Zelensky se concerte avec ses alliés européens sur le plan américain
Cette photographie diffusée par le service de presse de la présidence ukrainienne le 21 novembre 2025 montre le président ukrainien Volodymyr Zelensky écoutant une conversation téléphonique avec le président français, le Premier ministre britannique et le chancelier allemand, assis dans son bureau à Kyiv. ©HANDOUT/UKRAINIAN PRESIDENTIAL PRESS SERVICE/AFP

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est concerté d'urgence vendredi avec les dirigeants français, allemand et britannique à propos du plan américain visant à mettre fin à l'invasion russe lancée il y a bientôt quatre ans, mais perçu à Kiev comme très favorable aux exigences du Kremlin.

«Nous travaillons sur le document préparé par la partie américaine», a déclaré M. Zelensky sur X à l'issue d'un entretien téléphonique avec Emmanuel Macron, Keir Starmer et Friedrich Merz. «Ce plan doit assurer une paix réelle et digne» pour l'Ukraine, a-t-il cependant ajouté.

Des médias dont l'AFP ont publié ces propositions de 28 points soutenues par le président américain Donald Trump et qui demandent que Kiev cède des territoires occupés à la Russie, renonce à intégrer l'Otan, réduise ses forces armées et organise des élections dans la foulée.

Les dirigeants européens ont exprimé leur soutien à Kiev après leur entretien avec M. Zelensky. Paris, Berlin, Londres affirment que toute décision sur l'Ukraine nécessite le «consensus» des Européens et de l'Otan, a indiqué l'Élysée.

Selon la chancellerie allemande, les trois dirigeants ont acté leur volonté de «préserver à long terme les intérêts vitaux européens et ukrainiens».

Les Européens souhaitent que «les forces armées ukrainiennes soient capables de défendre efficacement la souveraineté de l'Ukraine», a précisé la chancellerie dans un communiqué.

Concessions pour l'Ukraine

Un responsable américain a déclaré jeudi que le plan proposé pour l'Ukraine comprenait des garanties de sécurité de la part de Washington et de ses alliés européens équivalentes à celles de l'Otan en cas de future attaque, confirmant des informations de presse.

Selon ce plan, vu par l'AFP, Kiev devrait s'engager à ne jamais rejoindre l'Otan et n'obtiendrait pas de déploiement de forces occidentales sur son sol, même si le plan prévoit des avions de combat européens en Pologne pour protéger le pays.

Le plan en 28 points des États-Unis reprend plusieurs demandes formulées par le Kremlin de longue date et rejetées par Kiev auparavant.

Il prévoit que Kiev cède l'est du pays à Moscou et accepte l'occupation d'une partie du sud de l'Ukraine.

Les deux régions du bassin minier et industriel du Donbass, Donetsk et Lougansk (est), ainsi que la Crimée annexée en 2014, seraient «reconnues de facto comme russes, y compris par les États-Unis», et Moscou recevrait d'autres territoires ukrainiens qui sont encore aujourd'hui sous le contrôle de Kiev.

La Russie verrait également son isolation de l'Occident prendre fin avec sa réintégration au G8 et la levée progressive des sanctions, ainsi que son souhait d'éloigner à jamais Kiev de l'Alliance atlantique entériné dans la Constitution ukrainienne.

Kiev, qui demandait des garanties de sécurité via notamment la présence de troupes européennes, devrait limiter son armée à 600 000 militaires et se contenter d'une protection par des avions de combats européens basés en Pologne, tandis que l'Otan s'engagerait à ne pas stationner de troupes en Ukraine.

Kiev devrait organiser des élections sous 100 jours, un point qui fait ici encore écho aux revendications de Moscou qui insiste sur la destitution du président Zelensky.

«Capitulation»

La Russie a envahi à deux reprises l'Ukraine, une fois en 2014 pour annexer la Crimée puis en février 2022, déclenchant la guerre en cours, pire conflit armé en Europe depuis la Deuxième guerre mondiale.

Moscou a aussi orchestré un conflit armé en soutenant des séparatistes prorusses dans la partie orientale de l'Ukraine à partir de 2014.

La Russie, dont les troupes continuent de revendiquer chaque semaine la prise de nouveaux villages le long de la ligne du front, a pressé le président ukrainien de négocier «maintenant» plutôt que de risquer de perdre davantage de territoire.

«L'espace pour prendre des décisions pour lui se réduit à mesure qu'il perd des territoires», a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov lors de son briefing quotidien auquel participait l'AFP.

M. Zelensky a par ailleurs indiqué jeudi espérer pouvoir discuter «dans les prochains jours» avec Donald Trump, avec lequel il entretient des relations houleuses.

Volodymyr Zelensky «s'attend à des négociations très difficiles» la semaine prochaine avec les Américains, a déclaré vendredi à l'AFP Nikita Potouraïev, une députée du parti présidentiel, qui a participé la veille à une rencontre des parlementaires avec le chef de l'État.

À Kiev, le mot «capitulation" était vendredi dans toutes les bouches.

«J'espère vraiment que la partie ukrainienne refusera de mettre en œuvre un tel accord», a déclaré à l'AFP Danylo Domsky, un étudiant de 18 ans.

AFP

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