L’attente monte à l’approche de la visite du pape Léon XIV au Liban, prévue pour la fin du mois. Sa portée symbolique dépasse largement ce que l’on peut imaginer, surtout dans le contexte actuel.
En choisissant le Liban comme première destination depuis son élection à la tête de l’Église catholique, le pape adresse un message fort, dont la portée dépasse le simple geste protocolaire.
Chaque décision du pape au sein de l’Église catholique est soigneusement pensée et préparée.
Sans intervenir dans les affaires courantes ni les crises passagères, le Vatican exerce souvent une influence discrète mais réelle sur les grands tournants politiques. L’exemple le plus frappant reste celui du pape Jean-Paul II, qui a joué un rôle décisif dans la chute du communisme, le plus grand régime athée de l’histoire.
Les partisans des théories du complot voient dans la mort du pape Jean-Paul Ier, survenue un mois après son élection, un assassinat destiné à ouvrir la voie à un autre pape, révélant l’influence de l’«État profond» au Vatican et les jeux de pouvoir des grandes puissances. Au-delà de ces spéculations, un fait demeure: originaire de Pologne, l’un des pays les plus marqués par la domination soviétique, Jean-Paul II a joué un rôle déterminant dans la confrontation avec le bloc soviétique, en coordination avec la communauté internationale, jusqu’à la chute du mur de Berlin.
Si Jean-Paul II a incarné ce rôle, Benoît XVI en a assumé un autre, similaire mais différent: il a surtout renforcé le lien de l’Église avec la foi, avant que le pape François ne concentre son pontificat sur le rapprochement de l’Église avec l’homme. Il n’est pas surprenant qu’un pape argentin ait été choisi pour redonner un souffle de jeunesse à l’Église. L’Amérique latine reste le plus grand réservoir de catholiques au monde, mais elle compte aussi de nombreux pays pauvres qui avaient besoin d’un pape humble et engagé pour les représenter. L’arrivée du pape François a coïncidé avec un moment où le monde attendait un message d’humanité et de solidarité. Il a ouvert les portes aux réfugiés et dénoncé leur exclusion, au cœur de la plus grande crise migratoire de l’histoire, liée à la guerre en Syrie.
Aujourd’hui, avec l’arrivée du pape Léon XIV, il semble que la scène mondiale prépare le terrain pour un pape américain chargé de poursuivre la politique de paix de l’administration Trump, notamment au Moyen-Orient, en apaisant les conflits et les crises dans les zones en feu.
Le choix du Liban comme première étape de cette visite, plutôt que la Palestine, Israël, la Syrie, l’Irak, témoigne de l’importance et de la centralité du pays dans la région. Il souligne aussi le rôle vital de la communauté chrétienne au Liban, un facteur clé pour garantir diversité et paix.
Pour toutes ces raisons, la visite du pape Léon XIV s’inscrit dans le contexte des grands bouleversements politiques, tant régionaux que mondiaux. L’histoire jugera ce geste à l’aune de ses objectifs et de sa manière d’être accompli.



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