Tanker Skipper saisi : coup de force américain au large du Venezuela
Le président américain Donald Trump s'exprime lors d'une table ronde avec des chefs d'entreprise de premier plan dans la salle Roosevelt de la Maison Blanche, le 10 décembre 2025 à Washington, DC. Au cours de cette table ronde, Trump a répondu à des questions sur la dernière décision de la Réserve fédérale américaine de baisser les taux d'intérêt et sur les informations selon lesquelles les États-Unis auraient saisi un pétrolier au large des côtes vénézuéliennes, entre autres sujets. Traduit avec DeepL.com (version gratuite) ©Ici Beyrouth

En héliportant des commandos sur le pont du Skipper, un pétrolier soupçonné de transporter du brut iranien et vénézuélien sous sanctions, les États-Unis ont frappé un grand coup au large des côtes du Venezuela. Un geste spectaculaire qui s’inscrit dans un bras de fer plus large entre Washington, Caracas… et l’ombre portée de l’Iran et du Hezbollah.

Le Skipper, un pétrolier de 333 mètres et âgé de vingt ans, a été arraisonné mercredi au terme d’une opération d’envergure lancée depuis le porte-avions USS Gerald R. Ford, déployé depuis plusieurs semaines dans les Caraïbes. Selon plusieurs sources militaires américaines, deux hélicoptères, des forces spéciales, dix membres de la Coast Guard et dix Marines ont participé à l’assaut, mené en pleine mer quelques heures après le départ du navire d’un port vénézuélien.

Un extrait vidéo diffusé par l’Attorney General Pam Bondi montre des commandos descendant en rappel sur le pont du tanker.

  

Washington affirme avoir exécuté un mandat de saisie visant un navire utilisé pour « transporter du pétrole sanctionné en provenance d’Iran et du Venezuela ». L’exercice, rare dans les opérations de lutte contre les réseaux pétroliers clandestins, souligne la montée en puissance américaine dans la région.

Le Skipper — auparavant nommé Adisa — n’en est pas à sa première confrontation avec les autorités américaines. Placé sous sanctions en 2022, il est accusé d’avoir convoyé près de 13 millions de barils de pétrole iranien et vénézuélien depuis son entrée dans la « dark fleet », ces navires qui brouillent délibérément leurs signaux pour masquer leurs mouvements. Une analyse du New York Times a d’ailleurs montré que son transpondeur diffusait une fausse position depuis des semaines, prétendant se trouver au large du Guyana alors qu’il chargeait discrètement du brut au terminal pétrolier José, au Venezuela.

Washington et Caracas : une confrontation qui dépasse le pétrole

Cette saisie intervient dans un climat explosif entre Washington et le président vénézuélien Nicolás Maduro. Ces derniers mois, les États-Unis ont massivement renforcé leur présence militaire dans les Caraïbes. Onze bâtiments de guerre, dont le Gerald Ford, sont positionnés à proximité des côtes vénézuéliennes. Officiellement, il s’agit de lutter contre les narcotrafiquants. Officieusement, nombre d’observateurs y voient une pression accrue pour affaiblir — voire renverser — le régime Maduro.

Le président Donald Trump souffle le chaud et le froid : déclarations martiales d’un côté, refus de préciser s’il envisage une intervention terrestre de l’autre. Les experts estiment que cette démonstration de force relève autant de la psychologie stratégique que de la préparation opérationnelle. Saisir un pétrolier sous sanctions, visible et spectaculaire, permet à la Maison-Blanche de montrer sa détermination sans franchir le seuil d’une opération militaire directe contre l’État vénézuélien.

Caracas, de son côté, dénonce « un acte de piraterie internationale ». Pour Maduro, cette saisie est un élément de plus dans une campagne américaine visant à étrangler l’économie vénézuélienne — déjà asphyxiée par des années de crise, d’hyperinflation et de sanctions.

L’axe Iran–Venezuela–Hezbollah au cœur des préoccupations américaines

Si le Venezuela est dans le viseur, c’est aussi en raison de son insertion croissante dans l’économie parallèle liée à l’Iran. Pour Washington, Caracas est devenu « l’avant-poste iranien dans l’hémisphère occidental », une base logistique et financière à seulement 2.200 kilomètres de Miami.

Depuis plusieurs années, l’Iran aide le Venezuela à contourner les sanctions via des échanges pétrole-contre-or, des transferts de technologies militaires et même un pont aérien discret acheminant matériel et pièces détachées. Dans cette économie clandestine, le Hezbollah — allié stratégique de Téhéran — joue un rôle clé, non pas militaire mais financier : blanchiment d’argent, soutien logistique, gestion de réseaux opaques entre Moyen-Orient, Afrique et Amérique latine.

Le Skipper est précisément lié à ce circuit. Selon le Trésor américain, il a participé à des trafics finançant la Force al-Qods des Gardiens de la révolution et le Hezbollah libanais. Pour Washington, chaque cargaison transportée par ces navires contribue à alimenter des organisations qualifiées de terroristes.

Un geste qui pourrait précipiter l’escalade

La saisie du Skipper n’est pas un simple épisode maritime. Elle s’inscrit dans cette « guerre silencieuse » où sanctions, opérations spéciales et surveillance aérienne remplacent les grandes manœuvres militaires. Mais la frontière est fragile : un incident en mer entre navires américains et forces vénézuéliennes pourrait faire basculer la crise.

Pour l’heure, Washington privilégie l’étranglement économique et la pression psychologique. Mais à Caracas comme à Téhéran, l’opération du Skipper est déjà perçue comme une provocation majeure. Dans les Caraïbes, au carrefour du pétrole, du narcotrafic et des jeux d’influence géopolitiques, la prochaine étincelle pourrait suffire à déclencher une crise à l’ampleur encore imprévisible.

.

 
Commentaires
  • Aucun commentaire