Gaza: les médiateurs qatari et égyptien appellent à passer à la suite du plan de paix
Cette photo, prise depuis le camp de Nuseirat pour Palestiniens déplacés, montre des bâtiments détruits et de la fumée s’élevant au loin après des frappes israéliennes à l’est de Gaza, le 2 décembre 2025. ©Eyad Baba / AFP

Le Qatar et l'Égypte, parmi les médiateurs et garants du cessez-le-feu à Gaza, ont appelé samedi au retrait des troupes israéliennes du territoire palestinien et au déploiement rapide d'une force internationale de stabilisation pour consolider la fragile trêve.

Ces mesures sont prévues dans la deuxième phase du plan du président Donald Trump pour mettre fin à la guerre, déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

La première phase du plan prévoyait, avec l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, la restitution des otages vivants et morts retenus à Gaza, en échange de centaines de prisonniers palestiniens détenus en Israël. Il ne reste depuis mercredi plus qu'un seul corps d'otage à Gaza.

Elle prévoyait aussi un retrait partiel des forces israéliennes de Gaza, qui ont conservé le contrôle d'environ 50% du territoire.

«Nous sommes à un moment critique (...) Nous ne pouvons pas encore considérer qu'il y a un cessez-le-feu, un cessez-le-feu ne peut être complet qu'avec le retrait total des forces israéliennes, (et) un retour de la stabilité à Gaza», a affirmé le Premier ministre qatari Cheikh Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, lors d'une conférence à Doha samedi.

«En ce moment, nous (...) le Qatar, la Turquie, l'Égypte, avec les États-Unis, nous nous réunissons pour faire avancer la prochaine phase», a-t-il relevé. «Et cette prochaine phase est également temporaire de notre point de vue» dans l'attente d'une «solution durable».

Le ministre égyptien des Affaires étrangères Badr Abdelatty et son homologue qatari ont «souligné l'importance de poursuivre les efforts visant à mettre en œuvre» l'accord de paix (...) dans toutes ses étapes», a également indiqué le ministère égyptien, après une rencontre entre les deux hommes en marge de la conférence.

Priorité à la force internationale

La deuxième étape du plan, qui n'a pas encore été approuvée, prévoit aussi le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation.

Des discussions sur la structure de cette force et les pays qui pourraient y participer sont en cours, a affirmé le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, également présent à Doha. Israël s'oppose à la présence en son sein de forces turques, jugeant la Turquie trop proche du Hamas.

Le premier objectif de cette force doit être «de séparer les Palestiniens des Israéliens», a souligné M. Fidan. «Cela doit être notre objectif principal. Ensuite, nous pourrons aborder les autres questions en suspens».

Les chefs de la diplomatie égyptienne et qatarie ont appelé à «la formation rapide» de cette force de sécurité, pour «lui permettre de remplir son mandat», a indiqué le ministère égyptien.

«Nous avons besoin de déployer cette force le plus tôt possible sur le terrain, car une partie, qui est Israël, viole le cessez-le-feu tous les jours», a estimé M. Abdelatty.

Les pays arabes et musulmans hésitent toutefois à participer à cette nouvelle force, qui pourrait mener à combattre des Palestiniens.

La trêve reste très fragile dans le territoire palestinien dévasté. Israël a bombardé à plusieurs reprises la bande de Gaza, tuant plusieurs centaines de personnes selon la défense civile locale (organisme de secours opérant sous l'autorité du Hamas), en représailles selon lui à des violations du cessez-le-feu commises par le mouvement islamiste palestinien.

Le ministre turc des Affaires étrangères a jugé samedi que «le désarmement» du Hamas «ne peut pas être la première chose à faire dans le processus». «Nous devons procéder dans le bon ordre, nous devons être réalistes», a-t-il déclaré.

Pas de «déplacement» des Gazaouis

Le ministre égyptien a par ailleurs réaffirmé que le poste-frontière de Rafah entre Gaza et l'Égypte, dont la réouverture est prévue par l'accord de trêve, ne servirait pas «au déplacement» de la population palestinienne mais «uniquement à acheminer l'aide humanitaire et médicale».

L'Égypte, le Qatar et six autres pays à majorité musulmane ont exprimé vendredi leur «profonde inquiétude» après l'annonce par Israël qu'il allait ouvrir ce passage mais exclusivement pour sortir du territoire palestinien.

Le Caire avait rapidement démenti avoir accepté une telle mesure, insistant pour que ce passage stratégique soit ouvert dans les deux sens.

L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de chiffres officiels.

L'offensive israélienne menée en représailles a fait 70.354 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien, jugés fiables par l'ONU.

AFP

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