfar Yassine, au Mont-Liban. Il dirigeait un groupe armé ayant combattu aux côtés des forces de l’ancien régime syrien et était lié à Maher el-Assad.

Le troisième fait concerne l’arrestation de douze anciens officiers syriens qui tentaient de franchir clandestinement la frontière nord du Liban vers la Syrie, bien qu’ils soient en possession de leurs cartes d’identité syriennes. Ces officiers avaient auparavant comparu devant les commissions de sécurité du nouveau régime syrien pour régulariser leur situation. Les services de sécurité syriens les ont accusés de chercher à entrer dans la région de Tell Kalakh afin d’y organiser des attaques contre les forces de sécurité syriennes.

Le quatrième événement concerne un camp installé par le Hezbollah dans la Békaa-Nord, destiné à des déplacés libanais et syriens ayant vécu en Syrie et l’ayant quittée après la chute du régime. Il n’est pas établi si les autorités libanaises compétentes connaissent l’identité des personnes présentes dans ce camp, ni la nature exacte de leurs activités, qu’elles soient politiques ou militaires.

Au regard de ces faits, il est difficile pour les autorités libanaises de nier la présence sur leur territoire de responsables politiques et militaires affiliés à l’ancien régime syrien. Il est également impossible d’ignorer le fait que ces personnes y exercent diverses activités, au moins politiques et financières, et potentiellement militaires.

Cette situation fait peser sur les autorités libanaises des responsabilités considérables pour éviter que le Liban ne se transforme en arrière‑terrain pour les opposants au nouveau régime syrien. Ces derniers seraient susceptibles de lancer des opérations de déstabilisation de ce régime, depuis le territoire libanais. De telles actions pourraient provoquer des réactions de la part des autorités syriennes ou de groupes armés qui leur sont affiliés, entraînant une escalade des tensions aux frontières est et nord, plongeant les relations libano‑syriennes dans un nouveau cycle de conflits dont tous les Libanais paieraient le prix.

Ce dossier ne peut être ignoré ni laissé en suspens par les autorités libanaises, par crainte d’un nouvel affrontement avec le Hezbollah. Les Libanais ont déjà payé un lourd tribut sur la frontière sud. Pourraient-ils supporter de nouveaux drames venant de l’est ou du nord, au seul profit de l’Iran ou d’autres acteurs?

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