Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, au Premier ministre et au Président du Parlement, l’Ordre des chirurgiens-dentistes du Liban affirme son rejet du projet de la Gap Law qui «ignore la spécificité des caisses de retraite des professions libérales.
L’Ordre des Chirurgiens-Dentistes du Liban a publié une lettre ouverte adressée à Son Excellence le Président de la République, le général Joseph Aoun, à Son Excellence le Président de la Chambre des députés, Nabih Berry, et à Son Excellence le Président du Conseil des ministres, le juge Nawaf Salam, ainsi qu’aux confrères chirurgiens-dentistes et à l’opinion publique. Il y annonce son rejet de ce qui figure dans le projet de loi dit du «déficit financier», en raison de l’ignorance de la spécificité des caisses des professions libérales en général, et en particulier de la caisse de retraite et de solidarité propre à l’Ordre des chirurgiens dentistes du Liban.
Dans sa lettre, l’Ordre affirme que le chirurgien-dentiste libanais, qui a affronté au cours des dernières années les crises économiques et sociales les plus difficiles, mérite aujourd’hui la protection de ses droits sociaux et le respect de ses économies. Il souligne que les fonds des caisses de retraite ordinales constituent une Sécurité sociale, puisqu’il s’agit de cotisations privées destinées à garantir la vieillesse, et non de dépôts d’investissement ni de fonds destinés à la spéculation. Il met en garde contre le fait que soumettre ces fonds à toute ponction ou à un report à long terme porterait atteinte à la Sécurité sociale du corps médical et causerait de graves préjudices à l’ensemble des médecins affiliés à l’Ordre.
L’Ordre appelle à l’adoption de critères équitables dans la répartition des pertes, en distinguant, d’une part, les dépôts de retraite et de solidarité et, d’autre part, les comptes de capitaux et personnels qui ont bénéficié de taux d’intérêt élevés et des ingénieries financières. Il considère que mettre sur un pied d’égalité les fonds des médecins avec ces comptes constitue une injustice manifeste et manque des principes les plus élémentaires de l’équité.
Il attire également l’attention sur le danger que représente la régularisation de la situation des banques au détriment des actifs nationaux et des secteurs productifs, estimant que la liquidation des dépôts ou la mise à zéro des comptes entraîne la perte du pouvoir d’achat des économies et transforme le chirurgien-dentiste d’un professionnel indépendant en demandeur d’assistance.
L’Ordre insiste sur la nécessité de la reddition des comptes et de la détermination des responsabilités, rejetant toute répartition des pertes sans un audit sérieux identifiant les parties responsables et faisant porter les charges sur ceux qui ont réalisé des profits, avant toute atteinte aux fonds de retraite.
Dans ce contexte, l’Ordre des Chirurgiens-Dentistes du Liban annonce sa disposition à un travail ordinal commun et à une coordination avec les différents ordres et syndicats des professions libérales, afin de prendre les mesures juridiques et de terrain nécessaires pour protéger les droits acquis et empêcher que le chirurgien-dentiste ne devienne le maillon le plus faible de tout plan de redressement financier.
L’Ordre conclut en affirmant que l’omission de la protection des caisses ordinales constitue une violation légale et constitutionnelle portant atteinte au droit de propriété privée et contredisant le rôle social de ces caisses. Il avertit que toute atteinte aux fonds de retraite exposera la loi à des recours et poussera ce qui reste des compétences médicales à une émigration forcée. En conclusion, il précise qu’il ne réclame pas des privilèges, mais la justice, soulignant que le médecin qui a persévéré dans l’accomplissement de son devoir humanitaire ne renoncera pas à son droit de vivre dans la dignité.



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